Selon l’AMF et la Mutualité Française, l’accès aux soins se dégrade

Publié le 21 décembre 2023 à 11h30 - par

L’AMF et la Mutualité Française viennent de publier la 2e édition de leur baromètre santé-social.

Selon l’AMF et la Mutualité Française, l’accès aux soins se dégrade
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L’Association des Maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF) et la Mutualité Française ont publié, fin novembre 2023, leur 2e baromètre santé-social. Avec cette 2e édition, l’AMF et la Mutualité Française « contribuent à éclairer le débat public sur l’accès aux soins, la santé environnementale et l’action sociale », se félicitent leurs présidents respectifs, David Lisnard et Éric Chenut.

L’état des lieux réalisé dans ce 2e baromètre confirme des tendances déjà observées en décembre 2020, lors de la publication de sa première édition. Il dresse un panorama de la situation à partir d’indicateurs issus de sources publiques et expose des solutions mises en œuvre par les acteurs de terrain. Il met également en évidence les initiatives conjointes engagées par les acteurs mutualistes et les municipalités dans ces domaines. Cette 2e édition permet de suivre l’évolution des indicateurs de la précédente et d’en tirer des enseignements. « Trois ans après la première édition, force est de constater que la situation ne connaît pas d’amélioration notable dans les domaines visés par notre baromètre, déplorent David Lisnard et Éric Chenut. L’offre de soins est toujours très inégalement répartie, même si les acteurs de santé se coordonnent mieux, grâce à des outils comme les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). » Sur la santé environnementale, ils relèvent que la qualité de l’eau se détériore. Plus globalement, la population fait face à des risques environnementaux très différenciés selon la taille de la commune et le niveau de revenu. Enfin, sur l’action sociale, « le taux d’équipement moyen en établissements pour personnes âgées est en recul », pointent les présidents de l’AMF et de la Mutualité Française.

Une offre de soins médicale en baisse et inégalement répartie

Le nombre de médecins généralistes a diminué de près de 2 % entre 2019 et 2022, ce qui représente près de 1 900 médecins en activité en moins. « Ainsi, globalement, les disparités entre les territoires se sont accentuées et les difficultés d’accès aux soins se sont renforcées », rapporte ce 2e baromètre. À titre d’illustration, le Cher compte 97 médecins pour 100 000 habitants en 2022 (- 9 % par rapport à 2019) et la Seine-Saint-Denis 99 médecins pour 100 000 habitants (- 9 % également). A contrario, certaines zones sur-denses accentuent leur écart. Notamment les Hautes-Alpes, qui, avec 291 médecins pour 100 000 habitants, occupent le haut du classement en termes d’évolution : + 17 % !

En France, 87 % de la population vit désormais dans un désert médical et 6,7 millions de Français n’ont pas de médecin traitant, soit 11 % de la population, dont 714 000 patients sont en affection de longue durée, peut-on lire dans cette nouvelle édition du baromètre. Parallèlement, la permanence des soins ambulatoires – dispositif de prise en charge des demandes de soins non programmés par les médecins généralistes aux horaires de fermeture des cabinets libéraux (le soir, la nuit, le week-end et les jours fériés) – est en recul. « Forte de l’engagement des maires et des présidents d’intercommunalité », l’AMF plaide donc pour qu’ils soient mieux associés à l’élaboration des politiques de santé, à l’échelle nationale et locale.

La santé environnementale

Selon le baromètre AMF-Mutualité Française, la qualité de l’eau et de l’air s’avère variable selon les départements. Et, si la qualité de l’eau de distribution est globalement bonne, celle-ci semble se détériorer. Par ailleurs, le baromètre constate « une superposition des inégalités sociales et environnementales. »

L’action sociale

  • L’accueil de la petite enfance

L’accueil de la petite enfance et le soutien à la parentalité sont des compétences facultatives pour les communes et les intercommunalités, rappellent l’AMF et la Mutualité Française. Quoi qu’il en soit, entre l’année 2017, observée dans le précédent baromètre, et l’année 2020, l’offre d’accueil formel a diminué de 4 % (- 50 600 places), principalement sous l’effet de la réduction du nombre de places auprès d’assistants maternels et à l’école préélémentaire, alors que l’accueil collectif offre 30 200 places supplémentaires. Entre 2019 et 2020, l’offre d’accueil a connu la baisse la plus forte enregistrée depuis 2015 (- 2,8 %). « La diminution du nombre d’enfants de moins de 3 ans sur la période compense en partie le besoin d’offre lié à la réduction du nombre de places, puisque le nombre de places rapporté au nombre d’enfants de moins de 3 ans ne diminue que de 58,9 à 58,8 (- 0,2 %) », précise le baromètre.

En revanche, les écarts territoriaux s’accentuent. Ainsi, entre le département le mieux doté (Mayenne, avec 83,1 places pour 100 enfants) et le moins bien doté (Guyane, avec 11,1 places pour 100 enfants), le rapport s’établit de 1 à 7. En métropole, le taux de couverture le plus faible reste observé en Seine-Saint-Denis : il est stable par rapport à 2017 à 32,2 places pour 100 enfants, soit un niveau 2,6 fois inférieur à celui observé dans le département le mieux équipé (Mayenne). En 2020, les 20 départements les mieux dotés présentent un taux d’accueil de 1,6 fois supérieur à celui des 20 départements les moins bien dotés.

  • La prise en charge des personnes âgées

Le taux d’équipement moyen en établissements pour personnes âgées s’établit en à 114,8 places pour 1 000 personnes de 75 ans et plus, à fin 2021. Ce taux est en baisse depuis fin 2018 (données observées dans le précédent baromètre), où il s’élevait à 124,3 places pour 1 000 personnes, malgré une forte augmentation de la population des 75 ans et plus, sur la période, selon les données de la Drees. Le taux d’équipement en établissements pour personnes âgées varie sur le territoire, poursuit le baromètre. Il s’avère plus élevé dans les départements ruraux : le taux d’équipement est de 195,8 places pour 1 000 habitants de 75 ans ou plus en Lozère, contre seulement 84,3 à Paris et 34,7 à La Réunion. L’offre de places en établissements varie ainsi dans un rapport de 1 à 5,6 entre les départements.

« Ce constat global doit tous nous mobiliser, concluent David Lisnard et Éric Chenut. Y faire face réclame de trouver à court terme des solutions pour améliorer la prise en charge des vulnérabilités. Les choix d’organisation et de financement qui en découlent sont déterminants. Par ailleurs, la question des moyens pour outiller les collectivités territoriales afin de mieux utiliser les données (data) à leur disposition et gagner en efficience par une meilleure territorialisation des politiques publiques se pose. »


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