Bientraitance des personnes âgées : les EHPAD progressent

Publié le 17 octobre 2016 à 11h13 - par

L’ANESM a récemment publié les résultats de sa 3e enquête nationale sur la bientraitance des personnes âgées accueillies en établissement.

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L’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) a présenté, mi-septembre, les résultats complets de sa 3e enquête nationale sur le déploiement des pratiques professionnelles concourant à l’amélioration de la qualité de vie (bientraitance) dans les EHPAD. L’Agence se félicite d’une « participation massive » : près de 80 % de répondants (3 229 établissements) sur un échantillon de 4 200 EHPAD interrogés.

Les résultats de l’enquête mettent en évidence deux points forts, souligne l’ANESM. Tout d’abord, l’Agence constate « une nette amélioration des pratiques concourant à la bientraitance et à la qualité de vie des personnes âgées réalisées par les EHPAD en cinq ans au regard des recommandations de bonnes pratiques professionnelles ». Pour autant, les structures doivent poursuivre leurs efforts pour être mieux connues sur leur territoire, intégrer les filières gériatriques, promouvoir leurs offres en matière d’accompagnement et mieux faire connaître leur spécificité, notamment auprès du public. « Ces éléments sont d’autant plus importants que l’on sait aujourd’hui qu’ils participent à la préparation à l’entrée en EHPAD et donc influent sur la qualité de vie perçue par le résident », insiste l’ANESM. Ensuite, prêchant pour sa paroisse, l’Agence pointe le « rôle déterminant » de ses recommandations sur les pratiques des professionnels en EHPAD. Selon elle,  « il y a corrélation entre le fait de travailler en équipe les recommandations de bonnes pratiques et leur mise en œuvre au sein de l’établissement ».

L’ensemble des EHPAD, publics comme privés, sont représentés dans cette vaste enquête, permettant ainsi de comparer les pratiques professionnelles mises en œuvre pour chaque thématique abordée, précise l’ANESM. Onze thématiques ont été interrogées. Nous en avons extrait les principaux enseignements à retenir.

L’accueil et l’évaluation initiale

L’Agence enregistre d’importants progrès entre les enquêtes de 2010 et 2015 dans l’attention portée par les équipes à l’accueil des personnes. « C’est un axe de progrès majeur quand on sait que l’accueil impacte durablement l’adaptation et la qualité de vie perçue par la personne au sein de son nouveau lieu de vie. »

Pour préparer les admissions, est surtout privilégiée l’organisation de visites de l’EHPAD. En moyenne par établissement, 61 % des nouveaux résidents ont ainsi bénéficié d’une visite préalable de l’établissement avant leur arrivée dans l’EHPAD. Et, pour permettre aux personnes de prendre rapidement des repères dans l’établissement, on note une volonté de personnalisation de l’accueil : possibilité d’aménager leur chambre, présentation aux autres résidents, petite attention de bienvenue… Les EHPAD privés lucratifs personnalisent plus que les autres l’accueil du résident. Cependant, l’organisation de séjours temporaires reste rare, les deux tiers des EHPAD (66 %) n’ayant jamais recours à cette pratique.
Comparativement à 2010, l’enquête observe également une nette amélioration des pratiques de recueil du consentement et des attentes du résident :

  • 72% des EHPAD réalisent systématiquement le recueil du consentement des nouveaux résidents (contre 50 % en 2010) ;
  • 84 % des EHPAD recueillent systématiquement les attentes du résident (contre 51 % en 2010) ;
  • 79 % des EHPAD recueillent systématiquement les attentes de l’entourage (contre 48 % en 2010).

« Aujourd’hui, environ les trois quarts des EHPAD réalisent systématiquement ces recueils, alors qu’en 2010 environ la moitié des EHPAD les réalisaient systématiquement », résume l’ANESM.

Le projet personnalisé

En moyenne par établissement, près des deux tiers (64 %) des personnes accompagnées disposaient, au moment de l’enquête, d’un projet personnalisé formalisé, élaboré en équipe pluridisciplinaire et global (c’est-à-dire incluant les différentes dimensions de l’accompagnement). Selon l’enquête, les petits EHPAD, ainsi que les EHPAD privés lucratifs, formalisent plus souvent le projet personnalisé (69 % pour ceux de moins de 50 places, et 77 % pour les privés lucratifs). Les établissements accueillant un public moins dépendant formalisent moins souvent le projet personnalisé.

