Rénovation urbaine : l’Anru « n’a pas tenu ses promesses », selon un rapport de députés LFI

Publié le 13 juin 2023 à 8h00 - par

L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), qui fête ses vingt ans, n’a pas tenu ses promesses de mixité sociale, de désenclavement et d’attractivité des quartiers, malgré les quelque 48,4 milliards d’euros investis lors du premier programme, selon une analyse lundi 12 juin 2023 de députés LFI-Nupes.

Rénovation urbaine : l'Anru "n'a pas tenu ses promesses", selon un rapport de députés LFI
© Image par Gerd Altmann de Pixabay

Fustigeant une vision « technocratique qui se voulait esthétisante » des quartiers populaires, notamment des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), le député LFI de Haute-Garonne François Piquemal a dressé un bilan critique de cette agence créée en 2003 sous l’impulsion de Jean-Louis Borloo, à l’époque ministre délégué à la Ville.

Pour établir leur bilan « #AllôAnru », des députés LFI-Nupes se sont rendus dans vingt villes et une trentaine de quartiers. Ils espèrent que ce premier diagnostic permettra de lancer prochainement une mission d’information parlementaire sur le sujet.

« L’Anru était censée résoudre beaucoup de problèmes que rencontraient les banlieues avec des politiques d’urbanisme spectaculaires censées y amener de la mixité sociale à grands coups d’accession à la propriété », a rappelé M. Piquemal. Mais force est de constater, selon lui, que ces objectifs sont loin d’être atteints.

Au total, quelque 700 quartiers et 5 millions d’habitants ont fait l’objet d’opérations de l’Anru, soit des démolitions-reconstructions, soit des réhabilitations, soit des installations d’équipements publics, commerces, transports, tandis que 164 400 logements ont été démolis et 142 000 reconstruits.

Au premier rang des critiques : ces programmes ont été réalisés sans la participation des habitants, qui ont souffert de devoir attendre des années la réalisation de travaux, sans certitude sur leur futur lieu d’habitation, puis d’être déplacés parfois loin de leur lieu d’habitation d’origine.

La députée de l’Essonne Farida Amrani a dénoncé un « discours d’une grande violence à l’égard des quartiers dits populaires, une stigmatisation et une marginalisation ».

Selon la députée Marianne Maximi, cette politique a même contribué à « reléguer les classes populaires en périphérie des grandes villes » en réduisant l’offre de logements très sociaux dans les centres-villes.

Les députés s’interrogent aussi sur le coût carbone des démolitions, qui génèrent une quantité très importante de déchets.

Interrogée par l’AFP, l’Anru a dit accueillir favorablement toute nouvelle contribution à la politique de renouvellement urbain, étant dans une « démarche permanente d’évaluation », mais elle regrette que les députés ne l’aient pas contactée.

Source : #ALLÔANRU 20 ans de rénovation urbaine en France. Un premier bilan de l’ANRU par le groupe LFI-NUPES, juin 2023

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