Urgences, grève, agressions : un congrès des pompiers sous tension

Publié le 18 septembre 2019 à 5h52 - par

Un « système de secours à bout » et des troupes au bord du « ras-le-bol » : en congrès national à partir de mercredi 18 septembre 2019 à Vannes (Morbihan), les pompiers espèrent obtenir enfin un soutien clair de l’État face à l’accumulation des problèmes, des agressions à la grève en passant par la crise des urgences.

Urgences, grève, agressions : un congrès des pompiers sous tension

Dans une chaîne des secours débordée et en zone de turbulences, les urgences hospitalières en grève depuis six mois ne sont pas les seules à manifester leur mécontentement.

Depuis la fin juin, sept des neuf syndicats de pompiers professionnels ont lancé un mouvement de grève pour dénoncer « l’absence totale » de réponses du ministère de l’Intérieur à leurs revendications en matière de primes, retraite et équipement.

Le mouvement est resté jusqu’ici plutôt symbolique, les professionnels ne représentant que 16 % des quelque 247 000 sapeurs-pompiers et étant de plus astreints à un service minimum.

Mais il dure et n’en témoigne pas moins du « ras-le-bol » d’une profession chaque année plus mobilisée (4,5 millions d’interventions en 2018, soit une toutes les 7 secondes), rappelle à l’AFP Grégory Allione, président de la Fédération nationale de Sapeurs-pompiers (FNSPF), avant ce 126e congrès de la profession.

Des pompiers selon lui souvent livrés à eux-mêmes sur le terrain, monopolisés par les secours aux personnes (84 % des interventions, contre 54 % il y a 20 ans) pour pallier notamment le recul des services publics, médicaux en particulier.

Pour M. Allione, l’heure est grave : « La grève des urgences comme la situation des pompiers montrent que le système de secours français ne fonctionne plus »

Si elle a plutôt favorablement accueilli les dernières mesures annoncées par le gouvernement pour les urgences hospitalières, la FNSPF estime qu’il doit aussi s’occuper des urgences pré-hospitalières, « à 95 % assurées par les pompiers », comme la prise en charge des personnes âgées dans les zones reculées.

Et accéder enfin à l’une de ses revendications de longue date : instaurer définitivement le numéro d’urgence unique 112 en lieu et place des 15 (Samu), 17 (police) et 18 (pompiers), avec des centres d’appels départementaux communs.

« Chaque minute compte »

« Cela permettra de répartir plus efficacement les appels » en fonction des besoins, explique M. Allione. Et aux pompiers, souvent appelés en premier pour leur rapidité, de se concentrer sur les « vraies » urgences comme les accidents graves ou les arrêts cardiaques, où « chaque minute compte pour sauver une vie ».

La FNSPF y voit également un moyen de mieux prévenir les agressions verbales et physiques contre les pompiers, un fléau encore limité (5 par jour, sur 10 000 interventions en moyenne) mais qui a fortement augmenté récemment (+ 23 % en 2017, après + 17,6 % en 2016, selon le ministère de l’Intérieur).

Un drame a marqué la profession. En septembre 2018, pour la première fois depuis plus de dix ans en France, un pompier a été tué par la personne qu’il était venu secourir, poignardé à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) par un déséquilibré connu des services médicaux pour ses antécédents psychiatriques.

« Si on avait reçu l’appel sur une plateforme commune, on aurait pu être informé de sa dangerosité, venir avec des policiers et le drame aurait pu être évité », estime un responsable pompier sous couvert d’anonymat.

Christophe Castaner doit s’exprimer comme de coutume après le président de la FNSPF samedi 21 septembre en clôture du congrès. Selon une source proche du dossier, le ministre pourrait y lancer une grande campagne de communication contre les agressions visant les pompiers.

M. Allione devrait de son côté rappeler au gouvernement son engagement à soutenir le volontariat, « socle essentiel » du métier car 80 % des pompiers sont des volontaires, une activité parfois difficile à concilier avec la vie professionnelle et familiale, et dont la profession peine à augmenter le nombre.

Or outre le secours à personnes, les pompiers restent également « sollicités par les incendies et autres catastrophes naturelles qui se multiplient avec le réchauffement climatique », note M. Allione.

Les syndicats de pompiers professionnels, qui appellent à une manifestation nationale le 15 octobre à Paris, attendront eux des réponses du ministre.

« Le mouvement s’élargit, de plus en plus de cadres le rejoignent », souligne Yannick Tenesi, secrétaire général du SNSPP-PATS, en précisant que la Sécurité civile, qui chapeaute les pompiers au sein du ministère, doit rencontrer les syndicats mercredi au premier jour du congrès.

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