Un meilleur accès aux soins médico-sociaux pourrait réduire les dépenses de santé des seniors

Publié le 3 août 2023 à 9h00 - par

Une récente étude de l’IRDES analyse l’impact des inégalités territoriales en matière d’accessibilité aux soins médico-sociaux sur les dépenses de santé des seniors.

Un meilleur accès aux soins médico-sociaux pourrait réduire les dépenses de santé des seniors
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Garantir l’accès aux soins à la fois sanitaires et médico-sociaux s’avère essentiel pour assurer la qualité de prise en charge des seniors. Mais, si les disparités territoriales d’accessibilité aux soins médicaux sont largement documentées, peu d’attention a, jusqu’à présent, été portée aux inégalités d’accès aux soins médico-sociaux. La politique médico-sociale étant en partie décentralisée en France, les niveaux de financement et les politiques de régulation de l’offre varient d’un territoire à l’autre. Ainsi, le niveau de financement via l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) diffère selon les départements. De même, les politiques départementales de régulation de l’offre peuvent fluctuer, ainsi que l’attractivité des territoires pour les offreurs de soins, et créer des inégalités d’accessibilité aux soins en fonction du lieu de résidence des seniors.

Pour tenter d’y voir plus clair, l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) a récemment publié une étude sur ces inégalités territoriales (Questions d’économie de la Santé n° 279, mai 2023). Objectifs : analyser les variations territoriales de financement et d’accessibilité des soins médico-sociaux et mesurer leurs liens avec les dépenses de santé des seniors. L’étude se concentre sur une population ayant des besoins de soins multiples, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et syndromes apparentés.

Les disparités de financements et d’accessibilité des soins médico-sociaux peuvent impacter les dépenses de santé par deux mécanismes, explique l’IRDES. Premièrement, il peut y avoir une substitution entre les soins médicaux et médico-sociaux. Cette substitution peut parfois être imposée lorsque les alternatives aux soins de santé font défaut dans le secteur médico-social, par exemple en retardant le retour au domicile après une hospitalisation faute de disponibilité de soins médico-sociaux à domicile ou en établissement. Deuxièmement, il peut y avoir un effet de retard de soins : le manque d’accès aux soins médico-sociaux peut créer des besoins de soins non satisfaits, qui contribuent à la détérioration de l’état de santé des personnes fragiles (provoquant des chutes, de la déshydratation…) et augmentent le besoin de soins médicaux ambulatoires ou hospitaliers plus chers.

En se concentrant sur la population âgée fragile que constituent les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et syndromes apparentés, l’étude évalue la relation entre les dépenses de santé et deux sources d’inégalité d’accès aux soins : géographique et financière.

Un senior sur quatre vit dans une zone moins bien dotée à la fois en offre médico-sociale à domicile et en établissement, rapporte l’IRDES. Ainsi, environ 1,5 million de personnes âgées de 75 ans et plus, soit près de 25 % de cette population, résident dans des territoires de vie pour lesquels le niveau d’offre de l’ensemble des acteurs identifiés dans la classification – Ehpad, résidences autonomie, infirmières libérales, services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) – est inférieur à la moyenne nationale. Ces territoires moins bien dotés en offre médico-sociale se retrouvent dans l’ensemble des départements, mais s’avèrent plus présents en Île-de-France, dans les Alpes, le Jura, en Charente-Maritime, en Dordogne ou en Alsace-Moselle.

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et syndromes apparentés qui habitent dans les territoires dotés d’un bon niveau d’offre et de financement médico-social ont moins de dépenses hospitalières, observe l’étude. De fait, ces patients ont des dépenses d’hospitalisation inférieures de 3 % à 4 % par rapport à ceux résidant dans des territoires de vie avec une faible offre médico-sociale. De même, les dépenses de soins de suite et de réadaptation (SSR) sont de 7 % moins élevées en moyenne dans les territoires ayant une offre plus importante de SAAD par rapport aux zones moins bien pourvues en offre médico-sociale.

Les résultats de l’étude suggèrent que les différents prestataires de soins primaires et médico-sociaux, complémentaires, peuvent éviter les hospitalisations, assure l’IRDES. Ainsi, l’intégration des politiques de régulation de l’offre médicale et médico-sociale peut contribuer à réduire les inégalités locales d’accès aux soins et à améliorer la qualité de prise en charge pour les seniors, ajoute l’Institut. « Dans l’ensemble, cette étude confirme la forte interdépendance entre les secteurs des soins primaires, médico-sociaux et hospitaliers, de même que la nécessité d’évaluer l’efficience relative des différents modèles de soins, de réduire les inégalités sociales et économiques dans l’accès aux soins médico-sociaux afin d’améliorer l’efficience du système de santé et d’assurer sa soutenabilité », conclut l’IRDES.


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