Animer des ateliers thérapeutiques pour des malades d’Alzheimer

Publié le 25 avril 2012 à 0h00 - par

Avec l’arrivée de plus en plus tardive des personnes âgées en maison de retraite, les patients atteints de maladie d’Alzheimer ou de pathologies apparentées sont de plus en plus nombreux. Il n’en demeure pas moins que ces personnes doivent vivre dans les meilleures conditions possibles, d’où la nécessité de mettre en place des ateliers thérapeutiques. Mais quels sont les signes de la maladie d’Alzheimer ? Comment organiser des animations adaptées ? Qu’entend-on par atelier thérapeutique ?

Avant d’essayer de comprendre le sens de « l’atelier thérapeutique », citons une maxime de Vladimir Jankélévitch : « Le temps est le seul contenant qui pèse plus lourd quand on le vide ». En mettant en place des ateliers, l’équipe soignante cherche à combler ce temps vide, générateur d’angoisse et d’exclusion chez les personnes âgées atteintes de maladies d’Alzheimer et de démences apparentées.
 

En quoi, faire un atelier avec ces personnes peut-il être thérapeutique ?

Pour tenter de répondre à cette question, il faut s’en poser une autre, primordiale : quels sont les besoins des personnes âgées vivant en institutions ?

Cette question va être la base de la réflexion du personnel soignant et de l’équipe d’animation afin d’adapter l’atelier aux personnes avec lesquelles ils vont travailler. Ceci signifie que tout projet d’atelier est possible à mettre en place si l’on fait en sorte de l’adapter de façon cohérente avec envie en tenant compte du lieu de vie, des demandes des désirs, de l’histoire de vie des résidents… Si les animateurs d’un groupe proposent cet atelier sans envie, sans maîtrise, sans projet, il sera difficile de motiver ces personnes qui n’ont plus envie de rien et se sentent inutiles.
 

Aider les personnes à se réinvestir dans leur vie

Le rôle des soignants, des accompagnants, est de permettre à ces personnes de se réinvestir dans la vie, dans leur vie… sans oublier la maladie et la dépendance qui les ont amenées à une vie non choisie en institution.

Pour les accompagner au mieux, il est nécessaire de toujours garder à l’esprit la notion de rythme. C’est à l’institution d’aller au rythme de la personne et non l’inverse ! Mais par manque de temps, de moyens, il faut aller vite, faire à la place… Dans ce cas-là, nous ne sommes plus dans l’accompagnement mais dans l’assistanat. Parler d’accompagnement implique d’être au rythme de la personne, de l’aider si nécessaire, de prendre le temps de formuler et de reformuler ses phrases, ses actes (prévenir avant de faire). Si l’animateur reste dans cette logique il doit tout autant adapter les ateliers en fonction des handicaps, ce qui demande un réel travail de préparation.
 

Attention aux idées reçues

Le soignant doit faire en sorte, par une préparation préalable, d’adapter l’atelier à la personne en situation de handicap. Par exemple, une personne atteinte d’aphasie (qui ne parle pas) aura quand même du plaisir à être dans un groupe de parole ! Ne plus parler ne veut pas dire ne plus comprendre !

Tous les ateliers proposés ne sont que des prétextes à être ensemble, quel que soit le support utilisé qui n’est qu’une médiation à la relation. Être ensemble au sein d’un groupe est important car cela va permettre à la personne dépendante d’y trouver une place, d’exister à nouveau en tant que personne avec la possibilité de s’exprimer, de donner son avis, de dire ses souffrances, son histoire… « Ce que vous pensez m’intéresse !… ».
 

Permettre aux personnes d’exister à nouveau

Ne pas être seul, retrouver un rôle, être reconnu en tant que personne, voici autant de stimulations amenant le désir. De ce désir va naître le plaisir. Plaisir à Être, plaisir à Exister, plaisir narcissique permettant d’évoquer son vécu.

Ce qui explique aussi que les ateliers « groupes de parole » soient plus nombreux que les ateliers « vie quotidienne ». En effet, tout ce qui concerne la vie quotidienne requiert parfois des capacités praxiques et cognitives plus importantes, engageantes que les groupes de parole où il est plus facile de donner le change, de donner une image assurée (un vernis).
 

Tout a un sens

Tous les temps forts décrits dans les fiches techniques éditées par les Éditions Weka ausein de l’ouvrage L’Animation en maison de retraite, ont un sens et répondent de façon adaptée aux différents symptômes de la maladie d’Alzheimer ainsi que sur ce que ressent la personne âgée dans sa vie en institution (isolement, solitude, rupture familiale, etc.).

N’oublions pas non plus que la maladie d’Alzheimer est une maladie de la peur et qu’elle nécessite donc que les animateurs puissent, au travers des différents ateliers, rassurer la personne en proie à une perpétuelle inquiétude.

 

 

Pour aller plus loin :

Animer en Humanitude

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L’approche de l’animation en Humanitude tend à reposer les fondamentaux de l’accompagnement en tenant compte du respect et du droit citoyen. Si cette citoyenneté est mise à mal par la maladie, comment le droit d’une personne ...

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