Rythmes scolaires : enquête sur la qualité des projets

Publié le 24 juin 2013 à 0h00 - par

L’AEF a publié l’enquête exclusive « Bilan et alerte » de Georges Fotinos au sujet de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires dans le 1er degré. Il y a analysé la qualité des projets (déjà réalisés ou en cours d’élaboration) dans 25 villes et réalisé une typologie des élus municipaux selon leur implication.

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Georges Fotinos a été membre du Comité de pilotage de la Conférence nationale sur les rythmes scolaires en 2010-2011 ainsi que personnalité qualifiée lors de la Concertation nationale pour la refondation de l’école. Il est actuellement membre du Comité scientifique de la plate-forme « rythmes de vie de l’enfant » de la JPA.

Son analyse de la situation est sans concession : « En 2013, malgré la volonté, le dynamisme, les efforts, les injonctions ministérielles, l’évolution de l’organisation du temps scolaire au bénéfice des élèves n’est pas à la hauteur de cet enjeu « cardinal » pour la refondation de l’école. »

Quels constats fait-il ?

Concernant la prise en charge du temps périscolaire, deux profils d’animateurs semblent se dessiner : des communes recourront à « des étudiants avec ou sans BAFA », d’autres s’engageront « vers un recrutement professionnalisant s’ajoutant aux animateurs reconnus et qualifiés existants ».

Georges Fotinos a détecté trois profils d’élus municipaux :

  • Profil 1 : « volontaire, actif, innovant, considérant l’éducation comme une des priorités principales de sa politique, sensibilisant la population à la problématique du changement, utilisant la concertation mais volontiers directif ».
  • Profil 2 : « rétif au changement, gestionnaire prudent, peu enclin à la concertation sur un sujet « imposé par l’État », partisan du coût constant et d’une évolution marginale ».
  • Profil 3 : « partagé entre la nécessité du changement et la prise en compte des obstacles locaux, adepte du compromis, ouvert aux projets de qualité, misant plus sur une politique globale envers la jeunesse ».

La mise en œuvre du fonds d’amorçage n’a pas constitué un levier d’engagement dans la mise en œuvre dès 2013. En témoigne le fait que l’enveloppe financière ne sera pas consommée entièrement. Pour Georges Fotinos, il faut déceler dans ce constat un certain renoncement. Parfois pour des raisons louables : en effet, certains maires ont choisi d’entrer dans le dispositif seulement en 2014 pour ne pas être considérés comme passant en force. Ils ont ainsi privilégié la recherche d’un compromis conciliant les intérêts divergents des différents acteurs. Dans d’autres cas, des communes ont déjà engagé depuis plusieurs années des dispositifs spécifiques d’aménagement du temps de l’enfant, en lien avec l’école et ne sont pas prêtes à tout remettre en question pour s’adapter à la nouvelle contrainte nationale. La dernière catégorie, enfin, aurait caressé l’espoir « d’une inflexion politique à venir amenant à de nouvelles orientations en matière d’organisation du temps scolaire ». Ils n’ont pu que constater leur erreur…

La situation de l’école maternelle est très particulière sur l’échiquier éducatif. En effet, « aménager le temps scolaire des maternelles et l’articuler avec les activités périscolaires apparaît comme un des points les plus difficiles à mettre en œuvre », animateurs et enseignants découvrant là une « terra incognita ». Il regrette ainsi la bipolarisation de deux types de fonctionnement : d’un côté, une véritable construction des enseignants avec les professionnels de la petite enfance, de l’autre une organisation de la journée et des activités stagnante voire plus compliquée. Ainsi, dans ce dernier cas, il n’est prévu que deux solutions : soit augmenter le temps de garderie, soit allonger la pause méridienne pour y « caser » la sieste, qui sera bien l’unique « activité » périscolaire sur le temps de midi.

Quelles sont ses critiques ?

Pour lui, la responsabilité du corps d’encadrement est aussi clairement posée ; des IEN et des Dasen se seraient ainsi révélés « trop gestionnaires ». Il aurait fallu, selon Georges Fotinos organiser un rassemblement national de tous ces personnels pour mettre davantage en avant les enjeux de cette réforme.

Les arguments financiers (problème de surcoût pour les communes) l’auraient trop souvent emporté sur l’intérêt des élèves. Ont été privilégiées l’organisation (et le coût) du transport scolaires mais aussi l’homogénéité de la gestion et de la formation départementale des personnels. De ce fait, on conserve des projets « stéréotypés » laissant peu de place à l’innovation.

Dans certaines communes, un mur d’incompréhension et/ou d’intérêts divergents s’est hissé entre les enseignants et les animateurs. De ce fait, l’intérpet même de l’articulation entre les temps scolaires et péri-éducatifs est-il sérieusement remis en cause. Ainsi on aboutira dans certains cas à une semaine scolaire répartie sur neuf demi-journées « sèches », c’est-à-dire sans prolongement péri-éducatif ou bien accolées à un projet éducatif local à l’initiative de la seule commune.

Que préconise-t-il ?

Fort de son analyse de la situation à la rentrée 2013, Georges Fotinos suggère la possibilité d’orienter autrement le passage du reste des écoles françaises, à la rentrée 2014, à la semaine de 4 jours et demi. Ainsi plaide-t-il pour « une plus grande souplesse dans la réglementation actuelle ». Comment ? En autorisant une adaptation du temps d’enseignement à l’âge des élèves mais aussi en offrant aux écoles la possibilité de déroger au calendrier scolaire. Cette dernière piste aurait ainsi le mérite d’alléger « de façon vraiment efficace et utile » la journée scolaire au bénéfice d’activités culturelles et sportives construites en réelle complémentarité des activités scolaires.
Georges Fotinos rappelle aussi que la seule modification des rythmes scolaires ne suffira pas à réformer en profondeur l’école primaire. D’autres dossiers doivent s’ouvrir sans tarder : l’allègement des programmes et l’évolution du métier d’enseignant. Il invite enfin à s’intéresser aussi aux rythmes scolaires dans le 2nd degré.

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