Municipales et métropolitaines : les Lyonnais voteront deux fois en mars 2020

Publié le 22 janvier 2020 à 10h33 - par

En mars 2020, les électeurs de Lyon et de son agglomération seront les seuls en France à déposer deux bulletins de vote : un pour la mairie et l’autre pour la métropole, conséquence d’un nouveau mode de scrutin pour cette dernière.

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Élections municipales 2020
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En 2014, les conseillers du Grand Lyon avaient été élus, comme dans les autres intercommunalités, via un système de fléchage sur les listes municipales. Mais la naissance de la Métropole de Lyon au 1er janvier 2015 a changé la donne.

Unique en son genre

Imaginée par Gérard Collomb et Michel Mercier quand ils siégeaient au Sénat, la métropole lyonnaise, qui regroupe 59 communes et 1,4 million d’habitants, a été dotée d’un statut unique par la loi Maptam de 2014.

La Courly, créée en 1969 et devenue Grand Lyon par la suite, était une communauté urbaine fonctionnant comme beaucoup d’autres en France.

Mais la Métropole de Lyon est « une collectivité territoriale à part entière, avec un conseil élu au suffrage universel direct et une large compétence », souligne Paul Bacot, professeur émérite à Sciences Po Lyon, auteur d’un récent ouvrage sur le sujet.

Dotée d’un statut unique, elle dispose sur son territoire des compétences de l’ancienne communauté urbaine mais aussi du conseil départemental (gestion des collèges et action sociale principalement).

Elle bénéficie aussi de « dispositions spéciales » du Code électoral qui entrent en vigueur en mars 2020.

Un scrutin à part

Pour la première fois, ses 150 conseillers – contre 165 dans l’assemblée sortante – seront élus dans le cadre d’un scrutin spécifique, distinct de l’élection municipale mais organisé simultanément.

Dans les 868 bureaux de vote de la Métropole, le dispositif habituel (isoloirs, urnes) sera dupliqué. Les électeurs y trouveront des bulletins pour élire leurs conseillers municipaux et d’autres pour élire leurs conseillers métropolitains, les listes n’étant pas les mêmes – tout en pouvant se recouper. Le mode de scrutin, à la proportionnelle avec prime majoritaire pour le vainqueur, sera identique, tout comme les règles pour se maintenir ou faire alliance au second tour.

À ceci près que seuls les électeurs « nationaux » pourront voter aux métropolitaines, les ressortissants européens étant cantonnés aux municipales.

Quatorze circonscriptions

Autre différence, de taille : l’échelon électoral.

La métropole a été découpée en 14 circonscriptions. Six partagent les neuf arrondissements de Lyon, huit regroupent entre trois et 25 communes alentour. Le nombre de sièges à pourvoir varie de 8 à 17 en fonction du nombre d’habitants.

Première conséquence : la représentativité des communes n’est plus assurée. Jusqu’à présent, chacune d’elles se voyait attribuer au moins un siège dans l’hémicycle intercommunal.

Ce ne sera plus le cas en mars 2020 : la circonscription du Val-de-Saône par exemple, qui compte 25 communes, n’enverra que 14 conseillers à l’assemblée métropolitaine.

Ce changement a fait des mécontents chez les « petits maires » qui ne sont pas à l’abri, en outre, de voir un opposant siéger à leur place à la Métropole. Mais il permet une représentation plus équitable des habitants de l’agglomération, au profit des Lyonnais et des Villeurbannais.

Incertitudes

Inégalement peuplées, les circonscriptions se différencient surtout par leur sociologie, des collines cossues de l’ouest lyonnais aux banlieues populaires à l’est et au sud de la ville. Ce qui rend l’issue du vote très incertaine, au-delà des sondages et des stratégies d’alliance.

« La prime majoritaire jouera dans chaque circonscription et ça va balkaniser le scrutin. On aura 14 élections qui peuvent produire une assemblée ingouvernable, faute de majorité stable », estime Romain Meltz, chercheur associé au laboratoire Triangle à l’ENS de Lyon.

« L’offre électorale ne sera pas la même d’une circonscription à l’autre, des partis alliés ici pouvant être concurrents ailleurs. Ce système aboutit à quelque chose de totalement imprévisible », renchérit Paul Bacot.

Seule certitude : le futur président de la métropole ne sera pas maire de Lyon, la loi interdisant désormais de cumuler les deux postes.

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