En France, « environ 2 millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté », s’alarme Dominique Versini, la Défenseure des enfants, dans son rapport 2010, dévoilé le 15 novembre. Ces enfants cumulent des inégalités au regard de leur logement (600 0000 enfants mal logés, 10 000 enfants vivant en CHRS et 6 000 enfants de moins de 3 ans en centres maternels), de la prise en charge de leur santé, de leur parcours scolaire et du maintien des liens familiaux (143 800 enfants placés).
« Les effets de la précarité ont des conséquences lourdes sur la construction psychique et le devenir des enfants », explique la Défenseure des enfants. Et Dominique Versini d’énumérer :
- « L’absence de logement, le logement surpeuplé ou insalubre, l’hébergement d’urgence ont des conséquences directes sur leur scolarité, leur vie sociale et leur santé.
- Les expulsions en hausse (10 000 par an) produisent chez les enfants des effets comparables à ceux de la guerre.
- L’hébergement d’urgence fait éclater la cellule familiale.
- Les difficultés d’emploi des parents sont un frein au logement et fragilisent d’autant la vie sociale et familiale.
- La perte de l’estime de soi des parents et des enfants.
- La peur du regard des institutions et des travailleurs sociaux par rapport au risque de placement des enfants.
- La difficulté à se mobiliser dans les apprentissages scolaires du fait de la nécessité de soutenir la vie familiale.
- Le déterminisme social dans les orientations scolaires (moins d’ambition personnelle et restriction des choix d’orientation). »
« La précarité affecte tous les domaines de la vie de l’enfant et porte atteinte à ses droits fondamentaux », ajoute Dominique Versini, en constatant, notamment, que « les enfants placés à l’aide sociale à l’enfance sont très majoritairement les enfants de familles en difficultés sociales ». En conséquence, la Défenseure des enfants réitère ses principales recommandations. Au programme :
- Construire des logements sociaux en nombre suffisant, accessibles pour les familles à bas revenus.
- Créer des modes de garde d’enfants adaptés à tous les besoins des parents (horaires, revenus…) et accessibles aux familles précaires.
- Faire de la prévention et de l’accompagnement des familles une priorité absolue avec pour objectif la réduction des placements d’enfant pour cause de précarité et le développement des placements alternatifs.
- Lutter contre les inégalités d’accès aux soins des enfants en mettant en place un « plan santé enfant et adolescent ».
- Refuser les conséquences de la précarité et du déterminisme social sur le parcours scolaire des enfants.
- Organiser des campagnes de sensibilisation nationales et locales pour développer la solidarité directe entre tous les citoyens.
Pour en savoir plus :
« Précarité et protection des droits de l’enfant », rapport thématique 2010 de la Défenseure des enfants |