Au moins 400 000 mineurs sans domicile fixe dans l’UE, selon des associations

Publié le 20 septembre 2024 à 10h40 - par

Au moins 400 000 mineurs sont sans domicile fixe dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, et des millions d’autres sont mal-logés, selon une estimation publiée jeudi 19 septembre 2024 par la Fédération européenne des associations travaillant avec des personnes sans-abri (Feantsa).

Au moins 400 000 mineurs sans domicile fixe dans l'UE, selon des associations
© Par Roman Bodnarchuk - stock.adobe.com

Le nombre d’enfants à la rue, « hébergés en urgence et pris en charge dans les centres dédiés aux personnes sans domicile peut être estimé à 399 561 », précise ce rapport publié en France par la Fondation Abbé Pierre, qui va changer de nom en raison des accusations de violences sexuelles visant le religieux mort en 2007.

Pour établir leur estimation, les auteurs du rapport précisent avoir étudié les recensements des enfants sans domicile réalisés dans chaque pays disposant de ce type de données. En additionnant les comptages de six pays (Allemagne, Belgique, France, Irlande, Portugal et République tchèque) dont ils ont jugé les données suffisamment fiables et comparables entre elles, ils sont arrivés à un taux moyen de 0,421 % de mineurs vivant dans la rue ou en hébergement d’urgence. Rapporté à la population mineure de l’UE et du Royaume-Uni, ce pourcentage donne 399 561 enfants sans domicile dans l’ensemble des 28 pays.

« Ce chiffre reste une estimation bien sûr, mais c’est un chiffre qui fait froid dans le dos, c’est toute une génération qui se prépare à un avenir plus ou moins fragile », souligne auprès de l’AFP Sarah Coupechoux, chargée de mission Europe à la Fondation Abbé Pierre. « Cela n’est pas sans conséquences sur la santé, l’accès aux soins, l’accès à la scolarité », ajoute-t-elle. « C’est une réelle inquiétude sur ce que vont devenir ces enfants, et comment ils vont pouvoir se construire dans les prochaines années avec des conditions de vie telles que celles-ci. »

« Traumatisme »

Près de 14,5 millions d’enfants européens habitaient quant à eux en 2023 un logement présentant des infiltrations, des fondations humides ou des moisissures, précisent les auteurs de l’édition 2024 du rapport « Regard sur le mal-logement en Europe ».

Dans l’Union européenne, un quart des mineurs – et plus d’un cinquième des enfants de moins de 6 ans – vivaient par ailleurs dans un logement surpeuplé en 2023. Et plus de cinq millions de ménages avec enfants étaient dans « l’incapacité financière de maintenir leur logement à une température adéquate ».

Sur le terrain, les cris d’alarme se succèdent. Fin août 2024, la représentante de l’Unicef en France, où plus de 2 000 enfants sont contraints de dormir dans la rue selon les associations, a jugé la situation inadmissible.

Au Royaume-Uni, les associations tirent la sonnette d’alarme face à une hausse du nombre de familles dans les centres d’hébergement ou à la rue, et en Irlande, la barre des 4 000 enfants en hébergement d’urgence a été récemment franchie.

Pour les auteurs du rapport, « seuls de profonds changements structurels », comme le plafonnement des loyers ou encore la production de logements abordables à destination des familles, « permettront d’enrayer » le sans-abrisme et le mal-logement des enfants.

Pas à la hauteur

Toutes classes d’âge confondues, le rapport de la Feantsa estime à 1,2 million le nombre de personnes à la rue, hébergées en urgence et prises en charge dans les foyers d’accueil au sein de l’UE. Soit une hausse sur un an (895 000 en 2022) essentiellement due à « un meilleur comptage » dans plusieurs pays, même si une hausse est dans le même temps observée dans les pays où le recensement est le même ces dernières années.

« Aujourd’hui il y a l’impossibilité à la fois pour les États et pour les institutions européennes de fermer les yeux sur cette crise du logement », estime Sarah Coupechoux, qui salue la volonté de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de nommer un commissaire spécifiquement chargé du Logement.

« Maintenant, est-ce que les politiques publiques sont à la hauteur des besoins ? Clairement non, on n’y est pas », ajoute-t-elle. « Il faut des politiques cohérentes : on ne peut pas d’un côté afficher le désir de lutter contre le sans-abrisme et dans le même temps mener des politiques de logement qui soient restrictives, sans régulation des marchés ».

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