Sévère rapport de la Cour des comptes sur la santé dans les Outre-Mer

Publié le 12 juin 2014 à 0h00 - par

La Cour des comptes publie le 12 juin un rapport sévère sur la santé dans les outre-mer, décrivant des « difficultés sanitaires persistantes » pour leurs 2,7 millions d’habitants et des « systèmes de santé à la peine », en l’absence d’une « stratégie d’ensemble » de l’État.

Sévère rapport de la Cour des comptes sur la santé dans les Outre-Mer

« Pour assurer l’égalité à la santé dans la République, un programme pluriannuel de santé publique pour les outre-mer s’impose », recommande-t-elle. Un plan santé outre-mer a bien été élaboré en 2009, mais avec de médiocres résultats. « Imprécis dans ses objectifs, sans programmation financière, ni au demeurant de dispositif d’évaluation, ce dernier a attesté des faiblesses d’impulsion et de pilotage de l’État », assènent les auteurs du rapport. « Le seul engagement calendaire était la réduction de moitié entre 2009 et 2014 entre les taux de mortalité infantile (à moins d’un an, sur le total d’enfants nés en vie) d’outre-mer et ceux de métropole, ambition loin d’être atteinte », constatent-ils.

Si les différents territoires d’outre-mer connaissent une situation sanitaire « nettement meilleure » que celle des pays qui les avoisinent, les Antilles et la Réunion se trouvant même « assez proches désormais du niveau métropolitaine », ils restent confrontés à des difficultés « persistantes ». « Mortalité infantile et maternelle élevée, incidence importante des maladies infectieuses (chikungunya à La Réunion et aux Antilles, zika en Polynésie française) et chroniques (diabète notamment), diffusion de conduites addictives », décrivent-ils. « Des pathologies rares en métropole, telles que la leptospirose ou le rhumatisme articulaire aigu, demeurent courantes dans une partie des outre-mer », relèvent aussi les auteurs du rapport. « Des risques environnementaux spécifiques, tels que notamment le chlordécone (un pesticide utilisé dans les bananeraies aux Antilles, ndlr) , ont un fort impact sanitaire. La précarité économique aggrave par ailleurs la vulnérabilité des populations concernées », résume la Cour des comptes. Ainsi la surmortalité infantile variait en 2012 de 4,1 à 9,9 pour 1 000 naissances (moyenne DOM hors Mayotte : 8 contre 3,3 en métropole). En Guyane comme à Mayotte, l’objectif de réduire de moitié l’écart constaté avec la métropole paraît « hors de portée », compte tenu de « la santé très dégradée des femmes » venues des pays limitrophes qui viennent y accoucher.

Face à cette situation, force est de constater que les systèmes de santé sont « à la peine », avec une médecine ambulatoire peu développée malgré des niveaux de rémunération élevés, et un secteur hospitalier souffrant « d’une gestion souvent mal adaptée ou désordonnée ». La Cour des comptes en appelle donc à un « pilotage beaucoup plus rigoureux des investissements », et à une « maîtrise rigoureuse des charges de personnel ».

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