Comment penser l’assistance avec les plus démunis ?

Publié le 17 mai 2013 à 0h00 - par

La ministre déléguée chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion a reçu, le 16 mai, le rapport thématique annuel de l’Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), intitulé « Penser l’assistance pour en sortir ».

Comment penser l’assistance avec les plus démunis ?

« Les débats récents de la campagne présidentielle l’ont montré : la crise ne fait pas que stimuler la générosité envers les plus démunis. Elle avive aussi la critique des politiques sociales », peut-on lire dans l’introduction du rapport thématique annuel de l’Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), intitulé « Penser l’assistance pour en sortir », remis le 16 mai à Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion.

La première partie du rapport présente l’assistance. En effet, ses contours et ses origines sont souvent méconnus. Quels sont les dispositifs principaux qui structurent les actions menées au titre de l’assistance en France ? Quelles sont les personnes concernées et le coût global de ces mesures ?

Le chapitre 2 explore les fondements historiques de l’assistance. Au fil du temps, l’assistance s’est progressivement institutionnalisée. D’un devoir de la société à l’égard des plus démunis, elle est devenue un droit inconditionnel, lorsque les moyens d’existence paraissent insuffisants. Pourtant, chaque époque, la nôtre comprise, doit actualiser les modalités de l’assistance en fonction de circonstances nouvelles.

Le caractère indissociable du couple des droits et devoirs mutuels entre la société et ses membres est ensuite souligné. Le chapitre 3 qui lui est consacré est central pour situer la singularité du lien créé par l’assistance. Il n’est pas de l’ordre d’un contrat marchand avec des contreparties, mais il met en jeu la dignité des personnes qui s’y trouvent engagées.

La dimension humaine impliquée par la relation d’assistance apparaît en pleine lumière dans le chapitre 4, qui rend compte de la parole des personnes aidées.

Le chapitre 5 aborde l’opinion des Français, plutôt favorable à l’assistance et aux personnes en difficulté. Il montre la sensibilité de cette opinion au climat engendré par la crise et les discours publics. Les perceptions de l’opinion, en particulier les craintes qu’elle manifeste face à la possibilité d’abus ou de passivité, sont confrontées aux réalités du non-recours et des parcours vécus pour échapper à l’exclusion. Le dernier chapitre s’aventure au-delà de la simple observation. Il part du travail social pour aller vers le cadre du droit à l’assistance. De là, il interroge le fonctionnement du marché du travail pour développer finalement l’articulation entre assurance et assistance au sein de la protection sociale.

« La finalité de l’assistance, c’est la dignité des personnes qu’elle soutient en vue de leur autonomie, rappelle l’ONPES. Les devoirs qu’elle crée ne sauraient donc affaiblir leur liberté. C’est pourquoi, jusqu’à nos jours, les droits n’ont cessé de se renforcer, au point de devenir opposables. Les devoirs réciproques qu’entraînent ces droits n’en sont pas moins réels. Ils s’inscrivent dans un contrat social qui reconnaît les limites des capacités de la société à assumer toutes ses charges de solidarité ».

Le rapport se referme sur « trois types de conclusions ».

– Les premières relèvent directement de la communication des responsables politiques envers l’opinion. C’est à eux que revient, en effet, la tâche d’instituer le travail d’assistance pour en souligner la valeur au regard de la cohésion sociale. « Un discours juste sur l’assistance aura toujours une triple vertu. Celle de contrecarrer le sentiment de stigmatisation ; celle de valoriser le travail important conduit par les professionnels de l’action sociale ; celle enfin de redonner confiance à la société dans son ensemble. En habilitant les plus fragiles, c’est la société tout entière que l’on conforte », plaide le rapport.

– Il convient de développer les méthodes d’observation et d’évaluation de ces questions, prône l’Observatoire. Pour combattre les idées reçues, les travaux de recherche, d’analyse et de repérage statistique, au plan national, comme aux échelons territoriaux, devraient s’ouvrir davantage à des dimensions encore peu ou pas explorées, comme, par exemple, la connaissance des processus de non-recours et de leurs causes au travers de la parole des personnes elles-mêmes.

– Enfin, l’ONPES propose d’orienter la comptabilisation des dépenses d’assistance vers une présentation dynamique. Il s’agit de les considérer non seulement comme dépenses liées à la solidarité, mais aussi comme des « investissements sociaux ». Il suggère donc de concevoir une méthodologie pour comptabiliser et faire apparaître les divers domaines de dépenses publiques correspondantes comme des investissements sociaux.
 


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Action sociale »

Voir toutes les ressources numériques Action sociale