Service national universel : « le défi, c’est l’attractivité »

Publié le 29 juin 2018 à 14h56 - par

Le « défi » représenté par la mise en œuvre du service national universel (SNU) sera son « attractivité », a averti jeudi 28 juin le général Daniel Ménaouine, président du groupe de travail sur le SNU.

Service national universel : "le défi, c'est l'attractivité"

« Mon défi, ce n’est pas l’obligation mais l’attractivité. Il faut que les jeunes veuillent venir », a souligné le général sur Europe 1, au lendemain de l’annonce, par le gouvernement, d’une large consultation à l’automne pour définir les modalités du SNU.

Le service est « obligatoire » car il « s’inscrit dans la continuité de l’enseignement moral et civique » des jeunes, a ajouté le général, qui a remis le rapport de son groupe de travail en avril au gouvernement.

« J’ose croire que l’attractivité du service fera que le nombre de ceux qui ne voudront pas y aller sera très faible », a-t-il ajouté.

En février, Emmanuel Macron s’était finalement prononcé en faveur d’un service « obligatoire », suscitant l’opposition des principales organisations lycéennes, étudiantes et de jeunesse.

« Nous avons conduit des consultations avec beaucoup d’organisations de jeunesse… et nous continuerons à discuter » avec elles, a promis le général.

Le gouvernement a annoncé mercredi 27 juin que le SNU consisterait en un service civique d’un mois obligatoire aux alentours de 16 ans, suivi d’un engagement sur la base du volontariat. Les modalités en seront précisées à l’issue d’une consultation de la jeunesse qui sera menée jusqu’à fin octobre.

Un mois obligatoire

Conformément aux recommandations du groupe de travail mandaté par l’Élysée, le SNU sera organisé en deux phases :

– Une « phase de cohésion » obligatoire d’une durée d’un mois maximum, à l’âge de 16 ans environ, comprenant une phase d’« intégration » de 15 jours en hébergement collectif qui permettra le « brassage social », suivi d’un temps d’engagement de 15 jours « plus personnalisé » en petits groupes, pas nécessairement en internat.

Cette séquence se déroulera en partie pendant les vacances scolaires.

– Une deuxième phase facultative avant 25 ans, d’une durée de trois à douze mois, « pour ceux qui ont envie de s’engager davantage encore » et qui pourrait s’effectuer « dans des domaines aussi variés que la défense, l’environnement, l’aide à la personne, le tutorat, la culture ». L’actuel service civique sera l’un des moyens d’accomplir cette seconde phase du SNU.

Cet engagement donnera lieu à « des mesures d’attractivité variées et ciblées », selon le gouvernement : facilités d’accès au permis, crédits universitaires, éventuelle indemnisation…

Une consultation sur les modalités

Afin de définir précisément le contenu et les modalités de la phase obligatoire du SNU, une vaste consultation sera menée jusqu’à fin octobre auprès de la jeunesse et de ses organisations mais aussi auprès des parents d’élèves, des syndicats d’enseignants et des collectivités territoriales.

Cet échange s’effectuera à la fois en ligne et sur le terrain.

Une mise en place progressive

Le dispositif a vocation à toucher 750 000 jeunes par an. Mais sa mise en place sera progressive.

Le ministre de l’Éducation nationale a confirmé mercredi 27 juin que le SNU commencerait à être mis en œuvre « à l’été 2019 », mais il « ne concernera pas toute une classe d’âge » dans l’immédiat et sera progressivement mis en place sur plusieurs années.

Le rapport du groupe de travail plaide pour une montée en puissance du dispositif sur sept ans pour atteindre 700 000 stagiaires à partir de 2026.

D’ici là, le gouvernement devra réviser la Constitution, via un amendement dans la réforme constitutionnelle, pour autoriser une obligation de service à l’ensemble d’une classe d’âge.

Encadrement et hébergement à définir

À ce stade, les modalités d’hébergement pendant la période obligatoire d’un mois n’ont pas encore été déterminées. Cette question est la « difficulté la plus importante à surmonter », souligne le rapport du groupe de travail, qui suggère d’utiliser les internats de l’Éducation nationale (dont la capacité totale est évaluée à plus de 147 000 places), mais aussi les centres de logement étudiant, centres de loisirs avec hébergement, et enfin de construire des bâtiments « en dur léger ».

Autre question en suspens : l’encadrement des jeunes. Le rapport suggère de le confier en partie à des engagés volontaires de la phase II du SNU, à des jeunes en service civique ou encore aux élèves des écoles de fonctionnaires. Ce contingent pourrait être complété par des encadrants expérimentés.

Les armées, elles, pourraient être mobilisées pour former au moins une partie des encadrants du SNU.

Quel budget ?

Le gouvernement refuse pour l’heure de chiffrer ce projet en attendant que soient rendus les derniers arbitrages, à l’issue de la consultation des jeunes.

Le groupe de travail a estimé le coût annuel d’une phase obligatoire d’un mois à 1,6 milliard d’euros « en rythme de croisière », hors investissements en infrastructure (1,7 milliard sur sept ans).

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