Comment les collégiens occupent leur temps libre ?

Publié le 8 février 2023 à 9h15 - par

Le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse scrute les six manières dont les collégiens occupent leur temps libre.

Comment les collégiens occupent leur temps libre ?
© Par Anatoliycherkas - stock.adobe.com

À 13 ou 14 ans, les collégiens occupent leur temps libre par des activités très fédératrices : sport, écoute de la musique, jeux vidéo, sans oublier les devoirs, selon une note d’information de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse publiée fin 2022 (n° 22.35 – novembre 2022). En 2019, ces activités rassemblaient près de huit collégiens sur dix. Mais la manière dont ils les pratiquent varie fortement. Si le sport constitue l’un des loisirs le plus fédérateur, il s’avère néanmoins l’un des plus clivants. Par ailleurs, les jeunes accordent une place sensiblement différente aux relations avec leurs pairs. Du fait de leur caractère minoritaire, lecture et pratique artistique constituent un autre critère de différenciation. Enfin, la place accordée au travail scolaire est inégale. Au total, six manières d’occuper son temps libre peuvent être mises en évidence. La manière dont les collégiens se les approprient est très liée au niveau scolaire et à la transmission familiale. La DEPP dessine ainsi six portraits types de collégiens.

Les Générationnels (31 %)

Les Générationnels ont des activités de temps libre largement en phase avec celles qui sont les plus fréquentes dans leur génération. Ainsi, 97 % d’entre eux font du sport plusieurs fois par semaine et les deux tiers détiennent une licence sportive. La musique tient une grande place : 72 % écoutent tous les jours du rock, du rap ou de la techno et 61 % des chansons françaises. Ils pratiquent les jeux vidéo à une fréquence supérieure à la moyenne : 57 % s’y adonnent tous les jours. Ces différentes activités s’accompagnent d’une sociabilité très soutenue : huit sur dix déclarent échanger tous les jours avec leurs amis par internet et les deux tiers jouent et sortent avec leurs copains et copines au moins une fois par semaine. Cela n’empêche pas les jeunes de cette classe d’être parmi ceux qui consacrent le plus de temps au travail scolaire à faire à la maison. En particulier, 57 % d’entre eux contre 45 % de l’ensemble des élèves déclarent y consacrer 5 heures ou plus par semaine.

Ces jeunes se distinguent peu des autres élèves en termes d’origine sociale ou de genre. En revanche, leur niveau scolaire est un peu moins élevé. Par ailleurs, la probabilité de faire partie de cette classe est d’autant plus forte que les parents font du sport ou assistent régulièrement à des manifestations sportives. C’est une relation inverse qui apparaît avec le capital culturel des parents : les chances de connaître cette manière d’occuper son temps libre déclinent au fur et à mesure que le volume de la bibliothèque familiale et le niveau de diplôme de la mère augmentent.

Les Héritiers (20 %)

Consacrant autant de temps au travail scolaire que les Générationnels, les Héritiers se distinguent par une pratique sportive encore plus encadrée : 82 % adhèrent à un club sportif et les trois-quarts d’entre eux détiennent une licence. Ils accordent aussi une plus grande place aux pratiques culturelles les plus légitimes. Ainsi, plus des deux-tiers d’entre eux lisent régulièrement des romans et des essais, contre moins de la moitié de l’ensemble des élèves. Ils sont aussi moins rétifs à la musique classique et au jazz. Ces élèves sont aussi plus nombreux à pratiquer un instrument de musique : plus du tiers, contre seulement un élève sur cinq en moyenne. En revanche, ils passent moins de temps devant les écrans : ils jouent moins aux jeux vidéo et seulement le tiers d’entre eux utilisent quotidiennement internet pour se distraire ou communiquer avec leurs amis, contre respectivement 45 % et 57 % de l’ensemble des élèves. Cette situation reflète des relations avec le groupe des pairs moins intenses, qui constitue un autre trait distinctif des élèves de cette classe.

Cette classe rassemble principalement de bons élèves appartenant à des familles dotées d’un capital culturel et de ressources financières supérieurs à la moyenne. Près de sept jeunes sur dix font partie des 50 % de meilleurs élèves. Les deux tiers des parents sont diplômés de l’enseignement supérieur, contre moins de la moitié de l’ensemble des familles et 39 % d’entre eux disposent d’un revenu mensuel égal ou supérieur à 4 000 euros, contre un quart des collégiens. Leurs pratiques culturelles et sportives sont plus soutenues que la moyenne. Tout se passe comme si une grande partie de ces jeunes s’étaient réapproprié les activités pratiquées par leurs parents qu’ils reproduisent d’autant plus facilement que leur niveau scolaire est élevé.

