Trait de côte : repenser l’usage du littoral en fonction du changement climatique

Publié le 10 septembre 2025 à 9h15 - par

Avec le recul du trait de côte (30 kms perdus en 50 ans), les communes littorales doivent adapter leurs politiques d’aménagement et de préservation de la biodiversité. La révision de la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte (SNGITC) pour 2025-2030 est en consultation jusqu’au 23 septembre 2025.

Trait de côte : repenser l'usage du littoral en fonction du changement climatique
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Le 1er septembre 2025, le ministère de la Transition écologique a présenté un projet de mise à jour de la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte (SNGITC) pour la période 2025-2030, y compris en Outre-mer. Car il convient désormais d’accélérer l’adaptation des politiques d’aménagement au recul du trait de côte, en intégrant les effets du changement climatique. Elles doivent, en particulier, intégrer les aléas naturels et les enjeux socio-économiques et environnementaux des territoires littoraux. La nouvelle stratégie est en consultation publique jusqu’au 23 septembre 2025. Elle comporte neuf principes communs, huit recommandations stratégiques et un plan d’action en cinq axes.

Le ministère souhaite encourager les territoires à concevoir des trajectoires d’adaptation à long terme et à développer des stratégies locales d’adaptation opérationnelles. La SNGITC détaille la démarche à entreprendre. Il convient, en premier lieu, de définir le périmètre pertinent de la bande côtière et d’identifier les types d’espaces qu’elle contient. La collectivité doit prendre en compte l’ensemble des spécificités locales et des enjeux qui impactent le littoral : zones basses, falaises, remontée du biseau salé, usages… La mise en œuvre opérationnelle de la stratégie doit tenir compte des connaissances sur l’élévation du niveau de la mer et des données sur le recul du trait de côte.

Évolution à 30 ans et à 100 ans

Une fois ce périmètre d’étude établi, il faut procéder aux diagnostics. Notamment, élaborer un diagnostic hydro-sédimentaire et projeter l’évolution du trait de côte à plusieurs échelles temporelles, dont 30 ans et 100 ans, en cohérence avec les cartes locales. Un diagnostic socio-économique définit les options de gestion par secteurs, en s’articulant avec les schémas régionaux. Le territoire doit ensuite identifier ses infrastructures et réseaux menacés par le recul du trait de côte, analyser la vulnérabilité de la ressource en eau (SDAGE/SAGE), identifier les ouvrages de protection existants et analyser les études de stratégie foncière qui existent.

Ce travail préalable effectué, la collectivité peut envisager les scénarios et les actions nécessaires pour préserver la bande côtière. Il s’agira, en particulier, de recomposer les espaces pour les adapter aux enjeux locaux en se basant sur la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC). La commune devra également intégrer systématiquement des réflexions sur l’avenir et sur le maintien des ouvrages, et construire un programme d’actions opérationnel chiffré doté d’un échéancier prévisionnel, en coordination avec les démarches en cours sur le territoire.

Pour chaque zone pertinente seront définies des actions d’adaptation à court, moyen et long terme, avec une analyse coûts-bénéfices ou une analyse multicritère sur laquelle la collectivité pourra s’appuyer pour prendre ses décisions. Un programme de suivi et de correction des actions est également fondamental pour adapter le scénario en cas d’évolution imprévue du trait de côte ou d’augmentation des coûts. Le programme devra ensuite être évalué.

Lancée en 2012, la SNGITC a fait l’objet de deux programmes d’actions (2012-2015 et 2017-2019), avant que la loi Climat et résilience du 22 août 2021 consacre son existence. Le Code de l’environnement (article L. 321-13 A) définit la SNGITC comme le « cadre de référence pour la protection du milieu et la gestion intégrée et concertée des activités au regard de l’évolution du trait de côte à l’échelle d’une cellule hydro-sédimentaire et du risque qui en résulte ». Elle est élaborée par l’État en concertation avec les collectivités territoriales, le Conseil national de la mer et des littoraux, la communauté scientifique, les acteurs socio-économiques et associations de protection de l’environnement concernés.

Marie Gasnier

La France compte 20 000 kilomètres de côte sur 26 départements, et 947 communes littorales, qui comportent 5,5 millions de logements et abritent un Français sur huit. En un demi-siècle, 30 kilomètres de côte ont disparu.


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