La médecine de ville allemande pourrait « inspirer » la France, selon un rapport de l’Irdes

Publié le 9 avril 2024 à 8h00 - par

L’Allemagne, dont les dépenses de santé sont comparables à la France, dispose d’une médecine de ville à la gestion « décentralisée », « co-gérée » avec les professionnels de santé et « plus régulée », qui pourrait inspirer l’Hexagone, analyse une étude de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé parue le 28 mars 2024.

La médecine de ville allemande pourrait "inspirer" la France, selon un rapport de l'Irdes
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Parmi les pays de l’OCDE, l’Allemagne est numéro deux en termes de dépenses de santé (12,7 % du PIB), juste devant la France (12,1 %), et derrière les États-Unis (16,6 %).

La quasi-totalité des Français sont couverts par l’assurance maladie obligatoire, contre 87 % des Allemands qui peuvent, au-dessus d’un certain niveau de revenus, la quitter pour une assurance privée, observe ce rapport de l’Institut de recherches et de documentation en économie de la santé (Irdes), en collaboration avec le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCfips).

Le système hospitalier allemand apparaît « moins efficient » qu’en France, mais l’organisation de la médecine de ville « semble porteuse d’enseignements », a résumé, lors d’une conférence de presse, le directeur de l’Irdes, Denis Raynaud.

La densité globale en médecins est « proche », mais les généralistes représentent 56 % des médecins de ville en France contre 36 % en Allemagne.

La majorité des cabinets individuels en Allemagne font travailler des assistants médicaux et infirmiers, ou internes – en moyenne 5,2 équivalents temps plein. Cela permet d’assurer « un volume d’activité élevé, en réduisant de moitié par rapport à la France le temps médical par patient », souligne l’étude.

Seuls 5 % des généralistes français disposaient début 2022 d’un assistant médical et 5 % d’un autre paramédical.

L’installation est régulée en Allemagne : les médecins doivent obtenir une licence, délivrée par les associations de médecins en fonction des besoins de santé, et leur répartition est « bien meilleure qu’en France », selon M. Raynaud.

En France, les médecins sont rémunérés essentiellement « à la consultation », avec en complément un « forfait » qui dépend du nombre de patients suivis. En Allemagne, cette part forfaitaire est plus importante et le tarif de la consultation dépend des actes pratiqués. La tarification est « plus simple » (3 000 actes référencés contre 13 000) et régulièrement renégociée.

Les médecins allemands touchent quatre fois le salaire moyen, contre trois fois en France, avec des disparités moins fortes : les généralistes ont une rémunération quasi-équivalente aux chirurgiens (c’est moitié moins en France). Les dépassements d’honoraires sont impossibles dans le système universel allemand.

« Le suivi de la qualité des soins est plus avancé », juge l’étude. Les médecins allemands, contrôlés par leurs pairs, ont tendance à limiter les coûts des prescriptions, notamment via l’utilisation des génériques.

En Allemagne, la prise en charge de la santé mentale « s’appuie beaucoup » sur les 31 000 psychothérapeutes non-médicaux conventionnés (pour 6 000 psychiatres). La France, elle, consomme « 15 fois plus » d’anxiolytiques, a noté M. Raynaud.

À l’hôpital en revanche, l’étude pointe « un excédent structurel de lits avec peu d’incitations à l’efficience » en Allemagne, avec, depuis l’épidémie de Covid-19, un faible niveau d’activité qui met en danger la viabilité du système.

L’hospitalisation ambulatoire y est beaucoup moins développée, ajoute l’étude, mais les deux pays souffrent des mêmes problèmes d’attractivité des carrières.

En Allemagne toutefois, les internes sont mieux payés : 150 % du salaire moyen en quatrième année, contre 75 % en France.

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