Insertion des jeunes : le service civique promis à un nouvel élan

Publié le 24 juillet 2020 à 11h20 - par

Face aux difficultés rencontrées par les jeunes, durement impactés par la crise économique et sociale, le gouvernement parie notamment sur le service civique, un volontariat de plusieurs mois auprès d’associations ou de services publics, dont le nombre de bénéficiaires devrait quasiment doubler d’ici à 2021.

Insertion des jeunes : le service civique promis à un nouvel élan

« J’avais du mal à savoir ce que je voulais faire, j’avais pas trop confiance en moi, et on m’a montré que je pouvais y arriver » : Abdallah, 21 ans, vient de terminer une mission de service civique à Besançon, auprès de l’association Unis-cité.

Pendant six mois, ce titulaire d’un DUT « Technique de commercialisation » a participé à plusieurs chantiers de solidarité, allant de la distribution alimentaire avec les Restos du cœur à des cours de français pour étrangers ou la réalisation d’un documentaire associatif pour les réfugiés arrivant en France.

« J’ai appris à gérer un groupe, parler en public, mener des projets. J’en sors renforcé, plus en phase avec moi-même », témoigne à l’AFP le jeune homme qui a décidé de poursuivre ses études en intégrant à la rentrée une classe préparatoire aux grandes écoles de commerce.

Souvent en binôme, il a aussi appris à travailler en équipe, notamment avec Farah, 24 ans, arrivée de Palestine il y a deux ans.

« Le service civique m’a permis de m’intégrer et mieux parler français, mais aussi de consacrer du temps aux autres tout en étant moi-même soutenue », résume cette volontaire qui débutera une licence d’informatique en septembre.

Créé en 2010, ce dispositif permet d’effectuer une mission d’intérêt général dans les domaines de la solidarité, de l’environnement, du sport ou de la culture, indemnisée mensuellement 580,62 euros net (100 euros de plus pour les plus précaires). Environ 80 % ont lieu dans des associations et 20 % dans des services de l’État, établissements publics ou collectivités territoriales.

En dix ans, 435 000 jeunes de 16 à 25 ans (30 ans pour une personne handicapée) ont effectué une mission de six à douze mois, dont 140 000 l’an passé.

Trois candidats pour une offre

Dans son discours du 14 juillet 2020, Emmanuel Macron a annoncé que 100 000 places supplémentaires seraient financées d’ici à 2021, soit un quasi-doublement des bénéficiaires annuels.

« Nous le faisons pour notre jeunesse, pour lui permettre d’acquérir des compétences, de mettre un pied dans l’emploi, mais aussi de faire un travail très utile dans cette période, soutenir les associations », a-t-il fait valoir mercredi 22 juillet lors d’un déplacement à Chambord, à la veille de la présentation d’un plan gouvernemental baptisé « un jeune, une solution ».

« L’objectif est de proposer 20 000 missions en plus d’ici à la fin de l’année et 80 000 en 2021 », détaille à l’AFP Béatrice Angrand, présidente de l’Agence du service civique, se disant « confiante » sur l’atteinte de l’objectif.

« Ni un bénévolat, ni un emploi », le service civique peut être « une alternative en attendant d’aboutir dans son projet d’emploi, car le volontaire s’engage pour une cause, il est indemnisé et bénéficie d’un tutorat et d’une formation civique et citoyenne », poursuit-elle.

Si ce dispositif est « aujourd’hui réactivé », c’est parce qu’« il a fait ses preuves », défend Mme Angrand. « C’est une boussole, un tremplin. Près de 75 % des volontaires sont en emploi ou en formation 4 à 8 mois après cette expérience ».

Depuis sa création, le service civique a toujours eu moins de missions proposées que de candidats intéressés – environ trois pour une offre – et nombre de structures attendaient des moyens supplémentaires pour en accueillir davantage.

« Ce n’était pas dans les priorités, mais la crise a permis de revoir cela et d’investir davantage dans ce qui marche pour les jeunes », estime Marie Trellu-Kane, présidente d’Unis-cité, pionnière du dispositif.

Pour Mme Trellu-Kane, qui constate que les jeunes sont encore plus nombreux à solliciter un service civique depuis la crise sanitaire, « le potentiel de développement des missions est énorme ».

Toutefois, il faudra « rester vigilant à leur qualité, pour qu’elles ne soient pas des emplois au rabais, et à leur durée pour qu’elles ne soient pas raccourcies et disposent d’un temps de formation suffisant pour le volontaire », avertit-elle.

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