« Il ne se passe plus une journée en France sans qu’un édile démissionne », précise Martial Foucault, professeur à Science Po et chercheur au Cevipof, auteur d’une étude sur les démissions de maires, conduite avec l’Association des Maires de France (AMF) dans le cadre de l’Observatoire de la démocratie de proximité, publiée le 19 juin. Lors des trois derniers mandats, entre 2008 et 2026, le nombre moyen de démissions de maires a été multiplié par quatre, passant de 129 à 417 par an. Avec un pic en 2023, qui a enregistré 613 démissions. Une situation qui confirme la fragilité de la fonction et les difficultés à l’exercer, constate le chercheur.
Les élus démissionnaires sont aussi bien des hommes que des femmes mais le phénomène touche davantage les jeunes retraités, entre 65 et 74 ans, les professions intellectuelles et cadres supérieurs et les communes moyennes, entre 10 000 et 30 000 habitants. Si aucun département n’est épargné, certains sont toutefois plus sujets aux démissions, comme l’Isère, la Haute-Garonne ou le Pas-de-Calais. L’étude note également que la région Île-de-France concentre à elle seule 10 % des maires qui ont jeté l’éponge.
Désaccords et tensions au sein du conseil municipal avec des élus de l’opposition ou du même bord politique (31 %), succession programmée en début de mandat (13 %) et raisons de santé (13 %) sont les trois motifs principaux avancés par les maires démissionnaires. Parmi ces derniers, 5 % ont invoqué une fatigue morale. Les problèmes de santé sont souvent liés aux élus qui avancent en âge et aux maires qui exercent parallèlement une activité professionnelle, plus nombreux à démissionner pour cette raison.
Pour ce qui est de la succession programmée, le candidat annonce dès son élection ou lors de la campagne électorale, qu’il passera la main au cours du mandat et que l’un de ses adjoints prendra la main. Plus de quatre cas de succession programmée sur dix se sont produits dans des communes de moins de 500 habitants. Un constat préoccupant car le nombre de volontaires se restreint dans ces villages, principalement en raison d’un vieillissement de la population. Mais « il est intéressant d’observer que la plupart des démissionnaires volontaires conservent leur siège de conseiller municipal et restent impliqués dans la gestion des affaires municipales », précise Martial Foucault.
Non-cumul des mandats
Quant aux violences ou aux intimidations dont ils sont l’objet, elles apparaissent de façon plutôt marginale dans les causes de démission de maires relevées par l’étude : moins de 40 cas sur 2 189. L’étude souligne également que l’interdiction du cumul des mandats, introduite par la loi du 14 février 2014, a conduit de nombreux maires à démissionner en faveur de leur mandat de parlementaire ou d’exécutif départemental.
« Le mandat 2020-2026 n’aura ressemblé à aucun autre, constate l’AMF qui appelle le Parlement à adopter le texte sur le statut de l’élu, alors que les élections municipales auront lieu dans moins d’un an. Il a commencé avec la crise du Covid-19 et s’achève dans un climat d’instabilité nationale depuis la dissolution et une situation financière difficile ».
Marie Gasnier
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