Pour l’élaboration et le suivi de projet, les résidents ont systématiquement un professionnel référent dans près de 2 EHPAD sur 3. Cette pratique est plus courante dans le secteur public (67 %) que dans le secteur privé non lucratif (63 %) ou privé lucratif (59 %). Néanmoins, les EHPAD ont moins tendance qu’auparavant à réévaluer systématiquement les projets personnalisés lorsque la situation des usagers change ou sur demande des personnes concernées (comparativement à 2009 et 2010). Ainsi, seuls un tiers (34 %) des EHPAD réévaluent systématiquement les projets personnalisés en cas de modification des potentialités de la personne accueillie.

L’accompagnement de la fin de vie

La formation à l’accompagnement de la fin de vie, l’identification d’une personne de confiance, le recours à des compétences externes (HAD, équipes mobiles…), ainsi que l’accueil des familles auprès du résident pour accompagner ses derniers moments de vie apparaissent comme des enjeux forts des plans et programmes nationaux. Près des deux tiers des EHPAD (65 %) mettent en œuvre ces quatre pratiques au sein de leur établissement.

Le Conseil de la vie sociale (CVS) et les autres formes de participation largement institués en EHPAD

Au moment de l’enquête, les trois quarts (74 %) des EHPAD avaient un CVS organisant au moins trois réunions annuelles. Les établissements privés non lucratifs sont ceux qui, proportionnellement, comptent le plus de CVS « opérationnels », c’est-à-dire comptant trois réunions ou plus par an. Les EHAPD privés lucratifs ont plus tendance que les autres à associer l’ensemble des résidents en amont et en aval des réunions du CVS et à solliciter par d’autres moyens les personnes dans l’incapacité de s’exprimer (bien que, sur ce dernier point, d’importantes marges de progression existent). Ils analysent aussi plus que les autres EHPAD les résultats de l’expression des personnes accueillies.

Le CVS est surtout saisi par les résidents ou les familles des résidents pour des questions relatives au fonctionnement de l’établissement, mais aussi parfois pour informer de difficultés spécifiques. Les saisines relatives à des situations de maltraitance sont plus rares, mais existent tout de même dans une petite proportion d’EHPAD (18 %). Au total, la quasi-totalité (96 %) des EHPAD ont mis en place des formes de participation alternatives au CVS.

La liberté d’aller et venir

Une proportion importante des nouveaux arrivants au sein des EHPAD sont libres d’aller et venir, mais plus particulièrement à l’intérieur des établissements, note l’enquête. En moyenne par EHPAD, 73 % des nouveaux résidents (c’est-à-dire parmi les 10 derniers résidents accueillis) ont fait l’objet d’une évaluation des risques et bénéfices de la liberté d’aller et venir au sein de l’établissement.

Des évaluations des risques et bénéfices de la liberté d’aller et venir des nouveaux résidents sont souvent mises en place par les structures et impliquent généralement les résidents ou leur entourage. En moyenne par EHPAD, plus de la moitié (55 %) des nouveaux résidents sont impliqués dans ces évaluations (que celles-ci portent sur la liberté d’aller et venir à l’intérieur ou à l’extérieur de l’établissement).

L’organisation du travail et la formation du personnel

En moyenne par EHPAD, 80 % des membres du personnel ont été accompagnés durant leur prise de poste. « Dans le cadre du travail d’équipe, il est important de veiller au partage des observations et des expériences professionnelles, aussi bien en utilisant des supports formalisés qu’à travers des espaces de concertation et d’échange », précise l’ANESM. En 2015, 43 % des EHPAD ont réuni leurs équipes moins d’une fois par semestre pour travailler sur des retours d’expérience et développer une réflexion éthique. Les établissements privés lucratifs organisent le plus régulièrement ces réunions.

Au cours des trois dernières années, en matière de qualification et de formation, les EHPAD ont particulièrement investi les sujets relatifs à la bientraitance et aux spécificités de l’accompagnement des personnes âgées dépendantes, plus de la moitié du personnel en poste ayant été formé sur ces thèmes. « En revanche, moins d’un quart a été formé au repérage des risques de perte d’autonomie, alors que cette problématique est susceptible de concerner l’ensemble des usagers d’EHPAD », regrette l’ANESM.

Pour en savoir plus : Le rapport complet de l’enquête est disponible sur le site de l’ANESM : www.anesm.sante.gouv.fr


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