À Marseille, une crise du logement et des humains « abîmés »

Publié le 17 février 2023 à 10h50 - par

Des gens qui restent dans la rue, « cassés, abîmés et sans solution d’accueil », des hébergements d’urgence qui s’éternisent, accentuant la souffrance de la précarité : à Marseille, le manque de logements sociaux a des conséquences dévastatrices, alertent associations et autorités.

À Marseille, une crise du logement et des humains "abîmés"
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En 2019, dans la deuxième ville de France, 14 075 personnes se sont retrouvées en situation d’être sans abri, selon une enquête approfondie d’ASSAb, réseau regroupant associations et différentes institutions dont l’Agence régionale de Santé.

Quatre ans plus tard, « il y a une montée du sans-abrisme, on voit des publics à la rue qu’on ne voyait pas avant, même des femmes avec des enfants », indique à l’AFP le directeur de la Fondation Abbé-Pierre pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Francis Vernede.

À Marseille, hors Dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile, le nombre de place d’hébergement d’urgence a pourtant « été multiplié par plus de deux depuis fin 2019 avec 5 686 places mobilisables aujourd’hui contre 2 448 en 2019 », souligne la préfecture, qui paie notamment des nuitées hôtelières.

« Mais tout est saturé », déplore Jocelyne Bresson, directrice de l’Armée du salut à Marseille, qui tente d’ouvrir des places supplémentaires en « écartant les murs » des centres d’hébergement d’urgence de l’association. « On voit des gens cassés, abîmés dans la rue », se désole-t-elle.

Quant aux personnes mises à l’abri – une obligation pour l’État, notamment pour les familles avec enfants -, elles restent parfois des mois et des mois dans une chambre d’hôtel, faute d’accès à un logement-relais ou un logement social.

« L’urgence se pérennise », déplore l’Armée du salut, qui a mis à disposition un camion-cuisine pour que ces familles hébergées à l’hôtel puissent manger plus sainement et retrouver un semblant de vie normale. Elle ouvrira aussi mi-mars un centre spécial pour familles avec enfants.

« Tout cela est la conséquence de la crise du logement et du manque de logement social à Marseille et dans toute la région », analyse M. Vernede. « L’urgence est réelle » et « menace la cohésion sociale », avait martelé en novembre Christophe Mirmand, préfet de la région Provence-Alpes Côte d’Azur, une des régions où de nombreuses villes ne respectent pas le quota de logement social imposé par la loi.

« Nous disons à l’État, aux collectivités, il faut investir véritablement sur le logement, au final cela évitera une partie des coûts et des souffrances de l’hébergement d’urgence », plaide M. Vernede.

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