Conflits d’intérêt avec les labos : les facs de médecine ont des progrès à faire

Publié le 11 janvier 2017 à 16h43 - par

Les futurs médecins sont mal protégés contre l’influence et les petits cadeaux des laboratoires pharmaceutiques, selon un classement, premier du genre, des facultés de médecine de France qui vient de paraître.

Les « résultats montrent, sans surprise, que la situation française n’est pas brillante » en matière d’indépendance, souligne Paul Scheffer de l’université Paris 8, coauteur de ce classement réalisé le Formindep, une association pour une formation et une information médicale indépendante.

L’étude, la première du genre en France, parue dans la revue scientifique d’accès libre Plos One, concerne 37 facultés et a porté sur 13 critères (cadeaux, incluant les repas, financement de conférenciers, formation des étudiants aux problèmes de conflits d’intérêts…). « Seules 9 facultés sur 37 ont pris des initiatives pour se prémunir contre les conflits d’intérêts qui surgissent en cas de liens de l’établissement ou de ses enseignants avec l’industrie du médicament », selon cette étude. « Les 28 autres, n’ayant adopté à ce jour aucune mesure en ce sens, n’obtiennent aucun point », note M. Scheffer sur le site du Formindep.

Deux d’entre elles ont les moins mauvais résultats : la faculté de Lyon-Est et celle d’Angers, avec respectivement 5 et 4 points (sur un score maximum de 26). Suivent sept établissements ex aequo, avec chacun 1 point : Aix-Marseille, Lyon Sud, Paris Descartes, Paris Diderot, Rennes 1, Strasbourg et Toulouse Purpan. Les 28 autres n’obtiennent aucun point faute de mesures prises et de réponses au questionnaire adressé aux doyens, auquel seuls trois doyens au total ont répondu.

Pour faire ce classement inspiré d’un palmarès établi chaque année par l’Association américaine des étudiants en médecine, les sites internet des facultés, des renseignements provenant du terrain et ce questionnaire ont été utilisés. Si la situation française n’est pas brillante, « celle des États-Unis, lors du premier classement réalisé en 2007, ne l’était pas beaucoup plus », explique ce membre de Formindep en indiquant que des changements significatifs se sont produits outre-Atlantique en moins d’une décennie.

« La majorité des universités américaines se sont hissées en haut du tableau. Et selon plusieurs études, les étudiants qui en sortent prescrivent différemment, d’une façon moins orientée par le marketing des firmes et plus favorable aux patients », ajoute-t-il.

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