Budget 2026 : les fonctionnaires grands perdants de l’année blanche budgétaire

Publié le 16 juillet 2025 à 16h15 - par

François Bayrou a présenté, mardi 15 juillet 2025, lors d’une allocution très attendue les principales pistes d’économies envisagées dans le cadre du budget 2026. Dans un contexte de rigueur budgétaire inédite, le gouvernement propose une « année blanche budgétaire », c’est-à-dire une année durant laquelle aucune augmentation des dépenses publiques n’est envisagée, y compris en matière de rémunération ou de création de postes dans la fonction publique, censée réduire significativement le déficit public.

Fonction publique : les grands perdants de l'année blanche budgétaire voulue par Bayrou en 2026
© Par tarik - stock.adobe.com

Ainsi, ce sont les fonctionnaires qui apparaissent une nouvelle fois en première ligne de l’effort national. Suppression de 3 000 postes, non-remplacement d’un agent sur trois partant à la retraite dès 2027, gel de la valeur du point d’indice, les annonces ont créé un profond malaise chez les agents publics et une levée de boucliers chez les syndicats. Ces derniers dénoncent une stigmatisation persistante de la fonction publique, pourtant pilier de l’action publique et de la cohésion sociale.

Une politique d’austérité ciblée sur la masse salariale publique

La suppression annoncée de 3 000 postes de fonctionnaires pour 2026, si elle reste marginale à l’échelle des effectifs globaux, marque une inflexion nette dans la gestion des ressources humaines de l’État. Cette mesure s’accompagne, dès 2027, d’un objectif de non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Cette politique rappelle celle des années 2000 sous Nicolas Sarkozy, qui s’était traduite par une forte réduction des effectifs, une surcharge de travail pour les agents restants, et une détérioration notable de la qualité des services rendus au public et ses effets délétères sur la qualité des services rendus à la population. Elle fait craindre une nouvelle dégradation des conditions de travail, une augmentation des charges individuelles, et une perte de compétences dans des secteurs déjà sous tension.

Autre décision très contestée : l’absence de toute revalorisation salariale en 2026. Dans un contexte où l’inflation continue d’éroder le pouvoir d’achat des ménages, cette mesure constitue un signal négatif fort envoyé aux agents publics. Le gel du point d’indice, qui sert de base au calcul des rémunérations, signifie concrètement une baisse de revenu réel. Cette situation est d’autant plus mal vécue qu’elle intervient après plusieurs années de mobilisation durant la crise sanitaire, notamment avec l’engagement sans relâche des soignants, des enseignants et des agents territoriaux en première ligne, souvent au péril de leur propre santé et sans reconnaissance financière pérenne, sans qu’une reconnaissance durable n’ait été mise en place.

Dialogue social rompu et crise de l’estime professionnelle

Face à ces annonces, les syndicats de la fonction publique ont exprimé une indignation commune. La FSU, la CFDT, la CGT ou encore l’UNSA pointent l’absence totale de concertation préalable et dénoncent des décisions brutales, imposées sans écoute des instances de dialogue social. Selon eux, ces mesures vont à l’encontre de la nécessaire attractivité de la fonction publique et contribuent à fragiliser un peu plus des collectifs de travail déjà éprouvés par des restructurations successives. La politique d’austérité engagée par l’exécutif est perçue comme un déni du rôle fondamental des agents dans la mise en œuvre des politiques publiques.

Ce qui inquiète également les fonctionnaires, c’est le discours politique sous-jacent. En traitant les agents comme une charge financière à réduire, le gouvernement nie la richesse humaine et sociétale que constitue la fonction publique. Les agents assurent au quotidien l’accès à l’éducation, à la santé, à la sécurité, à la justice, à la solidarité. Par exemple, dans les hôpitaux, les soignants assurent des gardes jour et nuit pour maintenir une continuité des soins, tandis que dans les écoles, les enseignants gèrent des classes de plus en plus chargées avec des moyens limités… autant de services essentiels au fonctionnement de la société et au maintien du pacte républicain. Cette méconnaissance de leur rôle alimente un sentiment de dévalorisation et de perte de sens au travail.

L’année blanche budgétaire présentée comme une mesure de responsabilité budgétaire risque de se transformer en année noire pour la fonction publique. En concentrant les efforts d’économies sur les agents de l’État, le gouvernement prend le risque d’affaiblir durablement les capacités de l’action publique. Le mal-être des fonctionnaires, nourri par un manque de reconnaissance et une accumulation de contraintes, pourrait s’aggraver. Restaurer un dialogue social authentique et valoriser les missions du service public suppose notamment de relancer les concertations avec les organisations syndicales, d’associer davantage les agents aux décisions qui les concernent. Mettre en place des mesures concrètes de reconnaissance, comme des parcours professionnels valorisants, des primes ciblées, ou encore une communication renforcée sur l’utilité sociale de leurs missions, apparaît comme une impérieuse nécessité pour sortir de l’impasse.


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Ressources humaines »

Voir toutes les ressources numériques Ressources humaines