Vers un pass culture généralisé pour aller chercher les jeunes éloignés

Publié le 19 novembre 2020 à 7h30 - par

Le pass culture, forfait d’offres culturelles que 115 000 jeunes de 18 ans ont déjà téléchargé sur leur portable, devrait être généralisé, mais aussi revu afin de mieux atteindre les jeunes éloignés de la culture.

Vers un pass culture généralisé pour aller chercher les jeunes éloignés

Selon ce dispositif lancé en 2019 dans 14 départements pilotes, les inscrits disposent d’un crédit de 500 euros sur deux ans (au lieu d’un an initialement), pour puiser dans une série de propositions, en numérique ou géolocalisées près de chez eux.

59 millions d’euros ont été budgétés en 2021 pour sa généralisation (contre 40 millions en 2020), alors que tous les secteurs sinistrés de la culture se battent pour des aides en période de confinement.

La généralisation touchera 810 000 jeunes, selon l’Insee.

Le pass permet de géolocaliser les offres culturelles proposées. « Cela génère un ruissellement qui vient soutenir les acteurs de proximité en temps de crise » comme les libraires, relève auprès de l’AFP Damien Cuier, président de la SAS Pass Culture.

Après près d’un an et demi d’expérimentation, des bilans ont cependant montré que seuls 150 des 500 euros sont dépensés en moyenne.

« Nous réfléchissons à modifier ce montant qui passerait à 300 euros. J’ai proposé de nouvelles orientations afin de permettre une généralisation », avait annoncé récemment la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.

Preuve de l’intérêt qu’il suscite chez des jeunes, sur 135 000 potentiellement concernés dans les 14 départements pilotes, 115 000 se sont inscrits. Et ils ont effectué 650 000 réservations, soit six en moyenne par personne.

« La principale critique faite lors du lancement est que les jeunes allaient se ruer sur les offres payantes pour consommer et même les revendre. Ce n’est pas ainsi. Ils ont une attitude responsable et recourent aux offres gratuites », déclare à l’AFP Aurore Bergé, présidente déléguée du groupe LREM à l’Assemblée.

Des volontaires du service civique

Contrairement à ce qu’on pouvait craindre, sur les 650 000 réservations, 76 % sont allées à des biens et activités et 24 % seulement à des produits numériques. Par exemple, les livres, catégorie en tête des réservations (55 %), sont à 95 % des livres physiques. Sur le site, le « clic and collect » des libraires est mis en valeur.

Mais, sans surprise, les utilisateurs ont été à 91 % des étudiants ou lycéens, contre 9 % seulement des actifs, apprentis, demandeurs d’emplois. C’est là que le bât blesse.

Pour Aurore Bergé, le pass « ne sera une réussite que si on assure l’entraînement à la culture tout au long de la scolarité, dans les temps scolaires » avant 18 ans. Et c’est pourquoi, dit-elle, le dispositif est aussi du ressort du ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.

La SAS Pass Culture tente de nombreuses expériences pour rencontrer des jeunes éloignés de la culture : des partenariats avec les programmes Eloquentia, destinés à favoriser l’expression orale des jeunes, ou des expérimentations dans les écoles de la deuxième chance.

En Bretagne, des volontaires du service civique sont employés par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) pour déployer le pass Culture dans les lycées professionnels ou agricoles. Des volontaires pourraient être embauchés dans toutes les DRAC avec la généralisation du pass.

« Certains jeunes croient que « c’est une arnaque », disent « la culture, c’est pas pour moi ». Pour les y faire venir, ils doivent trouver sur l’application ce qu’ils cherchent, mais ce ne doit pas être une simple plateforme de marché comme une autre : il faut leur tracer un itinéraire structurant pour leur faire découvrir des champs nouveaux », estime M. Cuier.

La page d’accueil a été retravaillée pour être plus fluide. Dès qu’un jeune l’ouvre, des offres imagées se présentent, gratuites (15 % des offres) ou payantes. Le nombre d’offreurs culturels a été multiplié par trois en un an. Et la page est constamment « éditorialisée », relève M. Cuier, avec la mention d’évènements spéciaux, comme des séances de signatures ouvertes aux détenteurs du pass.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2020