Législatives, Philippe Jacquemoire, DGS de Saint-Paul-lès-Dax : “J’envisage de faire travailler les agents en semaines de travail décalées”

Publiée le 17 juin 2024 à 10h30 - par

Le 9 juin dernier, le président de la République a dissous l'Assemblée nationale et annoncé la tenue d'élections législatives les 30 juin et 7 juillet. Pour l'AMF, cette décision soudaine et la convocation des électeurs "dans un délai inédit dans l'histoire de la République" font peser une pression importante sur les communes et inquiètent de nombreux maires sur la capacité de leur commune "à organiser ces deux scrutins dans des conditions satisfaisantes". Recrutement des assesseurs, activités touristiques estivales, début des congés scolaires, coût du scrutin... Philippe Jacquemoire, DGS de Saint-Paul-lès-Dax, explique à WEKA comment il s'organise face à ce tsunami...
Philippe Jacquemoire, DGS de Saint-Paul-lès-Dax : “J'envisage de faire travailler les agents en semaines de travail décalées”

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Vous avez appris le 9 juin que vous devriez organiser des élections législatives le 30 juin 2024. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle pour le moins imprévue ?

C’est allé très vite… Le décret est paru le lundi 10 juin après-midi dans un Journal officiel exceptionnel, ce qui est très rare, avec des incertitudes sur la date limite d’inscription sur les listes électorales, car le libellé de l’article 4 n’était pas clair sur les dates à prendre en compte. On ne savait pas ce qu’il en était des électeurs ayant déposé leur demande d’inscription qui n’avait pas été validée par le maire entre le 24 mai et le 9 juin… Or, dès le lundi 10 juin au matin, nous avons été sollicités par des personnes qui voulaient s’inscrire et à qui il a fallu expliquer que c’était impossible et pourquoi, en gérant leur frustration. Cela a été un peu la course ! Mais le préfet des Landes a été assez réactif. De leur côté, les forces de police et de gendarmerie ont pris le flot des nouvelles procurations car la première semaine de juillet, les écoles se vident… Les gens partent en vacances. Je pense d’ailleurs que le second tour risque d’être plus compliqué à organiser car il se déroulera pendant une semaine de transition avant les grandes vacances, ce qui explique sans doute aussi le calendrier très serré voulu par le président de la République.

Comment se passe l’organisation technique de ce scrutin ?

La ville compte douze bureaux de vote, répartis sur la surface de la commune qui s’étend sur 55 km2, ce qui demande une organisation très complexe. Nous devrons aussi arriver à mobiliser tous les assesseurs. Il faut en désigner au minimum quatre par bureau de vote, soit quarante-huit, sans compter le vice-président et les assesseurs suppléants, ce qui double ce chiffre… Mais le côté positif, c’est que ce scrutin étant très proche des élections européennes du 9 juin, nous avons pu recontacter les personnes qui avaient assumé les fonctions d’assesseurs et elles ont accepté. Nous essayons aussi de faire en sorte que le secrétariat des bureaux de vote soit assuré par des agents communaux (qui doivent également être électeurs de la commune), afin de sécuriser la rédaction des procès-verbaux. Pour la première fois, lors du scrutin européen, j’ai ouvert l’appel à des agents des services techniques, de la restauration, du périscolaire… et non plus uniquement aux agents administratifs, car ils ne sont pas assez nombreux à habiter la commune. C’est une belle réussite, ils ont été très efficaces et ils ont accepté pour les deux tours des législatives. Enfin, sur le plan technique, le 30 juin, il faudra installer les bureaux de vote et les redémonter pour la journée d’école du lendemain – on n’aura pas cette difficulté le 7 juillet, ce sera les vacances. J’ai des gens qui vont travailler le vendredi, le samedi, le dimanche et s’il n’y a pas de volontaires, j’envisage de décaler leur semaine de travail d’une manière exceptionnelle, en les faisant travailler du mercredi au dimanche, avec deux jours de repos le lundi et le mardi. C’est le seul outil légal dont je dispose — juridiquement, il s’agit une mesure d’ordre intérieur — et c’est le seul moyen d’être sûr d’avoir du personnel.

À quelles difficultés spécifiques êtes-vous confrontés pour organiser ces élections, à la veille des grandes vacances ?

Il faut arriver à trouver des agents volontaires – un volontariat qui a un coût, avec des heures supplémentaires, des frais de déplacement… Tout d’abord, après les élections européennes, c’est difficile de les motiver encore pour deux dimanches supplémentaires. Ensuite, dans les Landes, entre fin juin et fin août, c’est la période des ferias et beaucoup d’agents partent en congé. Chaque village organise ses fêtes estivales où les agents, au-delà de s’amuser, travaillent souvent, comme serveurs par exemple. Pour éviter d’utiliser les salles de classe, on organise les élections dans les salles périscolaires. Mais les 30 juin et 7 juillet, ce sont les week-end de fêtes d’écoles (il y en aura trois le même soir à Saint-Paul-lès-Dax, le 28 juin), et les salles périscolaires ne seront pas disponibles. Sans compter les nombreux événements associatifs qui ont lieu à cette période, avec les repas de fin d’année.

Propos recueillis par Martine Courgnaud – Del Ry

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