Coût de la vie en Outre-mer : « C’est un problème de coûts mais aussi un problème de revenus » d’après le ministre délégué aux Outre-mer

Publié le 25 août 2022 à 17h52 - par

Le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, estime que la constitution d’un panier de produits à prix régulé pourrait aider à faire baisser le coût de la vie à Mayotte comme dans les autres territoires ultramarins, mais que cela passe surtout par la création d’activité et de valeur.

Coût de la vie Outre-mer : "C'est un problème de coûts mais aussi un problème de revenus" d'après le ministre délégué aux Outre-mer

Il compte obtenir « un accord global » avec les fournisseurs « fin septembre, début octobre 2022 ».

M. Carenco a accordé cet entretien à l’AFP à Mamoudzou, pendant une visite à Mayotte où il accompagnait le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, de dimanche 21 à mardi 23 août 2022.

À Mayotte où 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, comment permettre une baisse du coût de la vie ?

Le problème de vie chère que l’on retrouve ici et sur toutes les îles est accentué par la pauvreté, par une population qui grandit à toute vitesse. C’est un problème de coûts mais aussi un problème de revenus. Il nous faut travailler sur le problème des revenus qui est une problématique globale. Il faut que cette île vive mieux. Parler de vie chère sans dire ça, c’est régler le problème pour cinq minutes. Je m’interdis de dire « réglons le problème de vie chère juste par des actions sur les prix ». Le problème est que cette île n’est pas suffisamment capable de produire ce qu’elle mange. C’est l’activité.

Le problème vient aussi de la trop faible création de valeur. C’est mon leitmotiv ici. Création de valeur veut dire responsabilisation, veut dire infrastructures, veut dire formation. Après, une fois que l’on a cette vision d’ensemble, que l’on sait ce qu’il y a à faire et comment, on peut intervenir coup par coup.

Existe-t-il des outils pour permettre aux Mahorais comme aux autres ultramarins de ne pas trop souffrir de l’inflation ?

J’ai découvert à La Réunion le bouclier qualité/prix. Ça consiste à faire exister une sorte de panier familial de consommation dans lequel on a un certain nombre de produits et sur lesquels il y a des engagements des uns et des autres pour peser sur les prix. Quel est le panier ? Ce ne sont évidemment pas les mêmes produits ici ou à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il nous faut redéfinir un panier qui soit plus large, plus profond, qui regroupe vraiment ce qui représente la réalité de la vie des gens. À partir de là, on regarde quelle est la chaîne de production du prix.

Soit la production locale qu’il faut développer, développer, développer. Ensuite, les transporteurs. C’est un débat que j’ai entamé avec M. Rodolphe Saadé (PDG de CMA-CGM) qui est le principal transporteur ici. J’ai eu un débat constructif avec lui qui est très attaché à la France d’Outre-mer. Le président l’a également reçu. Il s’agit de bloquer les prix avec l’idée très compliquée que transporter un conteneur de pommes de terre a le même prix que transporter un conteneur de bijoux en or. Il faut donc arriver à faire en sorte que le prix dépende de ce qui est transporté.

Quelle sera votre méthode pour arriver à faire baisser les prix des produits de ce panier ?

J’ai demandé au préfet de déterminer le panier et de rencontrer les acteurs locaux à ce sujet. Et de mon côté, à Paris, j’ai des rendez-vous successifs avec les grands fournisseurs. C’est comme ça que j’ai réussi à faire baisser le prix de l’essence ici de manière très forte. Ça compte. Je rencontre donc les acteurs nationaux voire internationaux et à la fin on va essayer de rassembler tout ça pour, fin septembre, début octobre 2022, sortir un accord global.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2022


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Action sociale »

Voir toutes les ressources numériques Action sociale