Vers une réduction des effectifs de la fonction publique : les annonces de Bercy interrogent

Publié le 10 juin 2025 à 14h15 - par

Les ministres de l’Économie, Éric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, ont chacun déclaré publiquement, dimanche 8 juin 2025, vouloir engager une baisse du nombre de fonctionnaires pour réduire le déficit public. Cette orientation s’inscrit dans le cadre de la préparation du budget 2026, dont les grandes lignes doivent être présentées d’ici juillet. Alors qu’aucun chiffre précis n’a encore été annoncé, cette prise de position relance le débat sur la place et le coût de la fonction publique dans les finances publiques, dans un contexte de dette persistante et de ralentissement de la croissance.

Vers une réduction des effectifs de la fonction publique : les annonces de Bercy interrogent
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Un objectif d’économie dans un contexte de tension budgétaire

L’annonce d’une possible baisse des effectifs dans la fonction publique intervient alors que la France cherche à contenir un déficit public qui reste supérieur à 5 % du PIB. Selon la Cour des comptes, la maîtrise de la masse salariale publique représente un levier majeur de réduction du déficit. En 2023, la dépense publique consolidée liée à la fonction publique atteignait près de 320 milliards d’euros, soit environ 13,2 % du PIB. Les ministres prévoient ainsi de recourir à une « gestion active des départs », voire à des gels de postes non essentiels.
Malgré cette volonté affirmée, aucun objectif chiffré n’a été avancé à ce stade. Cette prudence s’explique autant par les risques sociaux que par la complexité des structures administratives. Les expériences passées, notamment sous la RGPP (Révision générale des politiques publiques) entre 2007 et 2012, ont montré les limites d’une réduction uniforme des effectifs, parfois au détriment de la qualité du service public.

Les effectifs de la fonction publique : état des lieux et dynamiques récentes

Selon les données de l’Insee (bilan 2023), la fonction publique comptait 5,66 millions d’agents fin 2022, soit une hausse de 0,5 % par rapport à 2021. Cette progression s’explique notamment par la création de postes dans la fonction publique hospitalière (+ 1,3 %) et territoriale (+ 0,6 %), liée aux besoins en santé et à la décentralisation des compétences. La fonction publique d’État, en revanche, a vu ses effectifs se stabiliser (+ 0,1 %).

D’après Fipeco, la France se situe dans la moyenne européenne en matière de part des fonctionnaires dans l’emploi total (environ 20 %). Ce chiffre reste inférieur à celui des pays nordiques (Norvège, Suède) mais supérieur à celui de l’Allemagne (10 % environ). Cela s’explique par des choix de modèles sociaux et par l’étendue des missions assurées par le secteur public français, en particulier dans l’éducation et la santé.

La volonté du gouvernement de réduire les effectifs de la fonction publique s’inscrit dans une logique de rigueur budgétaire face à un déficit persistant. Toutefois, une telle démarche ne peut être réduite à une simple question de chiffres : elle implique une réflexion sur l’organisation, l’efficacité et les missions du service public. Dans cette perspective, le dialogue social avec les organisations syndicales et les collectivités territoriales devra être central pour éviter que l’objectif d’économie ne se fasse au détriment de la qualité du service rendu aux citoyens.