Les absences non remplacées, serpent de mer de l’Éducation nationale

Publié le 16 janvier 2024 à 8h40 - par

Les difficultés de remplacement des absences d’enseignants invoquées par la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, dans des déclarations controversées, pour justifier le choix d’un établissement privé pour ses enfants, restent un problème important du système éducatif français, même si le gouvernement assure y avoir « répondu ».

Les absences non remplacées, serpent de mer de l'Éducation nationale
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Les absences des enseignants sont-elles remplacées ?

Le gouvernement cite régulièrement le chiffre de « 15 millions d’heures » d’enseignement « perdues » à cause d’absences d’enseignants non remplacées.

Selon le ministère, ces chiffres sont tirés d’une étude de son service statistique (Depp). Elle indique que 8,8 % des 175 millions d’heures dispensées dans le second degré (collèges et lycées) en 2020-21 n’ont pas été assurées, soit 15,4 millions d’heures.

La Cour des comptes, elle, a estimé dans un rapport de 2021 que dans le secondaire, près de 10 % des heures de cours ont été « perdues » en 2018-2019, en hausse de 24 % sur un an, en raison principalement des difficultés de remplacement des absences de courte durée (de moins de 15 jours). La Cour des comptes estime ces absences de courte durée à « près de 2,5 millions d’heures », dont « seules un peu plus de 500 000 sont remplacées », une situation « de moins en moins tolérée par les parents d’élèves voire les élèves ».

Dans le premier degré (écoles maternelle et élémentaire), le remplacement est « moins problématique », selon la Cour des comptes, car « assuré dans près de 80 % des cas ». Selon un document budgétaire, le taux de remplacement dans le premier degré public était de 78,9 % en 2020 et 78,4 % en 2021. Mais de grosses disparités existent entre les territoires. Dans le privé, les enseignants du second degré sont « moins souvent absents pour raison de santé » et « moins longtemps » que ceux du public, selon la Cour des comptes. Mais elle ne précise pas s’ils sont mieux remplacés.

Y a-t-il plus d’absences chez les enseignants ?

Selon les données de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), citées par la Cour des comptes, les enseignants ne sont pas plus absents que les autres agents de la fonction publique d’État. Ils le sont moins que les agents des fonctions publiques territoriale et hospitalière, et que les salariés du privé.

La proportion d’absents au moins un jour au cours d’une semaine s’établissait en 2019 à 2,6 % chez les enseignants, 3,2 % dans la fonction publique d’État hors enseignants, 5,1 % dans la fonction publique territoriale, 4,6 % dans la fonction hospitalière et 3,9 % dans le privé.

Le gouvernement a-t-il « répondu » au problème ?

La porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, a affirmé que le gouvernement avait « répondu » à la question du non-remplacement avec le « pacte enseignant », dispositif mis en place en septembre et controversé chez les enseignants. Il propose des rémunérations supplémentaires en échange de nouvelles missions. Le remplacement des absences de courte durée dans le second degré est une mission prioritaire de ce pacte.

Selon des chiffres donnés par Gabriel Attal avant sa nomination comme Premier ministre, « on est maintenant proches des 30 % d’enseignants qui ont rejoint le pacte » et « on voit l’impact sur le remplacement de courte durée ».

Selon lui, entre septembre et novembre 2023, « on a triplé le nombre d’absences remplacées par rapport à septembre-novembre 2022 ». Mais « on partait d’assez bas », a-t-il reconnu. Le ministère n’a pas détaillé ces chiffres.

Pour la fédération de parents d’élèves FCPE, ces mesures ont « laborieusement permis de passer de 5 % à 15 % de remplacements de courte durée », mais « de nombreux postes ne sont pas pourvus à l’année dans le second degré faute de recrutements suffisants ».

Et dans le premier degré ?

Ces mesures ne concernent, par ailleurs, pas le primaire. La FSU-SNuipp, premier syndicat enseignant du premier degré, a rappelé que les remplacements au primaire se font grâce au recours à des remplaçants et non des heures supplémentaires. Elle déplore des suppressions de postes et l’absence de solutions proposées par le ministère.

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