Sauver les pharmacies dans les communes rurales

Publié le 16 avril 2024 à 8h15 - par

Le Sénat vient d’adopter une proposition de loi visant à préserver l’accès aux pharmacies dans les communes rurales.

Sauver les pharmacies dans les communes rurales
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Chaque mois, 25 pharmacies ferment en France. Entre 2007 et  2023, notre pays a perdu 4 000 officines. En 2023, le nombre de pharmacies est passé sous la barre des 20 000, avec une érosion qui s’accélère : 236 fermetures en 2023, contre 171 en 2022. Ces nombres sont rapportés par les sénateurs auteurs de la proposition de loi tendant à préserver l’accès aux pharmacies dans les communes rurales, votée en première lecture le 11 avril 2024.

Si la notion de désert médical est, le plus souvent, synonyme d’un difficile accès aux médecins, « on doit également s’inquiéter de la disparition régulière de pharmacies dans les zones à faible densité démographique », insistent les rédacteurs du texte. Dans les grandes villes, dont beaucoup sont surdotées, la suppression de pharmacies par restructuration n’est pas forcément impactante, reconnaissent les sénateurs. En revanche, cette évolution s’avère « très préoccupante dans les petites communes, qui ont bien souvent déjà vu partir le médecin généraliste ».

Faute de repreneur, des communes, en particulier en zone rurale, se retrouvent du jour au lendemain sans pharmacie et les usagers contraints de se déplacer à des kilomètres de chez eux pour trouver des médicaments. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) considère que « 3 à 5 % de la population française vit aujourd’hui dans des territoires considérés comme fragiles au regard de leur offre pharmaceutique. » Soit des patients qui pourraient effectuer jusqu’à 30 minutes ou plus de trajet pour se rendre dans l’officine la plus proche.

Pourtant, le pharmacien est devenu un acteur de santé de proximité et parfois même la première entrée dans le système de soins, poursuivent les auteurs de la proposition de loi. L’épidémie de Covid-19 a d’ailleurs « démontré le rôle essentiel des pharmaciens au sein de la chaîne sanitaire, et l’impérieuse nécessité d’avoir un maillage territorial d’officines suffisamment dense pour bien répondre aux situations de crise », rappellent ces sénateurs. Pour mémoire, en mars 2020, le président de la République avait déclaré : « Ce que révèle la pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être en dehors des lois du marché. » « Si l’activité de pharmacien est bien entendu libérale et dépendante de sa viabilité économique, il revient aux pouvoirs publics de créer les conditions pour qu’elle puisse s’exercer dans tous les territoires, afin de maintenir l’égal accès aux soins de tous, un principe rappelé dans la loi » pointe les signataires de la proposition de la loi.

Au-delà de l’enjeu sanitaire, cette question rejaillit également sur l’attractivité des petites communes. « Avec le café, la poste et l’épicerie, la pharmacie participe d’un écosystème de vie économique et de lien social », soulignent les parlementaires.

L’ordonnance n° 2018-3 du 3 janvier 2018 relative à l’adaptation des conditions de création, transfert, regroupement et cession des officines de pharmacie a modifié les conditions générales d’autorisation d’ouverture des officines afin d’assurer un maillage pharmaceutique qui réponde aux besoins de la population. Ainsi, les communes de moins de 2 500 habitants auront la possibilité d’être regroupées avec des communes contiguës afin qu’une officine puisse s’implanter. Selon l’article L. 5125-6-1 du Code de la santé publique, il faudra toutefois que le nombre total d’habitants des communes regroupées dépasse le seuil de 2 500 habitants et que l’une des communes recense au moins 2 000 habitants.

« Alors que la France compte 29 393 communes de moins de 2 000 habitants, cette nouvelle disposition méconnaît la réalité du terrain, notamment en milieu rural », s’insurgent les rédacteurs du texte. Aussi, l’article unique de leur proposition de loi vise à assouplir les conditions d’ouverture des officines dans les petites communes, afin de lutter contre les déserts pharmaceutiques. Le texte a été transmis à l’Assemblée nationale pour une première lecture.


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