Handicap : qu’en pensent les salariés ?

Publié le 7 juin 2011 à 0h00 - par

Une étude menée par l’Ifop pour Handi-partage cerne les évolutions des comportements des salariés du public et du privé face aux handicaps.

Réalisée du 17 au 22 mars auprès de 1 017 salariés de 18 à 65 ans des sociétés selon la méthode des quotas (âge, sexe, profession, région, taille de l’agglomération), cette étude est la suite de celle menée en 2008 par Handi-partage. Elle avait permis de dresser un panorama des représentations que les salariés avaient du handicap au travail. Trois ans plus tard, l’objectif est donc d’observer l’évolution des mentalités, et l’efficacité des campagnes de sensibilisation.
 

Un nouveau regard, mais une vision réduite

Premier constat, 29 % des salariés interrogés estiment avoir changé leur regard sur le handicap de manière positive, contre 2 % de manière négative, et 69 % qui n’ont pas changé de vision. Chez ceux travaillant avec une personne handicapée, ils sont 40 % à dire avoir changé de regard de façon positive. 53 % des salariés ayant désormais une vision plus positive le doivent au moins en partie à leur vécu personnel, et 37 % à leur vie professionnelle. 21 % évoquent les actions de sensibilisation des institutions et associations. À noter que la même évolution globale s’observe qu’il s’agisse de salariés de la fonction publique ou du secteur marchand, et sans distinction relative aux catégories socio-professionnelles.

64 % des salariés se sentent prêts à accueillir une personne handicapée dans leur service, en particulier dans les grosses structures (69 %). 66 % des salariés s’estiment à l’aise face au handicap, et 11 % mal à l’aise, soit une baisse de 6 % de la population mal à l’aise depuis 2008. 59 % estiment toutefois important de devenir plus à l’aise qu’ils ne le sont face au handicap.

Concernant la perspective d’être soi-même handicapé, l’étude révèle que les salariés ont une conception du handicap beaucoup plus restrictive que la loi de 2005. Ainsi de la sclérose en plaques, du bégaiement, des problèmes cardiaques, la lombalgie, la dépression, le diabète, la claustrophobie et les allergies, seuls les trois premiers handicaps sont considérés comme tels par plus de 50 % des salariés interrogés.

Confrontés eux-mêmes au handicap, les salariés se dirigeraient en priorité vers leur médecin (46 %) ou le médecin du travail (38 %), puis vers leur supérieur (33 %) ou leur DRH (23 %). 26 % estiment qu’ils « feraient avec ». Nombreux ignorent donc comment et pourquoi bénéficier de la reconnaissance du handicap, préférant garder ça pour eux.
 

Des employeurs peu impliqués

L’étude permet aussi de connaître le ressenti des salariés quant aux politiques menées par leurs employeurs. Ainsi, 31 % des salariés se souviennent d’une action en faveur des handicapés menée par leur entreprise ou administration au cours des 18 derniers mois. Un chiffre qui monte à 36 % dans la fonction publique et se fixe à 29 % dans le secteur marchand. Parmi ces 31 % de salariés, 34 % évoquent une communication sur support papier, 19 % des formations, et 17 % une communication numérique. 34 % d’entre eux ont vu leur employeur embaucher un salarié handicapé.

Si les salariés de petites structures semblent avoir des employeurs peu impliqués (15 % des structures de moins de 20 salariés), le taux d’implication ne cesse de croître avec la taille de la structure : 27 % pour les moins de 100 salariés, 33 % pour les moins de 1 000 salariés, 43 % pour les plus de 1 000 salariés.

Et ils sont seulement 48 % à estimer que leur employeur œuvre à l’insertion des handicapés. Un chiffre qui varie selon la CSP (35 % chez les ouvriers, 63 % chez les cadres supérieurs). Dans l’ensemble, la moitié seulement des salariés dont l’employeur s’implique connaît réellement les actions que celui-ci mène. 23 % des salariés interrogés ne savent pas si leur employeur agit dans ce sens, et 29 % estiment que ça n’est pas le cas.

Une grosse différence se dessine ici entre fonction publique et secteur marchand, puisque les salariés du public estiment à 64 % que leur employeur agit dans ce sens, contre 41 % chez ceux du privé. Et là encore, les petites structures semblent moins engagées que les grandes, puisqu’on passe de 15 % chez les moins de 20 salariés à 71 % chez les plus de 1 000 salariés.