Droit à la déconnexion : le gouvernement veut limiter l’accès à Pronote et aux ENT après 20h
« Je souhaite mettre en œuvre la recommandation de la Commission écrans (…) sur le droit à la déconnexion pour tous les outils numériques qui servent à assurer le lien entre les écoles, les établissements, les élèves et les familles », a déclaré la ministre en visite avec son homologue chargée du Numérique Clara Chappaz, dans un établissement scolaire de Bondy (Seine-Saint-Denis).
« Donc c’est finalement de se déconnecter des espaces numériques de travail (ENT) et de Pronote, en veillant à ce que sur une période qui à défaut serait 20h00-7h00, il n’y ait plus d’actualisation des infos sur les notes, sur les devoirs », a-t-elle ajouté lors de cette visite, dans le cadre du défi « 10 jours sans écran ».
Cette initiative pédagogique est organisée chaque année dans des écoles et collectivités pour sensibiliser les enfants, adolescents et leurs familles à l’usage raisonné des écrans.
Adopter les recommandations de la commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans
Dans un rapport remis à Emmanuel Macron en avril 2024, la Commission écrans recommandait notamment de « fixer un cadre strict d’utilisation pour Pronote (logiciel scolaire qui gère les notes et appréciations des professeurs) et les ENT », afin d’« organiser une coupure des mises à jour/notifications après 19h00 avec reprise à 7h30 le lendemain ».
La commission estimait que certains usages des ENT impliquaient une incitation paradoxale à consulter ces outils numériques « à des heures indues alors même que, dans le même temps, il leur est demandé de modérer leurs usages des écrans ».
Les collectivités territoriales (communes pour les écoles, départements pour les collèges et régions pour les lycées) sont responsables de la politique d’équipements numériques des établissements scolaires, et notamment du déploiement des ENT, qui font le lien entre élèves, parents, enseignants et équipes éducatives (messageries, espaces de communication, de saisie des notes et de cahiers de textes en ligne). Mme Borne, qui a promis d’engager une concertation avec leurs représentants, juge « important qu’on puisse avancer dès la prochaine rentrée ».
La fédération de parents FCPE a salué « un pas en avant ». Elle rappelle qu’elle avait déploré au sein des ENT « un far-west des notifications, générant stress et une hyper pression sur les devoirs à rendre » et les notes.
Interrogée par des journalistes, Mme Borne a par ailleurs confirmé mardi 13 mai lors de ce déplacement son intention de voir l’interdiction des téléphones portables au collège généralisée à la rentrée, selon des modalités qui seront « définies par chaque chef d’établissement, en lien avec les collectivités territoriales » autre versant de son offensive pour aider les enfants à décrocher des écrans.
De nombreuses études accusent « smartphones » et réseaux sociaux de nuire au développement cognitif et surtout à la santé mentale des enfants et adolescents.
Le débat sur les écrans et les jeunes qui agite de nombreux pays – l’Australie vient par exemple d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 16 ans – a rebondi chez les politiques français.