Absentéisme scolaire : l’ADF s’oppose à la suspension des allocations familiales

Publié le 12 avril 2010 à 0h00 - par

Brandir la menace d’une suspension des allocations familiales ne répondra pas à la question sociale, estime le président de l’Assemblée des départements de France (ADF), Claudy Lebreton. « Les familles concernées ont déjà des difficultés financières. Peut-on prendre le risque de les aggraver encore ? »

Absentéisme scolaire : l'ADF s'oppose à la suspension des allocations familiales

Après l’Union nationale des associations familiales (Unaf), c’est au tour de l’Assemblée des départements de France (ADF) de réagir aux propos du ministre de l’Éducation nationale, Luc Chatel, qui, à la suite du président de la République, vient de relancer la discussion sur l’absentéisme scolaire et annonce « de nouvelles mesures visant à rendre incontournable la suspension des allocations familiales pour les familles des enfants concernés ».

L’absentéisme est une réalité, mais le phénomène est loin de se généraliser (2,5 % des collégiens, 4 % des lycéens). En outre, cela ne concerne que certains établissements et peu de départements, souligne l’association des présidents de conseils généraux. La loi n° 2006-396 du 31 mars 2006 relative à l’égalité des chances a instauré la signature d’un contrat de responsabilité parentale (CRP) entre les parents et les départements, prévoyant, déjà, en cas de non-respect, une suspension des allocations familiales, rappelle l’ADF.

Selon les termes de ce dispositif, il revient au président du conseil général de « proposer » un tel contrat, «à sa propre initiative ou à l’initiative du maire, du chef d’établissement ou de l’inspecteur d’académie, en cas d’absentéisme scolaire grave, de trouble porté au fonctionnement d’un établissement scolaire ou de toute autre difficulté liée à une carence de l’autorité parentale». Et il prévoit surtout, « en cas de refus délibéré des parents de s’associer à cette démarche» et « en ultime recours », une suspension des allocations familiales.

« Or, le constat s’impose : la grande majorité des présidents n’ont pas eu à se saisir de cette procédure. Et pour cause, les mesures de protection de l’enfance (jusqu’à 18 ans) et les politiques d’accompagnement des familles en difficulté qu’ils assument, ont prouvé toute leur efficacité. L’absentéisme renvoie, très souvent, à une situation économique et sociale fragilisée des familles. Les parents des enfants absentéistes sont, pour la plupart, hors de l’univers scolaire de leur enfant, du fait de leur situation (chômage, emplois précarisés, familles monoparentales…). Brandir la sanction ne répondra pas à la question sociale. Les familles concernées ont déjà des difficultés financières. Peut-on prendre le risque de les aggraver encore ? », explique Claudy Lebreton.

Il ne faut pas stigmatiser davantage les familles en grandes difficultés économiques et sociales. Or, rendre systématique le retrait des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire irait totalement à l’encontre de la mission d’inclusion des travailleurs sociaux des départements, estime le président de l’ADF. Par ailleurs, « donner cette responsabilité aux préfets ne résoudra pas cette question, qui relève bien plus d’une approche humaniste, compréhensive et intelligente des problèmes humains posés par ces familles, que de mesures coercitives ».


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