Les difficultés des communes pour établir la liste des enfants soumis à l’obligation scolaire

Publié le 29 mars 2024 à 9h45 - par

Selon le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, la réglementation actuelle est suffisante pour permettre au maire d’établir la liste des enfants soumis à l’obligation scolaire sur le territoire de sa commune.

Les difficultés des communes pour établir la liste des enfants soumis à l’obligation scolaire
© Par Vasyl - stock.adobe.com

Fin 2023, la sénatrice de l’Aisne (Les Républicains), Pascale Gruny, a attiré l’attention du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, alors Gabriel Attal, sur les difficultés rencontrées par les communes pour établir la liste des enfants soumis à l’obligation scolaire sur le territoire communal. Mi-octobre, un courrier des services de son ministère rappelait aux maires leur obligation d’établir cette liste, en application du décret n° 2022-184 du 15 février 2022. « Or, les maires ne sont plus en mesure d’y répondre », estime la sénatrice. Depuis la loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, la compétence « eau et assainissement » est transférée aux établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), qui refusent, la plupart du temps, de transmettre leurs fichiers aux communes au nom du règlement général de la protection des données (RGPD), explique Pascale Gruny. Or la facturation de ce service était « le seul lien qui permettait aux conseils municipaux de connaître et suivre les familles installées dans la commune et ainsi définir le nombre d’enfants en âge d’être scolarisés », poursuit-elle. En outre, certaines familles ne s’inscrivent pas sur les listes électorales, ce qui complexifie davantage encore les remontées d’information, complète la parlementaire. Aussi, Pascale Gruny a interrogé le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse sur les moyens que le gouvernement compte mettre en œuvre pour que les maires puissent disposer des outils nécessaires et répondre à leurs obligations réglementaires… sans risquer une sanction.

Agissant à cet effet en tant qu’agent de l’État, il revient au maire de dresser la liste de tous les enfants résidant dans sa commune et soumis à l’obligation d’instruction, en application de l’article L. 131-6 du Code de l’éducation, insiste l’actuelle ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse dans sa réponse publiée dans le JO Sénat du 4 mars 2024. Objectif : s’assurer que l’obligation d’instruction est respectée et qu’aucun enfant n’est privé de son droit à l’instruction.

« Ce même article prévoit qu’afin de procéder au recensement des enfants en âge d’obligation scolaire, le maire peut mettre en œuvre un traitement automatisé de données », indique le ministère. Afin de faciliter l’établissement et la mise à jour de cette liste, les directeurs des écoles ou les chefs des établissements scolaires, publics ou privés, doivent, en application de l’article R. 131-3 du Code de l’éducation, déclarer au maire et au directeur académique des services de l’éducation nationale (DASEN), dans les huit jours suivant la rentrée des classes, les enfants fréquentant leur établissement. L’état des mutations doit être fourni à la fin de chaque mois. En outre, l’article R. 131-10-3 du même Code précise que les organismes chargés du versement des prestations familiales doivent transmettre au maire, à sa demande, les données relatives à l’identité de l’enfant ouvrant droit au versement de prestations familiales, ainsi que celles relatives à l’identité de l’allocataire. Par ailleurs, depuis la rentrée 2022, le suivi par le maire et le DASEN de l’obligation d’instruction est renforcé par l’attribution d’un identifiant national unique au profit de chaque enfant, en application de l’article L. 131-6-1 du Code de l’éducation, estime le ministère. Enfin, la mise en place de l’instance départementale chargée de la prévention de l’évitement scolaire doit aussi permettre, depuis la rentrée scolaire 2022, d’améliorer le contrôle de l’obligation d’instruction en favorisant l’échange et le croisement d’informations entre les différents services déconcentrés.

Ainsi l’efficacité du contrôle de l’obligation d’instruction repose, avant tout, sur la qualité et l’exhaustivité de la liste scolaire dont la constitution gagne à s’appuyer sur des informations complémentaires aux listes transmises par les établissements scolaires et les DASEN, peut-on lire dans la réponse ministérielle. « La réglementation actuelle permet par conséquent au maire d’établir la liste des enfants soumis à l’obligation scolaire sur le territoire de sa commune », conclut le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, qui n’envisage donc pas de mettre en place de nouvelles mesures en la matière.


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