« Le sexisme commence à la maison, continue à l’école et explose en ligne. Il est inoculé dès le plus jeune âge dans les trois incubateurs les plus puissants de la société : la famille, l’école et le numérique », assure le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dans son rapport annuel 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France. Publié le 22 janvier 2024, celui-ci s’intitule : « S’attaquer aux racines du sexisme ».
L’édition 2024 du baromètre du HCE a donc choisi d’étudier le terreau du sexisme, ces « incubateurs du sexisme » que sont la famille, l’école et les contenus numériques, pour montrer qu’il existe une véritable « éducation » au sexisme. Or, cette éducation sexiste n’est pas forcément reconnue par une partie de la population : « seulement 47 % de la population estime qu’il y a des inégalités entre les femmes et les hommes en raison des différences dans leur éducation », constate le Haut Conseil.
Selon le HCE, la famille est à l’origine du sexisme. De fait, environ 70 % des femmes considèrent que femmes et hommes ne sont pas traité(e)s de la même manière dans leur famille et plus de la moitié (52 %) a personnellement fait l’objet de cette différence de traitement. Le Haut Conseil pointe d’abord la responsabilité des parents, qui, sans s’en rendre compte, n’élèvent pas les filles et les garçons de la même manière. Le HCE incrimine ensuite « l’industrie sexiste des jouets ». Exemples à l’appui : 62 % des femmes déclarent avoir reçu des poupées contre 3 % des hommes ; 45 % des hommes ont reçu des voitures contre 4 % des femmes. Enfin, à la maison, les tâches domestiques sont « productrices précoces d’inégalités », complète le rapport.
L’école reproduit ensuite ces schémas, poursuit le HCE. Avec des conséquences directes sur l’orientation. Ainsi, près des trois quarts (74 %) des femmes n’ont jamais envisagé de carrière dans les domaines scientifiques ou techniques. De même, l’éducation à l’égalité prévue par la loi n’est toujours pas prodiguée : deux tiers des personnes n’ont jamais suivi de séance d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. « L’école fabrique du sexisme », résume le HCE : plus d’une personne sur deux considère que femmes et hommes n’y connaissent pas le même traitement.
Le numérique vient amplifier le phénomène, déplore le HCE. Plus de la moitié de la population considère que femmes et hommes ne sont pas traité(e)s de la même manière sur les réseaux sociaux. Ce score grimpe même à 72 % chez les femmes âgées de 15‑24 ans. En ligne, les trois quarts des femmes affirment ne pas être traitées à égalité. Ce que confirment les études des contenus les plus vus sur Instagram notamment, réalisées par le HCE, où plus des deux tiers (68 %) des vidéos véhiculent des stéréotypes assignant les femmes à la maternité. Enfin, le HCE dénonce avec force « les ravages de l’industrie pornographique. » Les vidéos pornographiques diffusent des contenus misogynes d’une rare violence que… près des deux tiers (64 %) des hommes âgés de 25-34 ans disent imiter dans leurs relations sexuelles, s’inquiète le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.
« Il faut s’attaquer aux racines du mal, et de toute urgence », affirme le HCE. Le Haut Conseil plaide pour « une action publique forte, continue et globale », dans l’éducation, l’espace numérique et l’exercice de la justice, autour du triptyque « éduquer, réguler, sanctionner. » À savoir :
- Éduquer à l’égalité à travers un programme de sensibilisation et d’orientation effectif, continu et adapté.
- Réguler la présence et l’image des femmes dans le secteur numérique.
- Sanctionner en faisant du délit de sexisme un véritable outil juridique de condamnation du sexisme.
