Partie 8 - Economie sociale et solidaire et insertion

8/4 - Le management spécifique dans le champ de l’ESS : un repère pour les structures de l’insertion

Nouveaux acteurs, nouveaux défis

L’économie sociale et solidaire (ESS) connaît une réelle croissance grâce au regain d’intérêt auprès de citoyens qui veulent retrouver du sens à leur travail et s’engager au quotidien. Les plus jeunes souhaitent concilier leur engagement pour les autres et la préservation de temps pour leur vie personnelle. Plus facilement que les anciens, ils recherchent une reconnaissance dépassant des questions financières (salaire, avantages sociaux) ou de prestige (bureau, taille de l’équipe, niveau du budget confié...).

Au-delà de l’image « baba cool », de plus en plus de personnes se reconnaissent dans les valeurs de solidarité, de partage, de respect des autres et de l’environnement.

L’engagement des jeunes et nouveaux militants dans l’ESS apporte deux nouvelles dimensions :

  • une dimension environnementale, à laquelle les jeunes sont attachés et qu’ils conçoivent comme un prolongement naturel de leur préoccupation pour autrui ;

  • une dimension économique réelle, rappelée par la nécessité de dégager un salaire mais aussi d’avoir les moyens d’entreprendre autrement.

Ces deux dimensions bousculent les secteurs traditionnellement occupés par l’ESS : insertion, formation, social, banques, santé, sports et loisirs, culture, éducation et agriculture. Notamment, on peut observer que les associations socio-culturelles commencent à prendre en compte la dimension environnementale et s’inquiètent de leur impact local. De même, les associations intègrent des enjeux de plus en plus économiques, face à une double contrainte de baisse des aides publiques et de nécessité de pérenniser les salaires et les actions sur le terrain.

Peu à peu, ces secteurs s’organisent et développent des compétences entrepreneuriales : management, gestion, contrôle de gestion, démarches qualité... L’enjeu est d’y parvenir sans déroger à leurs valeurs.

Rentabilité financière contre utilité sociale

À cet égard, le modèle de l’entreprise de marché n’est pas reconnu comme viable, car il fait de la ressource humaine sa variable d’ajustement aux marchés.

Or, chacune de ces familles de compétences s’étant créée à partir du modèle de l’entrepreneuriat classique, elle en a adapté progressivement les objectifs, les outils, les procédures. En effet, l’économie solidaire s’est développée au cours du XXe siècle au sein de l’économie de marché, dont elle a partagé les modes de fonctionnement.

Peu à peu, les pratiques managériales des entreprises classiques ont été pointées comme inappropriées : on parlait alors de « dégraisser » ou de « plan social » pour dire que les salariés...

Si vous êtes déjà abonné, connectez-vous pour accéder à la publication dans son intégralité.