Construire les urgences de demain

Publié le 18 septembre 2012 à 0h00 - par

HOSPIMEDIA – SAMU-Urgences de France a organisé les 1res assises de l’Urgence afin de prendre part de manière active mais surtout constructive aux prochains débats sur les problématiques des urgences et de leur accès. Leurs propositions s’articulent, entre autres, autour de la formation, de l’aval et du médecin correspondant SAMU.

Loin de ne vouloir rester que dans la réaction, SAMU-Urgences de France a décidé de participer activement à la construction des urgences de demain. En organisant jeudi 13 septembre les premières assises de l’urgence, le syndicat souhaite apporter sa contribution avant la réunion, le 16 octobre prochain, du premier groupe de travail sur les urgences initié par le ministère de la Santé. L’occasion d’engager la discussion, de partager les initiatives, de dénoncer les fausses bonnes idées et de dresser des conclusions d’ici une quinzaine de jours (lire l’encadré) qui seront adressées à Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, en amont de ce rendez-vous, ont indiqué en introduction les participants aux assises. Un débat qui s’inscrit également dans la droite ligne de la proposition du président de la République de ne pas se trouver à plus de 30 minutes d’accès de soins médicaux d’urgences. Une idée qui, selon Marc Giroud, président de SAMU-Urgences de France, est une « bonne piste de travail » et qui permet d’amorcer une réflexion plus globale sur l’accès aux soins.

Viser le 100 %

La volonté d’un accès aux soins d’urgences en 30 minutes représente aussi bien une contrainte supplémentaire qu’une opportunité de développer un réseau de l’Aide médicale d’urgences (AMU), a indiqué lors de son intervention Pierre Carli, du SAMU de Paris. Et la réponse à cette volonté ne doit pas aboutir à « une codification de la réponse dégradée » au travers de solutions inabouties, inappropriées ou encore bancales, a estimé Marc Giroud. Cela reviendrait à admettre que les personnes les plus éloignées sont les moins bien servies, a-t-il ajouté. Il convient dans cette réflexion de viser d’emblée les 100 % et d’évaluer année par année la situation. SAMU-Urgences de France propose notamment aux ARS un registre dans lequel seront consignés les cas d’urgences vitales n’ayant pu être traitées en moins de 30 minutes. L’action sur le terrain doit donc être modélisée, ce délai de 30 minutes étant une contrainte « qui pèse aussi sur l’organisateur du système de santé », a précisé Pierre Carli. L’articulation territoriale est donc primordiale pour atteindre l’objectif.

Développer les médecins correspondants SAMU

L’une des solutions évoquées lors de ces assises est de faire la part belle aux Médecins correspondants SAMU (MCS) qui, s’ils semblent une solution efficace, sont loin d’être assez présents sur l’ensemble du territoire. En effet, seuls onze départements comptent neuf réseaux de MCS actifs (Ardèche, Doubs, Haute-Savoie, Indre, Isère, Lozère, Meuse, Orne, Pyrénées-Orientales, Savoie et Vendée). Le dispositif de MCS, généralement des médecins généralistes volontaires formés aux situations d’urgence, permet au SAMU de disposer d’un relais dans la prise en charge de l’urgence vitale dans les zones isolées et éloignées des hôpitaux. Le MCS permet donc aux patients de ces zones d’éviter une perte de chance, a détaillé dans sa présentation François Braun, du service des urgences du CHR de Metz-Thionville. Le développement des MCS fait partie des outils à développer dans les départements et est « potentiellement la meilleure réponse à apporter pour permettre dans un contexte de contrainte budgétaire, une meilleure accessibilité aux soins d’urgences au meilleur coût ». En outre, a ajouté Pierre Carli, le MCS crée une interface entre la médecine ambulatoire et l’hôpital.

Changer de paradigme

La question du désengorgement des urgences a aussi été posée lors de ces assises. Pourtant, a estimé Bruno Riou, du service des urgences de La Pitié Salpêtrière à l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), « le flux de patients n’est pas le problème majeur des urgences aujourd’hui » mais plutôt la gestion des lits d’aval. L’important, selon lui, est de changer de paradigme : les urgences ne doivent plus être perçues comme un problème mais comme une solution. En effet, l’évolution du système de santé a fait, qu’en amont et en aval, les urgences ont acquis un poids supplémentaire. Jean-Emmanuel de La Coussaye, à la division anesthésie-réanimation du CHU de Nîmes, estime de son côté que les dysfonctionnements des urgences sont liés à ceux de l’établissement de santé dans lequel elles se trouvent. En guise de solution, il propose de réorganiser l’hôpital en régulant les entrées programmées en fonction des flux prévisionnels des urgences et non l’inverse. Car ces flux, s’ils ne sont pas régulables, sont néanmoins prévisibles. Il propose de créer en ce sens une délégation médico-administrative, incluant la commission des admissions non programmées qui pourrait améliorer l’aval des urgences et donc, la fluidité pour tous les patients. Mais changer de paradigme apparaît pour l’heure « plus facile à dire qu’à faire ».

Géraldine Tribault

Les pistes de travail de SAMU-Urgences de France

Lors de ces assises, SAMU-Urgences de France a formulé différentes propositions pour réponde aux problématiques des urgences et de l’accès en 30 minutes à des soins d’urgences. Leurs principales idées sont articulées autour du Médecin correspondant SAMU (MCS), de la formation et de l’aval. Dans le désordre, il propose (liste non exhaustive) une organisation des soins médicaux d’urgences sur l’ensemble du territoire national, une optimisation de la répartition géographique des SMUR, l’intégration des héli-SMUR aux schémas d’organisation des ARS, un développement de la place des MCS, une réorganisation des soins programmés en fonction des pics d’affluence aux urgences, clarifier et rendre visible le financement des urgences, la mise en place d’une équipe médicale de territoire, la définition d’une doctrine nationale d’utilisation des ressources nécessaires à l’Aide médicale d’urgence (AMU) et aux Services d’urgences (SU) et la création d’un Diplôme d’étude spécialisé (DES) permettant une reconnaissance du métier d’urgentiste comme spécialité.

Ces propositions seront finalisées d’ici quinze jours et seront envoyées à Marisol Touraine pour alimenter les discussions. D’autres assises sont prévues par SAMU-Urgences de France, notamment pour passer en revue ce qui aura été acté, mis en place et évaluer les différents dispositifs.

G.T.

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