“La semaine de 4 jours doit être une possibilité pour les personnels en fonction de leur carrière et de leur vie personnelle”

Publiée le 19 juin 2023 à 9h00 - par

L’institut Bergonié, centre de lutte contre le cancer situé à Bordeaux (Gironde) qui emploie 1 200 personnes, lance une expérimentation de la semaine de 4 jours. L’objectif ? Permettre aux soignants et autres personnels de mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle, et attirer de nouvelles recrues. Une nouvelle organisation qui ne réduira ni l’activité ni l’offre de soins de l’Institut. Entretien avec Nicolas Portolan, directeur général adjoint de l’Institut Bergonié.
“La semaine de 4 jours doit être une possibilité pour les personnels en fonction de leur carrière et de leur vie personnelle”

L’Institut Bergonié lance une expérimentation de la semaine de 4 jours. Pourquoi choisir ce rythme de travail ?

Nous sommes partis de deux constats. Le premier, général mais avec le prisme des établissements de santé, est qu’il faut continuer à innover pour être attractif. Nous n’utilisons pas suffisamment nos points forts. Nous proposons des métiers qui ont du sens à nos personnels, quel que soit leur rôle et quelle que soit leur fonction, parce qu’il s’agit de soigner et d’accompagner les patients. Nous ne mettons pas assez en avant ce point.

Le deuxième constat est que la semaine de 4 jours devient une « petite musique » qui monte dans le monde du travail, car elle permet de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle. Nous préférons prendre le temps de mettre en place ce rythme de travail plutôt que le subir. Nous voulons penser nos organisations et voir ce qu’il est possible de faire. Il faut aussi savoir que 70 % de nos soignants travaillent déjà en semaine de 4 jours avec les récupérations.

Comment mettez-vous en place cette semaine de 4 jours au sein de l’Institut Bergonié ? Tous les services sont-ils concernés ?

La direction a initié la réflexion en septembre 2022 et nous travaillons avec les partenaires sociaux. Actuellement, nous sommes encore en phase de recueil des demandes des différents services. L’expérimentation est basée sur le volontariat des personnels et des services. Nous souhaitons avoir 3 à 5 services expérimentateurs, dont un service administratif, des services de soins et des services médico-techniques (laboratoire de biologie médicale, radiologie…). Les services vont proposer leur propre organisation pour la mise en œuvre de la semaine de 4 jours. Cette organisation est ensuite validée par un comité qui associe la direction et les partenaires sociaux. L’objectif est de mettre en place ce rythme de travail de septembre à décembre, afin de l’inclure en janvier 2024 dans les plannings annuels des services. L’expérimentation va durer un an et nous aurons des indicateurs de suivi.

Concrètement, quels sont les principes de base de cette semaine de 4 jours ?

La semaine de 4 jours ne signifie pas travailler moins. Les journées seront plus longues : la durée du temps de travail sera de 8 heures et 45 minutes, avec en plus 30 minutes de pause pour le repas. Les personnes n’auront pas 3 jours de repos d’affilée, mais un repos variable dans la semaine. Enfin, elles auront 6 semaines de congés payés au total. La semaine de 4 jours n’implique pas une baisse de l’activité et de l’offre de soins. En outre, nous devons garantir la continuité des soins.

Avez-vous des échanges avec d’autres établissements de santé sur cette thématique ?

Plusieurs centres de lutte contre le cancer du réseau Unicancer réfléchissent sur ce sujet. Nous avons d’ailleurs au sein du réseau un groupe transversal, « RH et prospective », qui travaille sur la semaine de 4 jours. Et depuis que l’Institut Bergonié a communiqué sur cette expérimentation, des établissements de santé ont pris contact avec nous.

Vous avez évoqué le problème de l’attractivité. Pensez-vous que la semaine de 4 jours peut être un atout pour attirer les futurs soignants et autres personnels ?

L’Institut Bergonié rencontre des difficultés pour recruter, mais moins que d’autres établissements. Nous voulons élargir la palette de propositions pour attirer et fidéliser le personnel, et la semaine de 4 jours fait partie de cette palette. Il ne faut pas ériger ce rythme de travail en dogme, car il ne s’adresse pas forcément à tout le monde. La semaine de 4 jours doit être une possibilité pour les personnels en fonction de leur carrière et de leur vie personnelle.

Propos recueillis par Magali Clausener

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