Ehpad « hors les murs » : une aide renforcée pour vivre chez soi plus longtemps

Publié le 11 juillet 2022 à 7h15 - par

Épaulés au quotidien par le personnel d’une maison de retraite toute proche, quelques centaines de seniors bénéficient en France d’un « Ehpad hors les murs » qui leur permet de vivre plus longtemps chez eux, malgré les fragilités liées à l’âge.

Ehpad "hors les murs" : une aide renforcée pour vivre chez soi plus longtemps

En plus d’une assistance à la toilette, ou du portage des repas, les « dispositifs renforcés d’accompagnement à domicile » (Drad) proposent aux seniors toute une palette d’autres services personnalisés destinés à prévenir leurs difficultés ou à assurer leur sécurité.

« Les gens sont accompagnés chez eux dans de meilleures conditions, et souvent cela permet de repousser de plusieurs mois leur entrée en Ehpad », souligne Céline Vallet, coordinatrice du Drad « Vivre à la maison » piloté par la Croix-Rouge française à Sartrouville (Yvelines).

Les 14 bénéficiaires ont confié un double de leurs clefs aux responsables du dispositif. En cas d’urgence, notamment la nuit, un aide-soignant de l’Ehpad voisin peut ainsi intervenir rapidement, notamment si la personne âgée fait une chute, détectée par un dispositif de téléassistance. « C’est une souplesse rassurante pour les aidants et les familles, qui sinon seraient en première ligne », souligne Hélène Meilhac-Flattet, directrice du pôle gérontologique de la Croix-Rouge dans les Yvelines.

Les seniors inscrits au Drad peuvent également profiter de séances de « gym douce » chez eux, grâce à la visite d’une psychomotricienne, ou demander à l’agent technique de l’Ehpad de venir installer une barre d’appui dans leur douche. Ils peuvent aussi, s’ils le désirent, se rendre plusieurs fois par semaine à la maison de retraite de leur quartier, pour participer à des activités communes avec d’autres personnes âgées.

« Quand je viens ici, j’apprends plein de choses », témoigne Jeanine Loyrion, 91 ans, qui participe à un atelier « revue de presse » avec une dizaine d’autres seniors. Autour de la table, certains vivent encore à domicile et sont venus à l’Ehpad pour quelques heures, à bord un véhicule spécialement affrété.

Liste d’attente

« En plus du chauffeur, nous avons une salariée qui va directement chez la personne âgée, et qui peut ainsi l’aider à descendre les quelques marches avant de monter dans le véhicule », explique Mme Meilhac-Flattet. « Si vous ne pensez pas à ce genre de détails, ça ne peut pas marcher », ajoute la responsable, rencontrée lors d’une visite sur place organisée par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis).

« Je viens ici pour des activités précises, mais c’est bien mieux de rester chez soi, quand on peut », assure Amédée Alglave, 95 ans « et demi ». D’autant que « j’ai encore une femme à la maison et je préfère vivre avec elle ! », dit le vieil homme avec malice.

Son épouse de 93 ans, plus autonome que lui, ne participe pas aux activités communes proposées par l’Ehpad, « mais elle profite de ces moments pour faire une course ou se rendre à un rendez-vous médical, car en temps normal elle n’ose pas laisser seul son mari, de peur qu’il tombe », explique Mme Vallet.

Ponctuellement, ce temps de répit proposé aux aidants peut d’ailleurs être un peu plus long : les bénéficiaires du Drad peuvent séjourner quelques nuits, voire quelques semaines à l’Ehpad, puis retourner chez eux.

Le dispositif, toujours expérimental, bénéficie depuis 2020 d’un financement de la « Sécu » de 1 096 euros par mois et par bénéficiaire. À l’avenir, ce montant pourrait être légèrement révisé à la baisse, et les personnes âgées se verraient facturer un léger reste à charge, anticipe Mme Meilhac-Flattet.

Les prestations proposées correspondent globalement aux attentes exprimés par de nombreux seniors qui accordent une grande importance à « vivre chez eux le plus longtemps possible », observe le sociologue Louis Braverman, qui a étudié en détails ce système, afin d’en valider la pertinence.

Si le Drad a de nombreux « atouts », il ne peut cependant pas à lui seul résoudre les « problèmes structurels » du secteur, dont les métiers mal rémunérés attirent peu, souligne l’universitaire.

Il risque donc, lui aussi, de ne pas pouvoir satisfaire toutes les demandes. Ainsi à Sartrouville, faute de personnel, le Drad n’a accepté que 14 bénéficiaires, pour une capacité théorique de 25 places. Et 22 personnes âgées sont inscrites sur liste d’attente.

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