Les Rétifs au sports (15 %)

Les Rétifs au sport se caractérisent par leur peu d’appétence pour cette activité : moins d’1 % d’entre eux font du sport au moins une fois par semaine, contre 83 % de l’ensemble des élèves. Seulement 5 % détiennent une licence sportive et 10 % sont inscrits à l’AS du collège ou à un autre club sportif. Le temps dégagé par cette absence de pratique sportive ne profite pas aux pratiques culturelles : ils lisent moins régulièrement des romans ou des essais et écoutent de la musique dans des proportions comparables aux autres jeunes. De même, ces élèves ne se distinguent des autres jeunes ni par les usages d’internet ni en matière de contacts et d’activités communes avec leurs pairs. Tout se passe comme si leur absence de pratique sportive ne les isolait pas de leurs pairs, sans qu’elle soit compensée par un surcroît d’autres activités. C’est même la situation contraire qui s’observe pour le travail scolaire.

Cette classe rassemble une majorité de filles (60 %). Les enfants d’employés, d’ouvriers et d’inactifs y sont aussi sensiblement surreprésentés (64 % contre 51 % pour l’ensemble des élèves). Toutes choses égales par ailleurs, l’appartenance à cette classe est d’abord liée à la pratique sportive des parents : avoir un père faisant du sport plusieurs fois par semaine plutôt que non sportif fait baisser la probabilité d’en faire partie de 8 points. Tout se passe comme si, par le biais d’une « reproduction négative », les parents de ces élèves avaient transmis à leur enfant leur peu d’appétence pour le sport.

Les Sportifs non scolaires (15 %)

Les Sportifs non scolaires cumulent une pratique sportive et une sociabilité soutenues avec une assiduité scolaire particulièrement faible. Ainsi, 90 % d’entre eux font du sport plusieurs fois par semaine et 63 % adhèrent à un club sportif ou l’AS du collège. Par ailleurs, ils écoutent du rap, du rock ou de la techno et jouent aux jeux vidéo plus souvent que la moyenne : les deux tiers pratiquent ces activités tous les jours. Une proportion comparable utilise internet quotidiennement pour communiquer avec leurs amis, ce qui reflète une sociabilité très soutenue. En revanche, le travail scolaire à faire à la maison est réduit à la portion congrue : seulement 8 % d’entre eux, contre un peu moins de la moitié de l’ensemble des collégiens, y consacrent 5 heures ou plus par semaine.

Les garçons sont très majoritaires (69 %) parmi les élèves de cette classe ; les enfants d’ouvriers et d’inactifs y sont aussi surreprésentés, ainsi que les collégiens aux acquis les plus fragiles : les deux tiers de ces jeunes font partie des 50 % des élèves ayant obtenu les scores les plus faibles à l’évaluation de cinquième.

Les Équilibrés (12 %)

Les Equilibrés ont des activités de temps libre qui couvrent tous les domaines mesurés dans cette étude, avec une fréquence souvent proche de la moyenne. Toutefois, ils font preuve d’un engagement sportif plus modéré : seulement 13 % d’entre eux pratiquent une activité sportive plusieurs fois par semaine. Ce moindre engagement dans le sport laisse plus de place à la lecture et aux activités artistiques. Enfin, ils accordent plus de temps aux devoirs que les autres collégiens : 52 % d’entre eux y consacrent 5 heures ou plus par semaine, contre 45 % pour l’ensemble des collégiens.

Cette classe regroupe majoritairement des filles (70 %). Les enfants de cadres et de professions intermédiaires et les élèves au niveau d’acquis le plus élevé y sont aussi surreprésentés. Tout se passe comme si l’engagement plus modéré que la moyenne dans le sport et l’appétence plus marquée pour les formes les plus légitimes de la culture qui caractérisent ces jeunes reflétaient, en partie, le climat familial dans lequel ils ont été élevés.

Les Isolés (8 %)

Les Isolés se distinguent des autres collégiens par une sociabilité très faible, assortie de pratiques culturelles et d’un usage d’internet très réduits. Ainsi, les deux tiers d’entre eux n’ont jamais joué et ne sont jamais sortis avec des copains. Par ailleurs, près de la moitié d’entre eux n’écoutent jamais de chansons françaises ou du rock, du rap ou de la techno et à peine plus d’un quart d’entre eux le font tous les jours, soit deux fois moins que la moyenne des collégiens. Ils comptent aussi peu de lecteurs réguliers. Internet et les jeux vidéo retiennent aussi moins leur attention. Tout en étant inférieure à la moyenne, leur pratique sportive reste soutenue. Par ailleurs, le travail scolaire à faire à la maison les occupe aussi un peu plus fréquemment : 51 % y consacrent 5 heures ou plus par semaine.

Les garçons (57 %) sont majoritaires parmi les élèves de cette classe. En revanche, les enfants de cadres et les professions intermédiaires y sont sous-représentés.


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Éducation »

Voir toutes les ressources numériques Éducation