Le TDAH, un trouble de l’attention méconnu et incompris

Publié le 11 juin 2021 à 7h42 - par

Ils ne « tiennent pas en place », ont du mal à se concentrer ou à finir ce qu’ils ont commencé : quelque 2 millions de personnes en France, dont 800 000 enfants, souffriraient d’un « trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité » (TDAH), un syndrome sous-diagnostiqué et trop souvent incompris.

Le TDAH, un trouble de l'attention méconnu et incompris

Ce trouble entraîne souvent des parcours scolaires chaotiques et de lourdes conséquences sur la vie sociale et professionnelle des personnes concernées. Il pourrait être mieux pris en charge si les médecins et les enseignants étaient mieux formés, ont expliqué parents et experts lors d’une conférence organisée cette semaine à Paris en amont de la première journée nationale de sensibilisation au TDAH, prévue samedi 12 juin 2021.

Il s’agit du « deuxième trouble le plus fréquent en psychiatrie de l’enfant », mais « la France est le pays où il est le moins bien pris en charge et l’un de ceux où il est le moins diagnostiqué », déplore le Dr Jean-Baptiste Alexanian, un psychiatre spécialiste de ce trouble.

Or la qualité de vie des patients peut être grandement améliorée par des séances de psychothérapie ou d’ergothérapie, voire par des médicaments. Des traitements cependant très mal pris en charge financièrement.

Ce syndrome, « on en parle très peu, si bien qu’on le confond avec des troubles psychologiques, ou alors on nous dit : Votre gamin est mal élevé ! », se désole Stéphanie Jacquet, présidente de l’association « TDAH, pour une égalité des chances ».

Depuis qu’elle a été diagnostiquée TDAH, sa fille Pauline, 10 ans – une fillette « impulsive », aux « émotions exacerbées », qui « fait le poirier pour réciter sa poésie » – a pu bénéficier d’aménagements à l’école : un « vélo-bureau » lui permet de pédaler en travaillant, donc de bouger à sa guise pour mieux se concentrer.

« J’ai compris que c’est à moi de m’adapter à elle », raconte sa mère, qui a acheté un punching-ball pour que l’enfant puisse « décharger ses émotions » à la maison.

Incompris et punis

Selon une consultation en ligne menée en 2019 par l’association de Mme Jacquet auprès de 950 familles, 80 % des enfants concernés rencontrent d’importantes difficultés à l’école : harcèlement, décrochage ou phobies scolaires, anxiété, voire dépression.

Ces élèves sont « incompris, parfois punis à cause de leur comportement, et ils se replient sur eux-mêmes », détaille la militante associative.

Pour Juliette Speranza, une ancienne enseignante qui rédige actuellement une thèse sur la « neurodiversité » face aux « normes scolaires », « il faut construire une école plus tolérante à la diversité » et aux rythmes de chacun. Lorsque le professeur est sensibilisé à ces troubles, « ça change tout », cependant il reste toujours contraint par une « structure scolaire trop rigide », déplore-t-elle.

Souvent, l’enfant devra grandir avec ses difficultés et attendre l’âge adulte pour qu’un professionnel mette enfin des mots sur ses maux. Comme Adrien Devyver, un journaliste belge qui a raconté son histoire dans un livre intitulé « On m’appelle la tornade ».

Le diagnostic, posé alors qu’il avait passé la trentaine, lui a permis de « commencer une deuxième vie, de mieux s’assumer », résume le quadragénaire, qui confie « être incapable de participer à une réunion » et regrette de « parler trop vite, donc de dire des choses qu’il ne devrait pas dire ».

Nombre d’adultes souffrant de ce syndrôme « ont un parcours semé d’embûches », souligne le Dr Étienne Kammerer, chargé de la Coordination nationale « TDAH adultes » : « dépression dès le plus jeune âge », « perte d’estime de soi », « difficulté à une stabilité professionnelle ou affective ». Les personnes concernées « ont du mal à rester à table pour toute la durée d’un repas ou à voir un film jusqu’au bout. Ils courent un risque élevé d’accidents, par distraction et impulsivité », énumère-t-il.

En outre le TDAH, « surtout quand il n’est pas diagnostiqué dès l’enfance ou l’adolescence, augmente très sérieusement les risques d’addiction », par exemple à l’alcool, aux drogues ou au jeu, explique le médecin addictologue.

L’humoriste Jérémy Ferrari a ainsi raconté sur plusieurs plateaux de télévision qu’il n’avait pu vaincre son alcoolisme qu’après avoir compris, à 31 ans, qu’il était atteint de TDAH. Lorsque ce diagnostic a enfin été posé, il confie avoir « pleuré de joie ».

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