Déconfinement : les associations prônent 15 mesures d’urgence pour les sans-abri

Publié le 29 mai 2020 à 11h48 - par

Les 37 associations du Collectif des associations unies invitent le gouvernement à changer d’échelle pour mettre fin au sans-abrisme.

Déconfinement : les associations prônent 15 mesures d’urgence pour les sans-abri

Les 37 associations du Collectif des associations unies (CAU) ont accueilli positivement la décision du gouvernement de prolonger jusqu’au 10 juillet 2020 la trêve hivernale des expulsions locatives. Cependant, si les personnes sans-domicile et mal-logées ont ainsi gagné quelques semaines de répit…, « le problème restera entier dès le mois d’août », prévient d’ores et déjà le Collectif. Selon lui, il est donc « essentiel » de poursuivre l’effort engagé depuis le début de la crise sanitaire « pour éviter d’ajouter de la misère et de la détresse à la crise économique et sociale majeure qui se profile ». Le plan de relance que doit présenter le gouvernement « doit être l’occasion d’un changement d’échelle pour mettre fin au sans-abrisme et réduire le nombre de ménages mal-logés », estiment les associations. Et ce, en fixant des objectifs ambitieux en termes de sorties de rue, de bidonville, de squat, d’orientation de l’hébergement vers le logement, de production de logements très sociaux et de logements accompagnés, de rénovation de logements indignes et énergivores…

« Pour que demain ne ressemble pas à hier », le Collectif des associations unies a donc proposé, le 20 mai 2020, « 15 mesures à adopter d’urgence ». Au programme :

  • S’engager à ce qu’il n’y ait aucune remise à la rue sans solution et au respect de l’inconditionnalité de l’accueil : nécessité de prolonger le plan hiver et les réquisitions d’hôtel et locaux vacants durant toute l’année 2020. Les associations demandent au gouvernement de déployer des plans territoriaux permettant une évaluation de la situation sociale de chaque personne sans domicile, en activant des plates-formes d’accompagnement des ménages à l’hôtel, dans chaque structure d’accueil et pour les personnes rencontrées via les maraudes, afin de proposer à chaque ménage la possibilité d’ouvrir ses droits sociaux, de déposer une demande de logement social, un recours DALO (Droit au logement opposable) ou une demande de titre de séjour.
  • Négocier avec les hôteliers pour prolonger les places mobilisées ou réquisitionnées, avec un accompagnement social et un accès au numérique.
  • Accélérer la résorption des squats et bidonvilles, en métropole et dans les territoires d’outre-mer, en augmentant le budget dédié à cette action et en engageant au plus vite des projets d’insertion concertés avec les ménages. Dans l’attente, il convient de sécuriser les sites, permettre l’accès à l’eau potable, à des dispositifs sanitaires, à l’hygiène, à l’alimentation et au ramassage des ordures pour toutes les personnes vivant en squats et en bidonvilles.
  • Faciliter, via une instruction aux préfets, l’accès à un titre de séjour des personnes en situation administrative précaire, afin de leur permettre de rechercher un emploi et un logement.
  • Élaborer une stratégie de dépistage systématique en faveur des personnes précaires dans tous les lieux de vie : centres d’hébergement, hôtels, foyers, squats, campements, aires d’accueil…
  • Supprimer le délai de carence de 3 mois pour l’accès à la protection universelle maladie (PUMA) des étrangers et pour l’accès à l’aide médicale de l’État (AME) des personnes en situation irrégulière.
  • Relancer un plan d’humanisation et d’adaptation des centres d’hébergement et des accueils de jour.
  • Accroître et poursuivre les distributions de chèques services a minima jusqu’à la rentrée scolaire de septembre 2020.
  • Créer un fonds national d’aide à la quittance pour aider les locataires qui rencontrent des difficultés pour leurs loyers et leurs et charges et prolonger la trêve des expulsions jusqu’à la fin de la crise sanitaire et sociale.
  • Revaloriser immédiatement les aides personnalisées au logement (APL), annuler les coupes de 5 euros et les désindexations et rétablir l’APL-accession.
  • Faire du déconfinement un accélérateur du Logement d’abord, via l’accompagnement de toutes les personnes sans-domicile ou hébergées, le développement du logement accompagné, des pensions de famille et des résidences sociales.
  • Doubler le nombre de territoires de mise en œuvre accélérée du Logement d’abord et des programmes Un Chez soi d’abord.
  • Investir massivement dans le logement à vocation sociale, notamment en finançant 150 000 logements sociaux par an, dont 60 000 prêts locatifs aidés d’intégration (PLAI) sous plafonds APL. Le Collectif préconise un retour de l’État dans le financement des aides à la pierre et un renoncement à la réduction de loyer de solidarité (RLS), mais également une mobilisation accrue du parc privé à vocation sociale via le conventionnement de 40 000 logements ANAH par an, grâce à un crédit d’impôt attractif tout en privilégiant les loyers très sociaux et le mandat de gestion.
  • Étendre la garantie Visale (caution gratuite couvrant les impayés) et, au-delà, travailler à la mise en place d’une véritable Garantie universelle des loyers.
  • Rehausser sensiblement l’ambition des politiques de lutte contre l’habitat indigne et de rénovation des passoires énergétiques.

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