Littérature à l’école : des auteurs ont la cote, d’autres moins

Publié le 19 avril 2019 à 9h55 - par

La liste des œuvres à étudier pour le bac de français 2020 vient de tomber. Au-delà de ces titres, l’enseignement de la littérature en collège et lycée compte son lot de « stars », d’auteurs qui « montent », passent de mode ou sortent du purgatoire.

Littérature à l'école : des auteurs ont la cote, d'autres moins

« Les Fleurs du Mal » de Baudelaire, les « Essais » de Montaigne, « La Princesse de Clèves » de Madame de La Fayette, « Le Mariage de Figaro » de Beaumarchais figurent sur la liste des douze œuvres, réparties en quatre catégories (poésies, essais, romans, théâtre), dans laquelle devront piocher les professeurs de lettres en lycée général et technologique pour la Première, en préparation du bac de français en 2020.

Cette liste « imposée », relativement classique selon les professeurs de lettres interrogés par l’AFP, est une nouveauté. Elle sera renouvelée pour moitié chaque année. Jusqu’à présent, les enseignants choisissaient eux-mêmes les œuvres étudiées, en respectant les programmes.

« L’Étranger » de Camus, « Les Fleurs du Mal », « Don Juan » de Molière, « Candide » de Voltaire étaient ces dernières années parmi les œuvres les plus étudiées pour l’oral du bac, déclare Françoise Cahen, professeur dans un lycée d’Alfortville (Val-de-Marne). Au collège, « le best-seller, c’est Antigone d’Anouilh. Mes lycéens parlent encore très souvent de ce personnage », ajoute-t-elle.

Au collège et au lycée, des auteurs sont « des stars inamovibles » et d’autres connaissent des fortunes diverses au fil des ans, indiquent les enseignants.

Pour Romain Vignest, professeur dans un collège parisien et président de l’Association des professeurs de lettres, « Marivaux marche très bien » depuis longtemps. « C’est la tchatche qui leur plait ! Une partie de la finesse de cet auteur leur échappe parfois, avant les explications, mais les élèves sont immédiatement séduits par la vivacité des dialogues et des personnages ».

Au lycée, si « L’Étranger » reste encore très étudié, « La Condition Humaine » de Malraux l’est beaucoup moins qu’il y a trente ans, ajoute M. Vignest, qui a également exercé en lycée. De même pour François Mauriac, relève Françoise Cahen.

« Ressusciter » des auteures oubliées

L’enseignement de la littérature française date de la fin du XIXe siècle, explique Violaine Houdart-Mérot, professeure à l’université de Cergy-Pontoise. Jusqu’alors, les élèves étudiaient les textes grecs et latins.

Les premières œuvres travaillées sont celles du XVIIe siècle, les seules considérées comme « classiques ». S’y ajoutent au fil des décennies des textes du XVIIIe et du XIXe.

De l’après-guerre aux années 70, le XVIIe et ses auteurs phare (Corneille, Racine, Molière) restent prépondérants, avec une présence très faible du roman, « vaguement méprisé ». « Balzac, Stendhal, Zola sont étudiés sous forme de morceaux choisis. C’est tout », indique l’universitaire.

« Le grand tournant s’effectue dans les années 70 et les programmes des années 80, avec une montée en puissance du roman et une ouverture vers le XXe siècle », ajoute-t-elle.

Pour Mme Cahen, il faut « bien évidemment » étudier les « best-sellers ». « Je ne veux pas que mes élèves ignorent Victor Hugo ! ». Mais elle regrette un corpus scolaire parfois un peu figé, avec une place accordée aux écrivaines encore trop réduite.

Chaque année, avec ses élèves de Seconde, elle « ressuscite » une auteure oubliée : Catherine Bernard (1663-1712), qui a écrit « Riquet à la houppe » (avant Charles Perrault) et dont les pièces étaient jouées à la Comédie Française, ou encore Marie-Anne Robert (1705-1771), considérée par les Anglo-saxons comme une pionnière de la science-fiction.

Les livres de Marguerite Yourcenar, Marguerite Duras et de plus en plus d’Annie Ernaux (« La Place », « Les Années ») sont également étudiées dans les lycées, ou des extraits de leurs œuvres donnés à commenter aux épreuves écrites du bac.

Romain Vignest note un renouveau pour George Sand. « Pas pour ses romans champêtres, mais plus pour Consuelo ou Indiana », dit-il. Une évolution due au renouveau des études consacrées à cette auteure à l’université.

Des écrivains effectuent en effet un retour en grâce aux travaux universitaires. Leurs œuvres apparaissent ensuite au programme des concours de professeurs (Capes et agrégation), les futurs profs les étudient, les éditeurs publient des éditions critiques en poche… et c’est au tour des élèves de se plonger dedans.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2019


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Éducation »

Voir toutes les ressources numériques Éducation