« As-tu peur d’aller au collège à cause d’un ou plusieurs élèves ? », « Manges-tu seul(e) à la cantine ? », « Est-ce qu’un ou plusieurs élèves t’ont bousculé(e) volontairement ? », « Reçois-tu ou as-tu vu des messages insultants ou menaçants te concernant d’un ou plusieurs élèves sur un téléphone portable, sur les réseaux sociaux ou sur une plateforme de jeux en ligne ? » : une quarantaine de questions auxquelles les collégiens répondent en cochant les cases « jamais », « parfois », « souvent » ou « très souvent ».
D’ici au 15 novembre 2023, deux heures doivent être consacrées au harcèlement dans les établissements scolaires, pour remplir notamment cette « grille d’auto-évaluation » anonyme, élaborée avec des experts par le ministère de l’Éducation, qui a fait de ce sujet une priorité.
Au collège Georges-Méliès, dans le 19e arrondissement de Paris, classé en Rep (Réseau d’éducation prioritaire), toutes les classes organisaient ce temps dédié jeudi 9 novembre 2023, à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
Après avoir discuté avec ses élèves de la définition du harcèlement, le professeur principal de cette classe de 6e a distribué le questionnaire et l’a projeté au tableau, puis circulait entre les rangs pour répondre aux éventuelles questions.
« Le questionnaire a deux buts principaux : le premier, c’est de nous permettre à nous, adultes du collège, de savoir où on en est par rapport au harcèlement », et le deuxième, c’est de « vous donner l’occasion de savoir où vous en êtes » et « vous inciter à venir nous voir si c’était un problème pour vous », leur a expliqué cet enseignant d’histoire-géographie, Philippe Nken Ndjeng.
« En parler aux adultes »
Pour Namy, 11 ans, « c’est une manière de dire si tu te fais harceler », parce que, « si tu ne le dis à personne, personne ne pourra t’aider ».
« Le questionnaire était bien, parce que ça nous a appris plein de choses », juge Andres. « C’est aujourd’hui que j’apprends qu’on peut se faire harceler sur internet ».
« Je l’ai trouvé bien pour les personnes qui se font harceler. Ça va peut-être les aider à en parler à des adultes », renchérit Éléonore, 11 ans.
Après un quart d’heure passé à remplir le questionnaire, les élèves ont entamé un atelier consacré à imaginer des slogans, affiches ou petits films de sensibilisation, dans le cadre du prix « Non au harcèlement » organisé chaque année par le ministère.
« Toute action qui peut être menée en lien avec la prévention du harcèlement est bonne à prendre », souligne Raphaël Odesser, conseiller principal d’éducation (CPE) de ce collège, qui a adhéré l’an dernier au programme ministériel « pHARe » de lutte contre le harcèlement.
« Au vu de l’actualité récente, c’est toujours intéressant de sensibiliser nos élèves », poursuit-il. Plusieurs drames ont mis le harcèlement au cœur des débats ces derniers mois, dont le suicide de Lindsay, 13 ans, en mai dans le Pas-de-Calais, et celui de Nicolas, 15 ans, en septembre dans les Yvelines.
Pour Boris Calabrese, le chef d’établissement, le questionnaire rempli par les élèves va permettre « d’avoir un point de vue général sur l’établissement, puis d’affiner par niveau et par classe », et de « savoir sur quelles thématiques il faut travailler ».
Beaucoup reste à faire sur le harcèlement, souligne-t-il. « Il faut qu’on travaille maintenant aussi avec les parents d’élèves », ajoute le responsable. « Ce qui se joue, c’est aussi après l’école ».
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