L’école planche pour éviter que la pauvreté n’entrave la réussite scolaire

Publié le 15 octobre 2015 à 16h46 - par

Laisser les élèves faire leurs devoirs au lycée, former les professeurs à détecter les signes de pauvreté : la communauté éducative s’est réunie mercredi pour voir comment concrètement éviter que pauvreté ne rime avec échec scolaire.

enfant pauvre

Il s’agit de décliner sur le terrain les recommandations du rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire » remis en mai par l’inspecteur général de l’Éducation nationale Jean-Paul Delahaye, lui-même issu d’un milieu modeste et qui s’était hissé jusqu’au poste de numéro deux du ministère. « En abordant cette question de la réussite pour tous (…), on se voit très fréquemment opposer des contre-exemples », comme « tel élève dans une situation de précarité extrême a réussi un parcours brillant », a relevé la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem. Ces contre-exemples sont « malheureusement surtout convoqués pour ne rien changer », a-t-elle déploré lors de ce séminaire qui réunissait à Paris des cadres de l’Éducation nationale de toutes les académies, des parents d’élèves et des directeurs d’Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé).

Le lycée Le Corbusier d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), dont les élèves réussissent bien mieux que leurs origines ne les y prédestinent, a été montré en exemple. « On est les spécialistes de ça, on est pauvres et on a réussi », a clamé une ancienne élève, devenue étudiante en médecine. Avec de grandes fratries dont il faut s’occuper, du bruit à la maison, difficile de travailler, a-t-elle expliqué. « Chez nous, c’est impensable d’acheter une calculette à 100 euros. »

Mais ce lycée permet aux élèves de rester tard le soir pour y travailler, propose des calculettes « bradées », des cours en petits effectifs, des sorties culturelles gratuites. Et les plus forts aident les plus faibles. Le proviseur Didier Georges essaye de sensibiliser les enseignants aux conditions de travail à la maison. Il évoque une élève qui faisait ses devoirs dans la salle de bains, avec pour seule table la machine à laver qui tournait en permanence avec six personnes vivant dans 20 mètres carrés. En revanche, « quand ils sont en classe », les élèves « sont égaux dans les conditions de travail ».

Le lycée a aussi lancé une collecte des mythes des cultures d’origine des parents, qui devenaient ainsi capables de transmission, a relevé une enseignante de philo.

La ministre a elle notamment décidé d’augmenter les fonds sociaux de 40 % en deux ans, d’allonger les délais pour demander une bourse du collège, jusqu’aux vacances de la Toussaint, et de former les enseignants à cette problématique.

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