L’état du mal-logement en France en 2017

Publié le 2 février 2017 à 14h46 - par

Selon la Fondation Abbé Pierre, 4 millions de personnes sont sans abri, mal logées ou sans logement personnel dans notre pays.

mal-logement

Présentée le 31 janvier, la 22e édition du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur l’état du mal-logement dessine « le portrait d’une France fracturée par la crise du logement ». Selon la Fondation, 4 millions de personnes sont ainsi sans abri, mal logées ou sans logement personnel. Outre ces situations les plus graves, 12,1 millions de personnes sont touchées, à des degrés divers, par la crise du logement. Effort financier excessif, précarité énergétique, risque d’expulsion locative, copropriétés en difficulté, surpeuplement… au total, sans les doubles comptes, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement, révèle le rapport.

À bien des égards, pour les pauvres, les classes populaires et moyennes, « la situation tend à s’aggraver », poursuit la Fondation. Le nombre de personnes sans domicile a ainsi augmenté de 50 % entre 2001 et 2012, celui des personnes en hébergement contraint chez des tiers de 19 % entre 2002 et 2013. Les personnes en surpeuplement accentué sont de plus en plus nombreuses, alors que la tendance depuis des décennies était plutôt à la baisse : + 17% entre 2006 et 2013 pour le surpeuplement accentué et + 6 % pour le surpeuplement modéré. Parallèlement, le nombre de personnes modestes ayant eu froid à leur domicile pour des raisons liées à la précarité s’est accru de 25 % entre 2006 et 2013. Le nombre d’expulsions locatives avec le concours de la force publique a atteint son record en 2015, avec 14 363 expulsions, un chiffre en hausse de 33 % par rapport à 2006, déplore la Fondation Abbé Pierre.

Pour la Fondation, le mandat de François Hollande aura été « un quinquennat en demi-teinte pour les mal-logés ». Si la situation ne semble pas meilleure qu’il y a cinq ans pour les mal-logés, « des graines ont indéniablement été semées et des avancées obtenues, en matière de loyers, d’orientation des attributions HLM, de gouvernance, de précarité énergétique… », reconnaît-elle. Néanmoins, celles-ci ne suffiront pas face à l’ampleur du mal-logement, « faute de priorité budgétaire accordée à ce sujet, de cap politique clair et stable et d’un partage des compétences suffisamment lisible et responsabilisant sur le terrain. En définitive, la majorité des mesures esquissées ou mises en œuvre ces dernières années mériteraient d’être poursuivies et amplifiées avec un volontarisme adapté à l’urgence de la situation ».

En cette année électorale, « ce tableau alarmant appelle une mobilisation de la classe politique, mais aussi, dix ans après la mort de l’abbé Pierre, de la société tout entière », plaide la Fondation. Aussi, son 22e rapport met en avant des initiatives qui marchent, en France ou à l’étranger. Elle appelle à en tirer les leçons, à les généraliser, à sortir de la simple expérimentation pour changer le braquet de la politique du logement. Logement d’abord, habitat indigne, éradication des passoires thermiques, mobilisation du parc privé…, la Fondation Abbé Pierre met en débat « 15 grandes propositions pour faire reculer la crise du logement et appelle chacune et chacun à s’en emparer ».

Pour en savoir plus : Télécharger le rapport de la Fondation Abbé Pierre « L’état du mal-logement en France »