Les inégalités de niveau de vie se creusent en France

Publié le 6 juillet 2012 à 0h00 - par

La crise économique de 2009 touche plus fortement les personnes les plus modestes, confirme une étude de l’Insee.

Amorcée au printemps 2008, la crise économique a fortement ralenti la progression des niveaux de vie en 2009, vient confirmer une récente étude de l’Insee. Ainsi, alors que l’économie française est confrontée à la plus forte récession depuis l’après-guerre, le niveau de vie médian a augmenté d’à peine 0,4 % en euros constants, contre + 1,4 % par an, en moyenne, sur la période 1996-2008.

Ces chiffres masquent une réalité très contrastée. De fait, si la crise de 2009 se répercute sur l’ensemble de la population, les personnes les plus modestes se révèlent les plus touchées. Concrètement, le niveau de vie moyen des 10 % des personnes les plus modestes a reculé de 2,1 %. À l’autre bout de l’échelle des revenus, le niveau de vie moyen des 10 % des personnes les plus aisées ne s’est tassé que de 1,2 %. Conséquence de ce triste constat : les inégalités de niveau de vie ne cessent de se creuser en France !

Le recul marqué du niveau de vie pour les personnes les plus modestes est lié, en premier lieu, à la dégradation du marché du travail, observe l’Insee. D’après l’enquête Emploi, le taux de chômage est passé de 7,4 % en 2008 à 9,1 % en 2009. « Dans le bas de la distribution des niveaux de vie, le nombre de chômeurs, déjà plus important, augmente », précise l’étude. Les chômeurs représentaient 13,8 % des personnes de 18 ans et plus parmi les 20 % les plus modestes en 2009, contre 12 % en 2008, soit une augmentation de 1,8 point.

La composition du revenu disponible des ménages les plus modestes en est affectée, poursuit l’Insee. Ainsi, les revenus du travail, salaires ou revenus tirés d’une activité indépendante, diminuent, les allocations chômage et minima sociaux venant quelque peu atténuer la baisse des niveaux de vie. Au total, pour les 10 % des ménages les plus modestes, la part des revenus du travail nets a diminué de 2,4 points (de 32,7 % à 30,3 %) en 2009, au profit de celle des prestations sociales, dans un revenu disponible globalement plus faible, ont calculé les auteurs de l’étude.

À noter que des mesures ponctuelles mises en place en 2009 ont permis de modérer les effets de la crise sur les ménages modestes, indique l’Insee. Ainsi, deux primes forfaitaires exceptionnelles ont été versées aux familles : la première de 150 euros, au titre de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) ; la seconde de 200 euros, dite « prime de solidarité active », au titre du revenu minimum d’insertion (RMI), de l’allocation de parent isolé (API) ou d’une aide au logement.

Par ailleurs, le revenu de solidarité active (RSA), qui s’est substitué à partir de juin 2009 au RMI et à l’API, a aussi apporté un complément de revenu à des travailleurs faiblement rémunérés, appelé RSA activité. Ce volet complémentaire et les deux primes exceptionnelles ont représenté au total 1,4 % du revenu disponible des 10 % des ménages les plus modestes, a calculé l’Insee.
 

Pour en savoir plus : Les revenus et le patrimoine des ménages, Insee Références, Édition 2012, publiée le 4 juillet