Un sondage IPSOS pour la FHF confirme la dégradation de l’accès aux soins

Publié le 2 avril 2024 à 9h15 - par

Plus de la moitié des Français disent s’être déjà rendus dans un service d’urgence pour des raisons qui ne relevaient pas d’une urgence médicale.

Un sondage IPSOS pour la FHF confirme la dégradation de l'accès aux soins
© Par ipopba - stock.adobe.com

Pour la Fédération hospitalière de France (FHF), IPSOS a interrogé les Français sur leur accès et leur recours aux soins de santé. Présentés le 18 mars 2024, les résultats du sondage montrent un accès aux soins de plus en plus difficile en France. Malgré une acceptation croissante de la distance entre domicile et infrastructures de santé, les disparités territoriales accentuent les difficultés d’accès aux soins. Avec un temps d’attente pour les rendez-vous en nette augmentation, une surcharge des urgences et une dégradation de l’offre de soins, cette situation conduit de plus en plus de Français à renoncer aux soins, avec des conséquences parfois graves, rapporte l’institut de sondage. « Depuis le début de la pandémie de Covid, notre système de santé est entré dans une mutation profonde, rapide. Dans ce contexte, si l’activité a globalement repris, nous nous inquiétons d’un recours aux soins insuffisant dans plusieurs disciplines, susceptible de former une forme de dette de santé publique, qui pourrait bien devenir une bombe à retardement de santé publique si nous ne prenons pas le sujet à bras le corps. Nous parlons de choses très concrètes, par exemple de délais de diagnostics sur certains cancers qui reportent d’autant une chirurgie qui serait nécessaire », alerte le président de la FHF, Arnaud Robinet.

Un accès aux services de soins toujours plus difficile

Si les Français se révèlent de plus en plus conciliants sur la distance qu’ils jugent acceptable entre leur domicile et les différentes infrastructures de santé, l’accès aux services de soins est de plus en plus compliqué. Ainsi, depuis 2019, les temps d’accès aux soins ont augmenté de manière significative pour tous les services, sans exception. Exemples : de 9 à 13 mn pour un pharmacien d’officine, de 13 à 19 mn pour un médecin généraliste de ville, de 16 à 23 mn pour un dentiste, de 23 à 28 mn pour un service d’urgence, de 25 à 30 mn pour un hôpital de proximité, de 26 à 32 mn pour une maternité…
En outre, à l’exception du médecin généraliste et du pharmacien, les ruraux sont toujours pénalisés dans leur accès aux services de soins, avec des distances aux différents professionnels nettement plus importantes et bien au-delà du temps jugé « acceptable ». En moyenne, le temps d’accès aux soins pour les ruraux est généralement supérieur de 52 % à celui des urbains, a calculé l’institut de sondage.

Parallèlement, tous territoires confondus, le temps d’attente pour obtenir un RDV a, lui, presque doublé en 5 ans sur la majorité des spécialités ! Exemples :

  • Généraliste : 10 jours en 2024, contre 4 jours en 2019 ;
  • Pédiatre : 3 semaines et 3 jours en 2024, contre 2 semaines et 4 jours en 2019 ;
  • ORL : 2 mois en 2024, contre 1 mois et 1 semaine en 2019 ;
  • Gynécologue : 2 mois en 2024, contre 1 mois et 3 semaines en 2019 ;
  • Cardiologue : 2 mois et 2 semaines en 2024, contre 1 mois et 3 semaines en 2019.

La saturation des urgences

Cette dégradation de l’offre de soins n’est pas sans conséquence pour les urgences publiques, dont le sur-recours n’a cessé d’augmenter. Ainsi, 54 % des Français disent s’être déjà rendus dans un service d’urgence pour des raisons qui ne relevaient pas d’une urgence médicale (contre 42 % en 2019) ! Par ailleurs : près d’un quart des Français choisit les urgences faute d’alternative et un Français sur cinq dit même aller aux urgences par simple réflexe ; observe l’IPSOS. « Ce phénomène traduit notamment le besoin de mieux organiser le lien ville-hôpital et la nécessité d’un premier recours plus fort », explique l’institut de sondage. En effet, dans 32 % des cas, le patient est venu aux urgences faute de savoir où d’autre se rendre ; dans 30 % des cas, à la suite d’un refus de prise en charge non programmée par un médecin généraliste ou spécialiste de ville.

Les Français renoncent de plus en plus aux soins

Entre difficulté d’accès aux soins et difficultés économiques, plus de six Français sur dix ont déjà renoncé à au moins un acte de soin au cours des 5 dernières années. À savoir :

  • 50 % parce que c’était trop long d’obtenir un RDV ;
  • Plus de 40 % pour des difficultés financières ;
  • Et un tiers à cause de l’éloignement géographique.

Par ailleurs, un Français sur deux a déjà vécu un retard de soins à l’hôpital au cours des 5 dernières années en raison de la surcharge de travail du service ou du médecin, ou de la difficulté à y obtenir un rendez-vous que ce soit pour lui ou pour un proche. Lorsqu’ils ont été confrontés à ces situations, plus d’un Français sur trois déclarent que ces reports de soins ont eu des conséquences graves pour eux, et plus d’un Français sur deux rapportent des conséquences graves pour leurs proches, prévient IPSOS. En parallèle, quatre malades chroniques (ou concernés par un handicap physique) sur dix partagent le constat que leur prise en charge médicale s’est détériorée depuis le Covid-19, conclut l’institut de sondage.


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Santé »

Voir toutes les ressources numériques Santé