Le Premier ministre François Bayrou, qui participait dans la soirée au conseil municipal de Pau, ville dont il reste maire, a fait voter une aide de 25 000 euros pour Mayotte. « Devant cette situation, il faut que la solidarité nationale s’exprime, toutes les solidarités nationales », a-t-il dit, en appelant toutes les collectivités du pays à participer au mouvement de solidarité.
« Les conséquences humaines, sanitaires et matérielles ne sont pas encore entièrement connues mais les premiers constats sur place indiquent qu’elles sont catastrophiques et durables », a réagi l’Association des Maires de France (AMF). Dans un communiqué, la première association d’élus appelle les communes et les intercommunalités à « apporter au plus vite un soutien financier aux opérations d’urgence » en adressant leurs dons à la protection civile, avec qui un dispositif « de veille et de soutien » a été mis en place.
« L’urgence est le secours aux victimes, la fourniture de biens essentiels, le déblaiement et le rétablissement des infrastructures d’importance vitale », souligne le communiqué, co-signé par plusieurs associations (France urbaine, l’Anel et l’Unccas).
Le cyclone a ravagé samedi 14 décembre le territoire de l’océan Indien, département le plus pauvre de France, où environ un tiers de la population vit dans de l’habitat précaire, totalement détruit. Trois jours après le passage de ce cyclone, le plus intense qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans, routes, hôpitaux et établissements scolaires ont été sévèrement touchés : l’archipel meurtri est en manque de tout, et les habitants s’alarment de la situation sanitaire qui se dégrade.
Réunie en conseil métropolitain, la Métropole du Grand Paris a elle voté une enveloppe de 500 000 euros.
Certains conseils départementaux sont aussi mobilisés, comme le Var et l’Eure-et-Loir qui ont chacun débloqué 10 000 euros lundi 16 décembre, ou encore celui des Alpes-Maritimes dont le président Charles Ange Ginésy (LR) a dit vouloir proposer le vote d’une enveloppe de 100 000 euros.
L’association Départements de France a annoncé l’ouverture d’un « compte spécial » pour recueillir les dons de première urgence des départements. « Au-delà de la première urgence et de la course de vitesse pour sauver les vies, la reconstruction va être un enjeu d’autant plus important que le département de Mayotte faisait déjà face à des défis considérables, tant au niveau de la production et la distribution d’eau potable qu’en matière d’urbanisme », a reconnu l’association.
« Besoins vitaux »
Trois jours après la catastrophe, la priorité est d’assurer les « besoins vitaux » des habitants en eau et en nourriture, a indiqué lundi 16 décembre Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur.
« On risque une crise sanitaire », a alerté Ben Issa Ousseni, le président du Conseil départemental sur la chaîne Mayotte la 1re.
Sur l’archipel, premier désert médical de France, l’unique hôpital, très endommagé, « reprend progressivement son activité » et sera soutenu par un hôpital de campagne dès jeudi 19 décembre, a indiqué M. Retailleau.
La situation du système de soins est « très dégradée » à Mayotte, a déclaré la ministre démissionnaire de la Santé, Geneviève Darrieussecq. Lundi, 25 premiers patients « en situation urgente » ont été évacués vers La Réunion.
Autre priorité pour les autorités, l’envoi de tentes et de bâches pour rétablir des habitats, totalement détruits ou la toiture arrachée par des rafales de vent qui ont atteint plus de 220 km/h. Selon la Croix-Rouge française, 20 tonnes de matériel sont en cours d’acheminement.
M. Retailleau a annoncé aussi l’arrivée « dans les prochains jours » de 400 gendarmes supplémentaires pour prêter main forte aux 1 600 gendarmes et policiers présents sur l’archipel, tout en précisant qu’il n’y avait « pas eu vraiment de pillage ».
« Élan de solidarité »
Régions de France a elle aussi annoncé la création d’un fonds de solidarité. « La situation dramatique que vit Mayotte doit conduire à un très vaste élan de solidarité nationale », a souligné sa présidente Carole Delga, qui dirige également la région Occitanie.
Plusieurs villes ont annoncé des soutiens financiers, comme Nice, dont le maire Christian Estrosi fera voter mercredi 18 décembre 2024 une aide de 100 000 euros en conseil municipal.
Marseille débloque aussi une aide de 50 000 euros, en complément de l’envoi de sapeurs-pompiers, parmi lesquels deux médecins et une infirmière seront sur place mardi 17, dans l’attente de 17 personnes supplémentaires.
Dijon et sa métropole ont également annoncé un versement de 100 000 euros à la Croix-Rouge de Côte-d’Or, qui a déployé des équipes, ainsi que Nancy et sa métropole pour le Secours populaire, ou encore l’agglomération de Bourg-en-Bresse, Clermont-Ferrand et Viry-Châtillon (Essonne).
« Personne ne peut rester indifférent face à ces images de l’île dévastée, de bidonvilles complètement détruits », a déclaré dans un communiqué Christophe Béchu, ex-ministre de la Transition écologique redevenu président de la communauté urbaine d’Angers, qui a débloqué 30 000 euros.
L’Association des petites villes de France a appelé à une « mobilisation générale » d’urgence en invitant ses élus à soutenir financièrement la Fondation de France.
Certaines mairies ont mis en berne leurs drapeaux en hommage aux victimes.
Dans le Gard, les pompiers ont par ailleurs annoncé l’envoi à Mayotte de l’hôpital de campagne Escrim (Elément de sécurité civile rapide d’intervention médicale). Ce module engage un détachement de 90 sauveteurs, composé de sapeurs-sauveteurs de la sécurité civile du Var et de sapeurs-pompiers du Gard.
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