Si les premières rues piétonnes sont apparues dans les années 1970, les projets favorisant la marche se multiplient : rues commerçantes, centres-bourgs, rénovations de quartiers et abords d’écoles. Selon le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, la marche représente près du quart (23,7 %) des déplacements quotidiens des Français, sans compter la marche intermodale ni la marche dans les espaces privés. Ce chiffre augmente depuis dix ans, mais masque des disparités selon les âges et selon les territoires.
Développer la marche : un enjeu pour les collectivités
Dans sa collection « Les essentiels », le Cerema a donc publié en juin 2025 un guide qui propose une stratégie pour rendre la ville marchable. Intitulé « Développer la marche », celui-ci s’adresse aux maires, à leurs équipes et aux intercommunalités. Ce document synthétique présente les points clés pour agir afin de construire une stratégie en faveur de la marche dans les villes et les territoires ruraux. Il recense également les principales obligations réglementaires.
Dans l’évolution des préoccupations des collectivités, le Cerema observe, en particulier, quatre éléments :
- une recherche d’aménagements simples à mettre en œuvre en fonction de contraintes budgétaires, d’enjeux sobriété et d’économie des ressources, avec des marquages d’animations, des expérimentations de rues piétonnes… ;
- une préoccupation de plus en plus grande sur le développement d’aménagements piétons et cyclistes résilients face au changement climatique (notamment forte chaleur, inondations…) ;
- dans les métropoles, une volonté de développer « la ville des courtes distances » ou « la ville du quart d’heure » pour offrir aux habitants des commerces et des services essentiels à une distance d’un quart d’heure à pied ou à vélo et favoriser ainsi des déplacements décarbonés ;
- pour les collectivités ayant les compétences voirie et mobilité, l’obligation de collecte de données concernant l’accessibilité aux personnes à mobilité réduire (PMR) de leurs transports et leurs espaces publics conduit aussi souvent à mettre à jour leur Plan de mise en accessibilité de la voirie et des aménagements des espaces publics (PAVE). C’est souvent l’occasion de se poser la question de la qualité de la marche dans leurs communes, puisque le sujet est abordé du point de vue des piétons les plus vulnérables. Par ailleurs, la thématique des abords des écoles est de plus en plus présente dans les sollicitations des collectivités. « Aller à l’école à pied et réaménager des rues devant les écoles sont des projets assez consensuels que l’on retrouve dans tous types de collectivités, dans tous les plans piétons », indique le Cerema. L’organisme voit poindre également des réflexions similaires sur les abords des collèges.
Pour répondre aux attentes et aux interrogations des collectivités, le Cerema identifie cinq leviers pour construire une politique de la marche qui s’appuie sur les diversités urbaines. Au programme :
- Connaître les piétons dans leur diversité : comprendre leurs usages, analyser les pratiques de mobilité, dresser l’état des lieux de la marchabilité des espaces publics.
- Aménager de manière sécurisée et accessible pour les piétons.
- Créer une ville conviviale.
- Sensibiliser et communiquer pour donner envie de marcher.
- Mettre en œuvre et évaluer la stratégie en s’appuyant sur des démarches innovantes.
En complément, la publication du Cerema propose une boîte à outils pour aménager en faveur des piétons. L’organisme rappelle également qu’il a construit une formation de deux jours pour « Développer la marche en ville ».
À ce jour, 214 collectivités ont une stratégie de développement de la marche du quotidien déjà adoptée (116) ou en cours de formalisation (98), précise le Cerema. « En donnant aux piétons toute leur place dans la réflexion sur les mobilités à l’échelle du territoire, les collectivités favorisent le cadre de vie, la sécurité des déplacements, le dynamisme des centres-villes et centres-bourgs », insiste l’organisme.
