Europe : les hôpitaux français soignent l’accueil des patients européens

Publié le 20 février 2012 à 0h00 - par

La mobilité croissante des Européens, bientôt facilitée par l’entrée en vigueur de la directive sur les soins transfrontaliers, amène les hôpitaux français à adapter les conditions d’accueil et de prise en charge des patients venus des quatre coins de l’Union européenne.

Chaque année, 3 à 4% des Européens se font soigner dans un autre État de l’UE, selon la Commission européenne. Ces chiffres prennent en compte les soins programmés à l’avance ainsi que ceux délivrés en urgence. De fait, les hôpitaux belges accueillent tous les ans 35.000 étrangers, selon le Centre fédéral d’expertise des soins de santé. Ces derniers proviennent principalement des Pays-Bas et de Grande-Bretagne, où les listes d’attente sont longues, ainsi que de France lorsque les patients vivent ou travaillent à proximité de la frontière. Dans l’Hexagone, environ 1,2% des patients soignés au sein des hôpitaux parisiens seraient étrangers et près de 40% d’entre eux viendraient d’Europe. Un chiffre qui pourrait bien augmenter avec l’entrée en vigueur, d’ici 2013, de la directive sur les soins transfrontaliers : ce texte, adopté le 9 mars 2011, facilite en effet le remboursement des soins reçus dans un autre État européen.

Médiateurs interculturels, sites web multilingues et données médicales dans la langue du patient

La plupart des hôpitaux publics comme privés se sont déjà adaptés à cette mobilité des patients en ayant par exemple recours à des interprètes, qu’il s’agisse de membres du personnel parlant plusieurs langues et sollicités pour l’occasion ou d’interprètes professionnels. Certains établissements de soins ont d’ailleurs conclu des partenariats durables avec des associations spécialisées dans la traduction des langues étrangères telles que Migrations santé Alsace ou Inter-Service-Migrants. D’autres font même appel à de véritables médiateurs interculturels qui, au-delà de la traduction, veillent à rassurer les patients et à les aider dans leurs démarches administratives à l’intérieur de l’hôpital. Un cap franchi par exemple dès 2000 par l’hôpital Robert Debré à Paris.  

Aujourd’hui, certains hôpitaux vont plus loin et misent sur l’outil informatique. L’Institut mutualiste Montsouris (IMM) a ainsi financé et lancé, le 14 décembre dernier, un service internet disponible en plusieurs langues, notamment en anglais, portugais et italien. Cette plateforme, accessible depuis le site web de l’IMM, donne aux patients l’accès à toutes les informations nécessaires concernant l’organisation des soins et les traitements proposés. Elle leur offre aussi la possibilité de créer, dans la langue choisie, un compte sécurisé pour la transmission de leurs données médicales entre l’hôpital et leur médecin traitant. « Le service est en place, même s’il est encore balbutiant, explique Françoise Prost, responsable de la communication de l’IMM. Aucun de nos patients hospitalisés n’y a eu recours pour le moment. En revanche, certains patients étrangers ont déjà contacté l’IMM et ont mis leur dossier médical en ligne sur la plateforme pour voir s’ils pouvaient être pris en charge au sein de l’Institut. »

Coopération hospitalière européenne

Les hôpitaux situés en zone frontalière ou hautement touristique ont quant à eux choisi de coopérer entre eux. Par exemple, ceux de la Région Nord-Pas-de-Calais et de Belgique pour faciliter la coordination des soins et le transfert des données médicales ; ou encore ceux de la région alpine. Depuis 2009, le CHU de Grenoble et le Centre Léon Bérard de Lyon se sont ainsi associés à une dizaine d’établissements de soins européens installés en Italie, Allemagne, Autriche, Slovénie ou encore Suisse et ce, dans le cadre du projet ALIAS.

Ce programme, soutenu par la région Rhône-Alpes et d’autres régions européennes, prévoit la mise en place d’un outil permettant aux professionnels de santé de demander un second avis médical auprès de confrères européens, mais aussi d’accéder à l’intégralité du dossier médical de leurs patients étrangers à partir du moment où ces derniers ont donné leur accord. En France, cet outil est désormais opérationnel et hébergé sur une plateforme existante, le Système d’information en santé de la Région Rhône-Alpes (SISRA), qui permet déjà le partage de données médicales entre praticiens de la région. « Le personnel soignant français comme européen a accès à cette plateforme grâce à sa carte de professionnel de santé, explique Hubert Riccardi, chef de projet dans le cadre du programme ALIAS. Une déclaration a par ailleurs été faite auprès de la CNIL afin de garantir la protection des données. » Le projet séduit puisque de nouvelles régions telles que la Franche-Comté et la Suisse italienne pourraient rejoindre le programme d’ici la fin de l’année, souligne-t-il. Et si les dossiers médicaux ne sont pour l’instant pas traduits, l’Institut national des sciences appliquées de Lyon (INSA), qui participe à l’opération, planche déjà sur la transcription du nom des pathologies et des médicaments.

Exceptionnellement, la coopération européenne va jusqu’à la création de véritables hôpitaux transfrontaliers mobilisant des professionnels de santé de deux pays. C’est ainsi le cas de l’hôpital de Puigcerdà, ouvert en 2010 à la frontière franco-espagnole et géré par un Groupement européen de coopération transfrontalier (GECT).

Nathalie Ratel

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