Les absences des enseignants sont en hausse. Dans le premier degré, 7,5 millions de demi-journées d’absence ont été comptabilisées en 2023-2024, en augmentation de 17,4 % par rapport à 2018. Dans le second degré public, on recense 17,4 millions de journées d’absence de longue durée, c’est-à-dire d’une durée de plus de 15 jours, en augmentation de 15,6 % par rapport à 2018. Si cette évolution est commune à l’ensemble de la société française, « le remplacement des enseignants constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour le ministère de l’Éducation nationale », estime le sénateur Les Républicains Olivier Paccaud, auteur d’un récent rapport sur le sujet. Son verdict : « Des enseignants de plus en plus irremplaçables : une politique à revoir. »
Face à cette progression des absences, le remplacement des enseignants est rendu plus difficile, peut-on lire dans le rapport d’information rendu public le 11 juin 2025. De fait, le nombre d’absences non remplacées a augmenté de 49 % dans le premier degré et de 93,2 % dans le second degré entre 2018 et 2024 ! Au cours de l’année scolaire 2023 2024, une classe a ainsi perdu, en moyenne, 4,3 % d’heures de cours en raison des absences non remplacées des enseignants.
En outre, le remplacement des enseignants représente « de plus un enjeu budgétaire majeur », estimé à 4,2 milliards d’euros pour 2025 par le sénateur, en hausse de 33 % par rapport à 2017. « Ce coût est par ailleurs minoré, puisqu’il ne tient pas compte, à la fois, du coût du remplacement de courte durée et de la rémunération des enseignants absents par le ministère de l’Éducation nationale », ajoute Olivier Paccaud. Au final, le coût global réel des absences des enseignants s’est plutôt établi à 5,42 milliards d’euros en 2022, en hausse de 35 % en 5 ans.
« Pour améliorer cette situation », Olivier Paccaud formule neuf recommandations, articulées autour de trois axes.
1er axe : Limiter les absences des enseignants
La diminution des absences des enseignants implique d’améliorer significativement leurs conditions de travail et de revaloriser leurs missions, soutient l’auteur du rapport. Il propose de créer des « journées pédagogiques » banalisées dès le début de l’année pour la formation des enseignants. Par ailleurs, une réflexion sur la prise en charge du temps partiel thérapeutique pourrait être engagée, suggère le sénateur.
2e axe : Optimiser l’organisation du remplacement des enseignants
« Il est urgent de procéder à une hausse du potentiel net de remplacement des enseignants », insiste Olivier Paccaud. C’est sur ce chapitre que ses recommandations sont les plus fournies. Au programme :
- redéployer partiellement les effectifs d’enseignants issus de la baisse démographique des élèves pour augmenter le vivier d’enseignants remplaçants ;
- fixer des objectifs individualisés de remplacement aux recteurs, aux directeurs académiques des services de l’éducation nationale, aux chefs d’établissement et aux directeurs d’école ;
- mettre en œuvre une logique de bassin entre établissements pour mutualiser les ressources humaines dédiées au remplacement de courte durée ;
- centraliser au niveau du département la gestion du remplacement des enseignants du premier degré, en fusionnant les brigades d’enseignants remplaçants au niveau départemental et en affectant des conseillers pédagogiques spécifiquement à la mission de remplacement ;
- intégrer dans le service des enseignants du second degré une heure par mois dédiée au remplacement de courte durée.
3e axe : Améliorer l’attractivité de la fonction de remplaçant
Afin de reconstituer des viviers de remplaçants, il est indispensable d’augmenter l’attractivité de la mission de remplacement, plaide le sénateur. En particulier, il pourrait être opportun d’attribuer aux enseignants concernés un « bonus » dans le barème utilisé par les académies lors du traitement des demandes de mutation. « Une telle mesure, sans coût budgétaire, constituerait une reconnaissance des difficultés associées à la mission de remplacement », ajoute-t-il. Par ailleurs, Olivier Paccaud juge « regrettable » qu’aucun dispositif ne soit dédié aux enseignants du premier degré, quand ils accueillent des élèves supplémentaires dans leur classe pour pallier l’absence d’un collègue. Une rémunération via le Pacte enseignant serait possible, sans toutefois augmenter l’enveloppe sous-consommée, suggère-t-il. Enfin, le sénateur préconise de prévoir un temps dédié spécifique au métier d’enseignant remplaçant dans la formation initiale et continue.