Les assistants familiaux, « au cœur de la protection de l’enfance »

Publié le 21 mars 2012 à 0h00 - par

Entretien avec Dominique Gaillard, formateur d’assistants familiaux.

Weka : Dominique Gaillard, quelle est la place des assistants familiaux dans notre société ?

Dominique Gaillard : Ils sont au cœur de la protection de l’enfance, 55 % des enfants confiés à l’aide à l’enfance étant confiés à des assistants familiaux. Et c’est une formule qui a de l’avenir car elle finalement la seule qui permet d’avoir des liens personnalisés dans la durée avec l’enfant.

Elle permet donc une continuité dans la prise en charge, une stabilité pour l’enfant, et ce pour un moindre coût, puisque le statut particulier des assistants familiaux leur permet de travailler en continu, et évite donc une coûteuse multiplication des personnels.

 

Weka : Comment s’est structurée la profession ?

Dominique Gaillard : La loi de décentralisation de 1982, qui place l’aide sociale sous la responsabilité des conseils généraux, a réinterrogé les pratiques. Les départements se sont approprié leur autonomie pour développer la créativité dans les modalités d’accueil, en prenant par exemple mieux en compte le lien parent-enfant et en développant la notion de projet pour l’enfant. Des évolutions qui se sont traduites avec la loi du 5 mars 2007 sur la protection de l’enfance, qui réaffirme le rôle déterminant du président du Conseil général.

Parallèlement à ces évolutions est apparu un besoin accru de professionnalisation des assistants familiaux. La loi du 17 mars 1977 avait créé un premier statut, celui d’assistant maternel. Celle du 12 juillet 1992 a introduit la distinction entre assistants permanents et non-permanents, et donc une progression du statut.

Mais c’est la loi du 27 juin 2005, distinguant assistants maternels et assistants familiaux, c’est-à-dire à temps plein, comme deux professions bien distinctes. Elle impose une formation initiale de 60 h pour toute personne signant un premier contrat d’assistant familial, ainsi qu’une formation de 240h à effectuer dans les 3 années du premier contrat de travail. Formation qui débouche sur un diplôme d’État d’assistant familial.

Les deux grands apports de cette loi sont donc une formation obligatoire et la reconnaissance du métier qu’elle implique, faisant des assistants familiaux des « membres à part entière des équipe de placements familiaux ».

 

Weka : Les assistants familiaux sont donc aujourd’hui des professionnels formés et reconnus ?

Dominique Gaillard : En théorie oui. Dans la réalité, pour ce qui est d’une reconnaissance en tant que professionnels « travailleurs sociaux » on reste en retrait par rapport aux espoirs suscités par la loi de 2005, alors que paradoxalement, ils exercent de très fortes responsabilités !

Ceux agréés après 2005 ont été formés, pour l’essentiel, par les départements employeurs, qui ont mis de gros moyens financiers pour assumer ces formations. Mais les assistants familiaux agréés  2005, n’ont pas pu bénéficier de cette formation qualifiante. Formés à minima dans le précédent statut ils tentent de passer le DEAF via une VAE. Une formation courte apparait bien nécessaire pour remettre leurs acquis en perspective, et favoriser l’obtention du diplôme.

D’une façon générale, les employeurs privés du secteur associatif, souvent responsables de petites structures de placement familial, sont plus en difficulté pour mettre en place soit la formation initiale imposée par les textes, soit des formations VAE destinées à qualifier leurs professionnels un peu plus anciens. Ceci risque de poser problème, les conseils généraux, qui sont à la fois responsables de la protection de l’enfance et financeurs du secteur associatif, étant tentés de s’interroger sur la nécessité de maintenir des placements familiaux associatifs parallèlement aux placements familiaux qu’ils gèrent directement. A mon point de vue, c’est la qualité de l’accueil qui déterminera ces choix.

La formation demeure donc l’élément clé, à la fois de la reconnaissance des assistants familiaux comme travailleurs sociaux à part entière, et de la qualité de l’accueil de 55 % des enfants placés. Il y a donc une importance capitale de développer la VAE pour les personnels non diplômés et la formation continue pour les autres.

 

Inscrivez-vous dès aujourd’hui à la formation animée par Dominique Gaillard Assistants familiaux en protection de l’enfance. Prochaines sessions les 4 et 5 avril 2012 et 27 et 28 septembre 2012 à Paris.


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