La FHF veut maîtriser l’IA dans les hôpitaux publics

Publié le 19 septembre 2025 à 9h10 - par

La FHF a publié début septembre 2025 un livret qui synthétise son expertise sur l’intelligence artificielle en santé, appliquée aux établissements publics.

La FHF veut maîtriser l'IA dans les hôpitaux publics
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À travers un livret intitulé « L’IA en santé : qui est le maître ? » publié le 3 septembre 2025, la Fédération hospitalière de France (FHF) a exposé sa vision sur l’intégration de l’intelligence artificielle dans le service public de santé. « Entre promesses d’innovation et vigilance éthique », cette publication soupèse les « ambitions et perspectives » de l’IA en santé. La Fédération met en lumière les usages déjà déployés dans les établissements, les enseignements d’un baromètre inédit et « la volonté de construire collectivement une IA au service du soin et de la confiance. » « Il s’agit de faire de l’IA un levier au service de la relation de confiance, de la qualité des soins et de l’efficacité des pratiques. Garder la maîtrise, c’est évaluer avec exigence, questionner les usages, et garantir l’utilité réelle pour les équipes et les patients », soutiennent Arnaud Robinet et Zaynab Riet, le président et la déléguée générale de la FHF.

Quels usages de l’IA dans les  établissements de santé ?

Cette publication synthétise l’expertise de la Fédération sur l’intelligence artificielle en santé, appliquée aux établissements publics. Elle s’appuie sur les travaux de la commission « FHF IA » et les résultats d’un baromètre inédit réalisé en juillet 2025, conduit auprès de 110 hôpitaux et établissements médico-sociaux publics. Celui-ci offre « une photographie fidèle et actuelle de ces usages et permet de tirer de premiers enseignements », assure la FHF. Il s’appuie sur 18 questions couvrant l’ensemble des facettes des projets d’IA dans les établissements : bénéfices attendus et constatés, freins identifiés, modalités de gouvernance, dispositifs de formation, dynamiques partenariales, enveloppes budgétaires et perspectives de déploiement à trois ans.

Aujourd’hui, près des deux tiers (65 %) des établissements utilisent déjà des solutions d’intelligence artificielle en production, avec moins d’une dizaine d’applications déployées, révèle le baromètre. Et 90 % des établissements déclarent avoir l’intention de lancer de nouvelles initiatives ou projets basés sur l’IA, d’ici 1 à 3 ans.

Les bénéfices constatés ou attendus de l’IA

La FHF a interrogé les établissements sur les bénéfices constatés ou attendus de l’utilisation de l’IA. Voici, dans l’ordre, leurs réponses.

  • Amélioration de l’efficacité opérationnelle

L’IA est d’abord perçue comme un levier pour fluidifier les processus (automatisation des tâches). Les établissements souhaitent dégager du temps « non médical » pour le réinvestir dans le soin.

  • Amélioration de la qualité des soins

La performance clinique succède logiquement à l’efficience opérationnelle. L’IA permet des diagnostics plus précis et une réduction du risque d’erreurs médicales.

  • Amélioration de la satisfaction des patients et/ou du personnel

Le gain de temps dégagé par l’IA se fait au bénéfice de la dimension humaine : plus d’écoute pour le patient, moins de tâches répétitives pour les soignants.

  • Optimisation des coûts et des ressources

L’optimisation des coûts et des ressources apparaît comme le résultat possible de la performance et de la qualité plutôt qu’un objectif direct.

  • Plus mineure, la personnalisation des parcours

Cet aspect intéresse les établissements, mais les prérequis (partage de données et sécurisation) freinent son essor.

Avec près de 77 % des votes concentrés sur le triptyque efficacité-qualité-satisfaction des patients, « le message des hospitaliers est sans ambiguïté : l’IA doit avant tout libérer du temps médical et améliorer les résultats cliniques pour, in fine, mieux bénéficier aux patients et aux équipes », commente la FHF. La Fédération souligne que l’optimisation des coûts, bien qu’importante, n’arrive qu’en quatrième position. « Elle apparaît non pas comme une fin en soi, mais plutôt comme la conséquence naturelle d’une meilleure organisation des soins. Autrement dit, les établissements voient avant tout en l’IA un moyen d’améliorer leurs pratiques et leur efficacité, sachant que les économies suivront mécaniquement », explique la Fédération.

Les domaines d’utilisation de l’IA

« Dans quels domaines fonctionnels votre établissement utilise-t-il des solutions d’IA ? », a également demandé la FHF. Voici, toujours dans l’ordre, leurs réponses :

  • L’aide au diagnostic ou à la décision clinique l’emporte

Ce domaine prédomine, avec plus d’un répondant sur deux positionnant avant tout l’IA comme un outil pour fiabiliser et accélérer les diagnostics (détection précoce des cancers sur les images, interprétation automatisée des examens biologiques…). Cela traduit une volonté de sécurisation clinique et de qualité des prises en charge, se félicite la Fédération.

  • Le pilotage stratégique et l’analyse de données de santé

La FHF souligne l’intérêt pour des tableaux de bord prédictifs et une gouvernance appuyée sur la donnée. L’IA est également un outil d’aide à la décision managériale. Néanmoins, ces usages sont freinés par le manque de structuration et d’interopérabilité des données.

  • La recherche clinique ou biomédicale

Cela confirme la place de l’IA comme accélérateur de découverte, même si ce champ reste moins cité puisqu’il concerne principalement les CHU.

« Fait paradoxal », s’étonne la Fédération, l’organisation logistique et les flux demeurent secondaires en termes d’usage, alors même que les gains potentiels grâce à l’IA (gestion des stocks, planification des rendez-vous, optimisation de la gestion des lits) sont a priori importants. Enfin, derrière le champ « Autre », la FHF recense un foisonnement d’usages encore émergents (formation, cybersécurité, relation patient…), que le secteur n’a pas encore totalement identifiés.

« Garder la maîtrise de l’IA, c’est garder le sens de notre mission. L’IA bouscule. À nous de définir sa place », concluent le président et la déléguée générale de la FHF.


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